Francois (Paul-Auguste) BECHET – 1915-1940

Un vivant jusqu’au bout.

«La maladie continue son œuvre sournoise et l’état du Fr.François exige un
régime alimentaire soigné. Pourtant le choix prescrit par le docteur et par
le malheur des temps n’est sont pas varié: des pommes de terre ou des pâtes
à l’eau… Il y fait toujours bon accueil, trouvant que c’est très bien.
Lorsque ses forces le lui permettent, Fr. François dirige a Lorgues le
cinéma qu’il a
créé et qui se tient dans la maison des Oblates. Il a réussi à se procurer
deux appareils, malgré le prix dérisoire des places. Il donne à notre
maison la primeur des films. En 1938, il réussit à convaincre le curé de
réparer les orgues de l’église et à accorder en un mois les 50 jeux de
l’instrument qui se
trouvait dans un état pitoyable. L’évêque, Mgr Simeone, venu pour la
confirmation l’a
félicité publiquement et, s’adressant au maire radical de la commune, lui
dit en plaisantant qu’il a dans le Fr. François un dangereux concurrent
pour les prochaines élections! C’est encore le Fr. François qui a rétabli
la procession du Saint-Sacrement sur la butte de Saint-Ferréol, moyennant
cinq reposoirs, ce qui a décidé le maire à
remettre la route en état … ».

Du Fr. Cyprien Garcin.

Religieux de la Province de Paris.

Une vocation de la Bonne Presse.

Paul est né à Paris le 4 septembre 1915. C’est à Douvres-La-Délivrande (Calvados) qu’il fait ses études primaires avant de rejoindre la maison des vocations d’aînés à Saint-Denis de 1931 à 1934, sous la direction du P. Didier Nègre. Par l’intermédiaire du P. Ambroise jacquot auquel il sert la messe à la rue François 1er, il connaît l’Assomption et travaille quelque temps à l’œuvre de la Bonne Presse comme employé. Noté comme élève artiste, appliqué, de bon caractère, farceur et de joyeuse compagnie, il est adressé au P. Albert Devynck maître des novices aux Essarts (Seine-Maritime) en 1934. Admis comme religieux le 3 octobre 1935 sous le prénom de François, il sait utiliser ses dons pour dessiner des décors de théâtre, orner les reposoirs et animer des séances de cinéma au bénéfice des patronages. Il voue une grande admiration à la petite Thérèse de Lisieux dont il ne cesse de lire et de relire la vie, en adoptant comme chemin de vie la voie de l’enfance spirituelle. C’est pourquoi d’ailleurs il demande et obtient pour lui-même et ses compagnons la faveur de prononcer ses premiers vœux le 3 octobre 1935 entre les mains du P. Léonide Guyo. Malgré une santé précaire, il rejoint le scolasticat de Scy-Chazelles pour commencer des études de philosophie qu’interrompent fin 1935 une crise d’appendicite, une péritonite et un état de fatigue préoccupant. Ces épreuves de santé, ainsi que le décès prématuré de sa mère, n’entament pas sa joie de vivre et cet humour souriant qui le conduit à former avec le P. Louis-Robert Brassart et le P. Marie-Emile Ladret une ‘association des Patraques Assomptionnistes’ dont ils se disputent volontiers la présidence. Cependant ses supérieurs, inquiets de la persistance de son état de faiblesse,

Notices Biographiques A.A Page : 191/191 l’adressent à la maison de repos de Lorgues (Var) en juillet 1936. Il garde confiance malgré les différentes épreuves qui l’affectent: le décès du P. Léonide Guyo qu’il tient pour son ‘vrai père spirituel’ après le P. Ambroise jacquot, le deuil de son frère, mort accidentellement de noyade, qui lui rend pénible la situation créée pour sa famille au moment même d’une de ses visites à Lorgues. C’est là qu’il prononce ses vœux perpétuels le 6 janvier 1939. Il tient à faire imprimer sur l’image souvenir le texte de Saint Jean qui lui sert de devise: ‘Et nous, nous avons cru à son amour’ Jn 4, 16.

Le témoignage d’un don généreux de sa vie.

Bien qu’il n’ait pas été épargné par les épines de la vie, depuis son enfance, le Frère François a toujours gardé confiance et foi, suivant l’exemple de Thérèse de Lisieux, en l’amour miséricordieux de Dieu: c’est ainsi qu’il écrit en 1937 à son condisciple de Scy-Chazelles, le futur P. Santu:

« La santé n’est pas des plus brillantes. Je pense donc à me reposer et, bien plus, à en profiter pour me rapprocher de Jésus-Christ qui reste parmi les orages et les épreuves ma consolation et mon espérance. Je ne crains pas de vous demander, cher ami, le secours spécial de votre prière, non pour que les épreuves finissent, mais pour que je sache les utiliser pleinement et n’appartenir qu’à Lui, que j’apprenne à me sanctifier pour les intérêts de l’Eglise. Que notre cœur doit être grand en effet! Si un païen a pu dire: ‘Que rien de ce qui est humain ne le désintéressait, alors combien plus, nous qui par état sommes médiateurs, devons-nous élargir notre cœur à la mesure du monde pour l’offrir à notre Dieu. Quel immense horizon! Mais priez pour que je sache assez m’oublier et que Dieu me permette de le réaliser. C’est le vœu ardent de son cœur et c’est pourquoi j’ai confiance … ».

Après plus de quatre ans de maladie continue, Fr. François rend l’âme le 30 décembre 1940 à Lorgues où il est inhumé.

Page : 192/192

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la dispersion 1941, n° 835, p. 201-204 et n° 837, p. 218. Les renseignements fournis sur ce religieux frère de chœur sont dûs, presqu’en totalité, au P. Tarcisius Santu, son condisciple à Scy-Chazelles, et au P. Didier Nègre, son supérieur à Saint-Denis.