Francois (Victor Ernest) MATHIS – 1860-1934

Dispositions en mission. « Je n’ai pas pu vous adresser plus tôt le mot que
vous m’avez demandé. Il faut bien dire que d’avoir à traiter une telle
question m’est une souffrance, et on n’est jamais pressé de souffrir! Je ne
sais pas sortir
de cette idée très simple. Notre Seigneur nous a faits enfants d’une même
famille; dès lors il est bien évident qu’Il veut que nous agissions
fraternellement, dans une véritable communauté de vues, d’action,
d’apostolat, et
mê,me jusqu’à un certain point d’intérêts matériels. Mais je n’insiste pas
puisque cela vous fait de la peine et j’en viens à la question. ce sera
bien simplement pour vous dire ce que vous savez déjà. En Angleterre, une
aumônerie quand elle est complète se rétribue 150 livres par an. S’il y a
oeuvre paroissiale en plus, c’est un travail que les paroissiens
reconnaissent tout spécialement par les quêtes régulières. Voilà la
situation normale, quand il n’existe pas de raisons de modifier ces
conditions. Je vous laisse juge d’en décider. Pour moi j’avais toujours
pensé que les quêtes régulières pourraient suffire à
mettre tout le monde d’accord, tout en donnant aussi satisfaction aux
paroissiens. Sur ce point vous ne pensez pas comme moi et je n’insiste pas
».

Religieux de la Province de Paris, supérieur de la mission d’Angleterre (1906-1923), assistant provincial (1923-1932).

Un religieux de confiance.

Victor Ernest Mathis est né le 25 novembre 1860 à Biderstroff, en Moselle. Après l’annexion de la Lorraine par le Reich, il obtient un permis d’émigration en 1877 et vient à Paris exercer le métier d’aide-boulanger chez des parents établis dans la capitale. Il aspire à la vie sacerdotale et a reçu dans son village des rudiments d’initiation à la langue latine par son curé. Il lie connaissance avec une Petite Sceur de l’Assomption native de Biderstroff qui le met en relation avec le P. Pernet. Ce dernier le fait admettre, malgré ses 18 ans, à l’alumnat de Clairmarais (Pas-de-Calais) où, en 4 ans, (1878-1882), Victor Ernest, rebaptisé Jean, comble son retard scolaire. En juillet 1882, ‘Jean’ gagne le noviciat d’Osma en Espagne. D’allure plutôt grave, le jeune homme se fait remarquer par son sérieux, sa piété, sa distinction et sa simplicité. Il prend l’habit le 6 août 1882, sous le nom de Frère François. Il est du groupe de novices qui accomplissent à pied le pèlerinage jusqu’à Saint- jacques de Compostelle dans l’été 1883. Profès annuel en 1883, il prononce ses vœux perpétuels le 15 août 1884 et aussitôt après part pour l’Orient. Il séjourne d’abord à Karagatch où il se dévoue durant trois ans (1884-1887) dans l’enseignement, tout en faisant ses propres études théologiques. Le 9 janvier 1887, il reçoit à Constantinople le sacerdoce des mains de Mgr Testa. Quelques mois plus tard, il est chargé à Koum-Kapou d’un petit séminaire en formation. C’est l’époque où l’Assomption, grâce à de nombreux stratagèmes, à des aménagements et à des dé’ ménagements nocturnes, réussit à acquérir un immeuble propre après quelques installations de fortune dans ce quartier musulman. En 1890,

le P. François se transporte avec son petit séminaire à Phanaraki, sur l’autre rive. En 1891 il revient à Koum-Kapou, cette fois comme supérieur, jusqu’en 1895. A cette date il est désigné pour prendre la succession de l’orphelinat du P. Halluin, décédé. Il a à cœur de maintenir et de développer cette couvre selon les traditions établies par son fondateur. En 1898, il devient supérieur de l’alumnat de Taintegnies en Belgique. Mais au bout d’une année, agréé par l’autorité diocésaine de Paris comme Supérieur ecclésiastique des Petites Sœurs de l’Assomption qui viennent de perdre le P. Pernet, il fait partie de la communauté de la rue François ler. Viennent les procès et la dissolution de la Congrégation. Le P. François vit toujours à Paris, en isolé, en attendant de pouvoir s’installer chez les Petites Sœurs à Grenelle. Durant 7 ans, il exerce auprès d’elles une action profonde, faisant aussi bénéficier de son ministère les Religieuses de l’Assomption d’Auteuil.

Mission anglaise.

En 1906, le P. François Mathis est choisi par le P. Emmanuel Bailly comme supérieur commun des maisons et oeuvres assomptionnistes en Angleterre, qu’ont mises en place depuis 1901 les Pères Laity et Gélase Uginet. Il réside 17 ans à Londres, sans pouvoir apprendre correctement la langue. Avec le titre de curé, il fait bâtir l’église de Bethnal Green, le prieuré dans lequel il établit un alumnat et plus tard une école paroissiale. En 1923, la Congrégation est constituée en Provinces. Le P. François devient le premier assistant de la Province de Paris, charge qu’il remplit jusqu’en 1932. Il relève à peine de graves ennuis de santé. Supérieur local de la maison de javel, il se consacre au ministère paroissial, notamment à la visite des malades du quartier. En 1929 on doit le forcer à prendre un peu de repos, en Angleterre d’abord, puis à Menton (Var). Vers Noël 1933, il doit cesser toute activité et se laisser soigner. Sa vie n’est plus qu’une prière continuelle en attendant l’heure du grand passage. Le soir du 16 mai 1934, il s’endort du sommeil de l’éternité, dans l’année de ses 74 ans. Il est inhumé dans le caveau de l’Assomption au cimetière de Montparnasse.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1934, no 525, p. 113-114; no 530, p. 161-168; n 531, p. 169- 175; no 534, p. 193-208; no 538, p. 233-240; no 540, p. 249-256. L’Assomption 1934, no 401, p. 596-597. Le Passeur (bulletin de St Christophe de Javel), no juin 1934 supplément 3, p. 6-7 et 1954, no 48, p. 12-14. Lettre du P. François Mathis à Mère Myriam Franck, Londres, 15 mars 1909. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Dans les ACR, du P. François Mathis, correspondances (1884-1932), rapport sur Arras (1898), sur les Petites Soeurs de l’Assomption (1906), sur Bethnal Green (1907-1913), sur Paris quai de Javel (1926-1928).