Fulgence (Nicolas Auguste) MORIS – 1865-1921

Nouvelles, 1916.
« Peut-être avez-vous déjà appris par les Petites Sœurs que le P. Stéphane
[Chaboud] a été fatigué ces jours derniers. Je viens aujourd’hui vous
annoncer qu’il est presque remis. Un abcès à une dent qu’il a négligé a été
la cause de tout le mal. On a dû arracher cette dent le samedi 19, aussitôt
la fluxion s’étendit et menaça d’envahir la figure et
le cou. Aussi je crus prudent, pour éviter des complications toujours
possibles, de conseiller au Père de s’en aller à l’hôpital Saint-Vincent où
on lui prodiguerait tous les soins nécessaires, ce qu’il fit dimanche dans
l’après-midi. Le lundi le docteur craignant une infection générale lui
ouvrit la joue pour permettre au pus de s’écouler. Depuis ce moment, je
suis heureux de vous le dire, notre malade va de mieux en mieux. Peut-être
que dans deux ou trois jours, il reviendra à la 14ème rue. La santé
générale de la communauté se maintient malgré les rudes chaleurs que nous
venons de subir. Nous continuons toujours de prier pour les intentions que
vous nous avez indiquées, espérant qu’un jour Dieu daignera nous exaucer ».

Fulgence Moris.

Religieux français.

Successeur du P. Brun à New York.

Nicolas Auguste Moris est né le 5 juin 1865 à Val- d’Isère (Savoie). Il fait ses études de grammaire à Notre-Dame des Châteaux (1876-1879) et ses études d’humanités à Alès (Gard), de 1879 à 1881. Il reçoit l’habit au noviciat de Osma des mains du P. Picard, le 21 novembre 1882, sous le nom de Frère Fulgence, et y prononce ses vœux perpétuels le 14 décembre 1884. Quelques jours après, il reçoit la tonsure et les ordres mineurs. Il est envoyé à l’alumnat de Nice (Alpes-Maritimes) où il est professeur pendant deux ans (1885-1887). En 1887, il revient à Osma pour y suivre des cours de théologie et se préparer à ses ordinations. Il s’y fait remarquer par le sérieux de son application, sa lucidité, son goût de la précisons et son intérêt pour la théologie. Il est ordonné prêtre le 21 décembre 1888 et l’année suivante il devient professeur à Osma pendant deux ans (1889-1890) où l’Assomption essaie de développer un collège, essai qui se révèle vite infructueux. En 1891, le P. Fulgence gagne l’alumnat de Mauville (Pas-de- Calais), puis celui de Taintegnies en Belgique (1892). En 1893, il devient professeur et vicaire à Villecomtesse (Yonne). En 1894, il exerce les mêmes fonctions, mais cette fois à Clairmarais. Enfin en 1895, après la mort du P. Henri Brun, le P. Picard envoie le P. Fulgence à New York comme aumônier des Petites Sœurs de l’Assomption. Il y reste 20 ans. Il est le co-fondateur de la paroisse de Notre-Dame de Guadalupe dans la capitale New- Yorkaise en 1902, 14ème rue. De 1896 à 1902 en effet, la paroisse n’existe pas. Les deux ou trois religieux de la communauté vivent dans des appartements loués. Il leur faut déménager de temps en temps à cause de la hausse des loyers ou d’un bail qu’on ne peut renouveler.

Ces changements toujours désagréables ne sont pas sans troubler le P. Fulgence dans son amour de la stabilité. Il se dépense beaucoup pour les nombreux paroissiens des milieux pauvres, espagnols et irlandais, souvent immigrés de fraîche date. Il s’en fait des amis par son calme et son affabilité, par ses conseils toujours marqués au coin de la plus grande prudence, par son assiduité au confessionnal, par sa serviabilité et son inaltérable patience. On peut lui reprocher sa lenteur, ses retards involontaires, son aversion excessive pour tout ce qui paraît nouveau ou encore sa timidité en face d’une initiative à prendre. Ennemi du bruit, des promenades et des excursions, il passe ainsi plus de vingt ans à New York sans connaître la ville, à part le chemin qui conduit aux deux communautés des Petites Sœurs! Tel secrétaire remuant, de passage pour quelques semaines seulement dans la capitale commerciale des U.S.A., en sait plus que lui sur les monuments et toutes les transformations de la ville. En 1919, son état de santé lui impose un repos absolu. Le P. Fulgence est rappelé en France et, après quelques mois passés dans son village natal savoyard, il part pour la maison de San Remo en novembre 1920. C’est là qu’il meurt le soir du 30 juillet 1921, à l’âge de 57 ans dont 37 ans de profession religieuse et 33 de sacerdoce. Son corps repose dans le caveau de l’Assomption à San Remo.

D’une lettre du P. Ferréol, août 1921.

« Tous nous avons pu admirer la patience avec laquelle le P. Fulgence a accepté sa maladie, son impuissance physique à se mouvoir et toutes les conséquences de cette aboulie, suite naturelle de sa maladie et contre laquelle nous cherchions inutilement à le faire réagir, peut-être parfois avec trop d’insistance. Le Père ne nous en voulait pas, il comprenait que nous le faisions pour son bien. A cause de la difficulté qu’il éprouvait à parler et à se faire comprendre, nous n’avons pas pu apprécier toutes les qualités du cher disparu, mais le peu que nous en connaissons suffit à nous faire croire que tous ceux qui ont vécu avec lui ont eu le bonheur de jouir de la compagnie d’un frère au cœur très sensible, délicat et rempli d’une exquise et forte affection ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Notice biographique par le Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du P. Fulgence Moris au P. Emmanuel Bailly, New-York, 26 août 1916. Lettre du P. Ferréol Poux-Berthe au P. Joseph Maubon, Paris, 15 août 1921 dans Nouvelles de la Famille, 1921, n° 415, p. 181-182. Notes et souvenirs sur le P. Fulgence Moris dans Nouvelles de la Famille, 1921, n° 418, p. 201-202.