Fulbert (Auguste-Marcellin) CAYRE – 1884-1971

Un hommage et une reconnaissance étendus.

« Le P. Cayré fut chargé d’enseigner l’histoire de l’Eglise et de la
patrologie, enseignement qu’il assura 33 ans à Louvain, à Lormoy et à
l’Institut catholique de Paris dans la chaire de philosophie patristique,
créée en 1944. Il fut aussi chargé de
conférences à Rome, Louvain, Ottawa et remplit des missions délicates
auprès de l’archevêché de Paris et de la nonciature. Le nom du P. Cayré
reste surtout attaché à deux entreprises essentielles, fruit de son
enseignement et
de l’orientation de ses travaux, la pub1ication d’une Patrologie et
histoire de la théologie, un classique en la matière, et la fondation de
1’Intitut des Etudes Augustiniennes. Il mit à la disposition d’un large
pub1ic l’acquis des spécialistes. Il prit rang parmi les grands
augustinisants et intervint dans le débat qui opposa entre 1920 et 1930 les
représentants des différentes écoles spirituelles
sur les é1éments essentiels de la mystique augustinienne. Il devint le
directeur de la Bib1iothéque augustinienne. Le Pape Jean XXIII tint à lui
rendre hommage en 1962 par une lettre personnelle…».

P. G. Folliet, La Croix, 1971.

Religieux de la Province de Paris. Années de formation.

Auguste-Marcellin Cayré nait le 23 juin 1884, à Mirandol- Bourgnounac (Tarn). Après les études primaires à La Calquère (1889-1892) puis à Bourgnounac (1892-1896), son oncle prêtre lui propose le sacerdoce et le conduit à Notre- Dame des Chàteaux (Savoie) de 1896 à 1900 où il est pris en mains par le P. Théodore Defrance. Le P. Henry Couillaux le reçoit à Brian (Drôme) de 1900 à 1902. C’est à Louvain que le jeune Auguste prend l’habit le 4 octobre 1902 sous le nom de Frère Fulbert. Il prononce ses vœux perpétuels à Koum- Kapou en Turquie le 4 octobre 1904. Il y est professeur, au collège de 1904 à 1906, et au séminaire grec de 1906 à 1908. En août 1908, il gagne Jérusalem pour les études de philosophie et de théologie (1908-1911) qu’il achève à Kadi- Keuï (1911-1912). Il est ordonné prêtre le dimanche 2 mars 1912 par Mgr Sardi. Il commence sa collaboration à la revue des ‘Echos d’Orient’ et en août 1913 lui est confiée la direction du grand séminaire grec, bulgare et arménien de Kadi-Keuï, jusqu’à l’expulsion de novembre 1914. Réfugié à Philippopoli (Bulgarie), il enseigne la théologie à une dizaine de frères empêchés par les événements de rallier un scolasticat. Mobilisé, il arrive à gagner Salonique par le dernier train: ses fonctions sont variées, infirmier, interprète, observateur sur la ligne de feu… En 1918, il arrive à temps pour l’offensive alliée en Macédoine. Démobilisé en mars 1919, il va à Rome décrocher deux doctorats à l’Apollinaire. En maisons d’études, Louvain (1921-1934) et Lormoy (1934-1954). Au hasard des obédiences et des besoins, le P. Fulbert, d’abord nommé comme professeur à Taintegnies, est prié de rejoindre la maison de Louvain pour l’enseignement de la patrologie et de l’histoire ecclésiastique. C’est là qu’il trouve sa voie: il prend conscience d’une véritable mission à réaliser, composer un manuel à l’usage des séminaires, conforme à l’esprit d’une vraie formation cléricale et orientée vers la spiritualité dont Saint Augustin serait le centre rayonnant. Il publie un maître ouvrage, La Contemplation augustinienne. Plus chercheur qu’enseignant, plus écrivain qu’orateur, il est desservi par sa voix au timbre désagréable, par une élocution rapide et saccadée. Il arrive en cours chargé de gros in-folios, mais talonné par l’horaire, il ne peut illustrer son cours par les lectures choisies. Ses étudiants se doutent-ils qu’ils ont la primeur de son futur manuel? En 1932, il est chargé de la direction de la maison d’études: il a la lourde tâche de prévoir le déménagement du scolasticat à Lormoy (Essonne).

Toujours acharné au travail intellectuel et soucieux de stimuler l’ardeur à l’étude, le P. Fulbert institue un diplôme de congrégation et prépare une affiliation de l’institut Missionnaire St Augustin à l’institut Catholiqiue de Paris (1942). En 1938, le P. Fulbert a obtenu d’être déchargé de son supériorat pour se donner à plein à l’œuvre augustinienne. Il lance la revue L’Année Théologique (1940-1953), participe à celle du Sens chrétien (1939-1940),de la Vie Augustinienne (1929-1966?), les Pages du Tiers-Ordre augustinien (1932) et en 1945 devient le premier titulaire de la chaire de Philosophie patristique, enseignement qu’il assure jusqu’en 1955. En 1946, il doit reprendre le supériorat de Lormoy, mais ‘libéré’ dès 1949, il s’entoure d’une équipe de chercheurs sous le titre ‘Les Etudes augustiniennes’. En 1954, il participe activement au Congrès scientifique international Augustinien, tenu en souvenir de la naissance d’Augustin (354). Les Etudes Augustiniennes, nées en 1956, s’installent à la rue François 1er, sur proposition de Mgr Renard, évêque de Versailles, le P. Fulbert accepte de remplir à Soisy (Essonne) la charge d’aumônier-directeur de ‘Eau Vive’, mouvement de formation chrétienne des jeunes gens (1954-1956).

En retraite studieuse à Paris, Denfert-Rochereau (1956-1965).

Lui-même décrit sans son carnet biographique bien tenu à jour le contenu de ces années: e une action sacerdotale normalement réduite, celle d’un professeur honoraire de Faculté , d’assistant provincial actif, puis retraité, enfin de confesseur de service ». De 1951 à 1958 le P. Fulbert est en effet second assistant de la Province de Paris; en 1963-1964, il assume la charge de supérieur local et il s’adonne, dans la chapelle de Denfert, au ministère de la confession. Il continue à travailler intellectuellement, à fournir études et articles. Il vit ensuite retiré à Lormoy (1965-1966), puis à Chanac (Lozère) à partir de juillet 1966, peu affecté par le mouvement changeant des idées et le recul déjà sensible de sa pensée. En 1957, le P. Fulbert a été nommé membre de l’Académie Pontificale (domaine de théologie). En 1966, valide physiquement, mais amoindri dans ses possibilités de travail, il mène la vie d’un religieux au repos à Chanac. A partir d’octobre 1969 sa mémoire faiblit, il s’égare dans la campagne à deux reprises incapable de retrouver sa route. Il arrive même à perdre conscience de ses faits et de ses paroles, tenant la nuit d’inépuisables soliloques et troublant le repos de ses confrères par des rondes inlassables. Il est hospitalisé à Saint-Alban le 19 août 1971 où il meurt le samedi 23 octobre 1971. Les obsèques sont célébrées en l’église paroissiale de Chanac le lundi 25 octobre. Le corps est inhumé au cimetière des Vals, dans le caveau de la communauté. Le P. Wilfrid Dufault a rendu hommage au P. Fulbert à l’occasion de son jubilé sacerdotal: « La vie religieuse du P. Fulbert Cayré est d’une telle plénitude clans les fruits queue porte, d’une telle conformité à l’esprit d u P. dAlzon, d’un tel rayonnement de ce que l’Assomption a de meilleur que l’on nous saura gré d’en dire notre fierté familiale. C’est le bienfait d’un grand exemple et la preuve que l’Assomption sait mettre au service de l’,Eglise et des âmes, des ouvriers de valeur et des apôtres de haute qualité ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. mars 1972, p. 180-181. Catholicisme t. Il (1949), col. 741. Lettre à la Famille 1963, n° , 351 p. 385-404. A Travers la Province décembre 1971 (supplément). Voulez-Vous? (bulletin de Layrac), 1965, n° 53, p. 22-23. Outre sa correspondance très étendue, le P. Fulbert Cayré est l’auteur de nombreux articles et ouvrages de spiritualité augustinienne et alzonienne. on lui doit notamment un Manuel de Patrologie, réputé en son temps, paru en 1926, Contemplation augustinienne, en 1926, Des Méditations augustiniennes, de 1934 à 1944, Vers l’action avec Saint Augustin, en 1950, Saint Augustin et la vie théologale en 1959. Il est l’un des créateurs de la revue L’Année Théologique. D’autre part on trouve la liste des écrits du P. Fulbert dans Recherches Augustiniennes, 1962, t. 2, p. 1-6 et une notice biographique sur le P. Cayré dans la Revue des Etudes Augustiniennes, 1971, t. 17, p. 201-202.