Frans (Fransciscus) PEETERS – 1914-1993

Plaidoyer. « Le Frère Frans Peeters est pour moi un cas embarrassant mais
qu’il faut trancher. Malgré de sérieux défauts auxquels ont déjà fait
allusion les rapports antérieurs, il y a chez ce religieux des qualités
remarquables dont son passé fait foi. S’il était refusé aux vœux
perpétuels, je crains qu’il ne devienne une épave dans le monde. Porté par
nature à la piété et au dévouement, il ne pourra de nouveau s’adapter à la
seule vie civile. Je sais bien que ce n’est pas un motif suffisant pour
entrer dans la vie religieuse, je sais aussi qu’il ne suffit pas d’avoir
pitié de quelqu’un sans se poser la question de savoir si nous devons nous
charger d’un fardeau pour l’avenir. Mais je trouve qu’il y a chez lui une
grande piété, qu’il aime la prière, qu’il recherche le recueillement et
qu’il conseille de façon surnaturelle ceux qu’il touche. Il y a chez lui un
dévouement d’une rare qualité et même sans bornes. Il fait parfaitement la
cuisine, économise, entretient le linge de façon impeccable, fait les
petites réparations, coud à la machine, répare les souliers. Comme
infirmier, il sait soigner les malades, les laver et les prendre mieux
qu’une infirmière. Il procure des aumônes à la maison, mais n’est pas
discret ».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Belgique-Nord. Un passé de résistant. Frans Peeters, né à Bornem en Belgique, dans l’archidiocèse de Bruxelles-Malines, le 3 novembre 1914, est le deuxième d’une famille nombreuse qui comptera neuf enfants. Ayant achevé l’école primaire à Bornem chez les Frères d’Oostakker, il travaille successivement dans l’entreprise familiale, puis dans une malterie, enfin dans une industrie métallurgique. Pendant la deuxième guerre mondiale, il s’engage comme bénévole au ‘Secours d’hiver’, une action pour aider les gens victimes de la faim. Inculpé injustement de fraude, il est condamné à une peine de prison. Là il rend service à tout le monde. A cause de sa conduite exemplaire, le directeur de la prison lui demande après sa libération de continuer à travailler à la prison comme gardien. Il accepte cette fonction. Frans aide les prisonniers, sort en cachette des lettres de détenus, mendie de la nourriture qu’il leur fait parvenir discrètement. Le 2 juin 1944, aidant des prisonniers à s’évader, il est pris en flagrant délit. Il est emmené prisonnier dans un camp de concentration à Weimar en Allemagne. Après la guerre, Frans s’engage comme cuisinier bénévole dans un orphelinat. C’est là qu’il fait la connaissance des Assomptionnistes et il entre dans la Congrégation en 1948 à l’ âge de 34 ans. Une Intégration difficile. C’est à Taintegnies où il a fait son noviciat que le Frère Frans prononce ses premiers vœux le 29 septembre 1949 comme frère coadjuteur. Certes ses qualités naturelles, son âge et son expérience le rendent précieux dans une vie commune, mais ils ne peuvent par contre masquer ses défauts qui sont réels et qu’il reconnaît loyalement lui-même, celui surtout de manquer de discrétion, de parler à tort et à travers, A.A d’être parfois violent et de tout ramener à lui. Année après année, ce sont les mêmes choses qui lui sont reprochées et qui font différer sa profession perpétuelle. Après cinq professions temporaires, le P. Stéphane Lowet appuie sa demande écrite d’une intégration définitive. Le Frère Frans prononce ses vœux perpétuels le 4 octobre 1953. Pendant 40 ans, ses supérieurs font appel à lui pour tous les services possibles: cuisine, travail d’entretien, aide-soignant de malades et de frères âgés, jardinage. Il aime rendre service. En 1965, le noviciat de Taintegnies est fermé et la communauté dont il fait partie est dissoute. Il veut s’engager dans une clinique comme aide-soignant, mais cela n’est pas possible car il ne possède pas les diplômes professionnels requis. Les Frères Alexiens l’acceptent comme homme à tout faire dans leur clinique psychiatrique de Grimbergen. Lorsque les Frères doivent fermer l’institut psychiatrique à cause du manque de personnel religieux et de finances, il trouve un emploi dans la maison de repos du ‘Sacré Cœur’ à Grimbergen. Toute sa vie active se résume en ces quelques mots vécus à la lettre: ‘Par amour pour Jésus-Christ, me mettre au service des personnes en détresse’. A l’âge de la retraite professionnelle en 1979, il devient membre de la communauté de Kapelle- op-denBos. Il y mène une vie de prière régulière, rendant encore d’innombrables petits services, précieux même s’ils passent inaperçus. Il a une dévotion particulière envers la Vierge Marie. Soixante-dix fois il se rend avec des malades en pèlerinage à Lourdes comme aide-soignant et accompagnateur. Les quatre dernières années de sa vie, étant gravement malade lui-même, il se rend au moins par deux fois annuellement en pèlerinage à Lourdes. Il vit chacun de ces déplacements comme une fête de foi exceptionnelle. Ses quatre dernières années sont un vrai calvaire. Atteint d’un cancer, il est hospitalisé à plusieurs reprises. Rester en chambre après une vie très active lui est particulièrement pénible. La solitude forcée lui pèse. Généreux, serviable, généralement optimiste, doué d’une grande force physique qu’il sait mettre au service des autres, habité par l’amour de Dieu et par une dévotion exceptionnelle envers la Vierge Marie, il rend son âme à Dieu le 21 octobre 1993 à l’hôpital de Temse, à l’âge de 79 ans. Il est inhumé au cimetière de Bornem, son village natal.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (V) 1991-1993, p. 125-126. Onder-Ons, december 1993, p. 78-86. Lettre rapport du P. Stéphane Lowet, Bruxelles, 27 aoqt 1953. Notices Biographiques