Religieux français.
Un Ardéchois en Orient.
Régis-Albert Joffre voit le jour à Péreyres (Ardèche), le 1er novembre 1873. Il quitte les montagnes de l’Ardèche pour faire ses études classiques dans les alumnats de l’Assomption: Nice dans les Alpes-Maritimes (1885-1887), Mauville dans le Pas-de-Calais (1887-1889) et Clairmarais, également dans le Pas-de-Calais (1889-1891). D’un naturel plutôt timide, il fait part de son intention d’aller un jour porter l’Evangile dans les champs de mission de l’Assomption. Il prend l’habit, le 14 août 1891, sous le nom de Frère Fulbert, au noviciat de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis). Il achève son temps de noviciat à Phanaraki en Turquie, sur le Bosphore. C’est à Jérusalem où il entreprend toutes ses études ecclésiastiques (1893-1897) qu’il prononce ses v?ux perpétuels, le 1er octobre 1893 et qu’il est ordonné prêtre le 18 décembre 1897. Le P. Fulbert profite beaucoup de son séjour en Palestine pour étudier la Bible et découvrir les principaux sanctuaires de Terre Sainte. Bethléem est son lieu de prédilection. C’est à Sainte-Anne, à Jérusalem, dans la belle église des Croisés, résidence des Pères Blancs, qu’il célèbre sa première messe, là où la tradition situe la naissance de la Vierge Marie. Dès la fin de ses études, le P. Fulbert est envoyé à Varna (Bulgarie), alors petite mission de l’Assomption sur les bords de la Mer Noire. Il se prépare une année au métier de l’enseignement qu’il exerce dans la petite école alors crée par les Religieux. Il donne de nombreuses conférences bibliques et spirituelles à la communauté des Oblates, également établie à Varna. En 1900, nommé supérieur de la communauté, il développe vigoureusement l’école, parvient à louer une maison plus grande pour recevoir d’avantage d’élèves et transformer la petite maison en un véritable collège,
placé sous le patronage de Saint-Michel. Mais en 1901, atteint de tuberculose, il doit mettre fin à ses fonctions. De dures épreuves familiales l’atteignent: une de ses tantes qu’il aime comme une seconde mère et qui s’est beaucoup préoccupée de son éducation, meurt durant l’hiver 1900. Son père lui-même, gravement malade, est extrémisé. Le P. Fulbert peut bénéficier d’un déplacement en France, en juillet 1901, pour revoir et réconforter sa famille. Le 18 septembre, ayant fait tous ses préparatifs, le P. Fulbert s’apprête à gagner Marseille quand il est repris par la maladie. C’est là que la mort le surprend d’une façon subite, le 10 octobre 1901. Il n’est âgé que de 28 ans. Son frère, le P. Régis, alors assomptionniste, peut présider, le vendredi 11 octobre, la cérémonie des obsèques qui ont lieu dans le village natal, à Péreyres, près de Burzet, dans le canton de Largentière.
Une excursion biblique en 1897.
Les étudiants assomptionnistes à Jérusalem, après leurs examens semestriels, s’octroyaient de généreuses promenades archéologiques en Palestine. Le Frère Fulbert donne le récit succinct d’une de ces expéditions en mars 1897: « Sous la conduite du P. Athanase Vanhove, la communauté s’élance joyeusement dans la direction de Jéricho, accompagnée par 5 mulets chargés des provisions et du campement. La route est riche de souvenirs: à l’endroit dit du ‘Bon Samaritain’, s’élève un khan, autrefois malfamé. Nous visitons rapidement la Jéricho d’Hérode et faisons halte sur les bords enchanteurs du oued Kelt avant de rejoindre le monastère de Saint-Jean où nous devons loger. Les religieux avertis de notre approche par des sentinelles placées au sommet de leur terrasse, nous témoignent la joie de notre visite en faisant sonner les cloches. Nos Frères sépares nous déclarent que le couvent nous appartient et nous invitons l’higoumène à notre table. Le P. Germer-Durand nous quitte le 1er mars pour faire le relevé de la carte de Madaba, découverte par les Grecs dans une de leurs églises. Nous gagnons l’antique couvent de Saint-Gérasime et nous faisons la connaissance de M. Gray Hill, le célèbre explorateur du site de Pétra. Le lendemain nous transitons par la laure de Koziba, grâce à un sentier de chèvre en surplomb du oued Keit. Nous sommes reçus avec bonté. Après cinq heures de marche, nous arrivons à Jérusalem, en saluant au passage des solitaires qui vivent en ermites dans des grottes naturelles ou de petites cabanes sur les flancs escarpés de l’oued ».
Bibliographies
Bibliographie et documentation: L’Assomption 1901, n° 59, p. 166. Missions des Augustins de l’Assomption, 1901, n° 66, p. 401-402. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Du Père Fulbert Joffre, dans les ACR, correspondances (1897-1901). Varna dans Missions des Augustins de l’Assomption, 1901, n° 59, p. 301.