Gabriel (Laurent) APPEL – 1910-1990

Evocation personnelle à l’occasion du jubilé sacerdotal du P. Gabriel.
Lettre du 12 mars 1964.

« Votre délicate attention à l’occasion de mes 25 ans de sacerdoce m’a
beaucoup touché. J’étais en effet parmi les 27 prêtres ordonnés presqu’à la
veille de la guerre par Mgr Pie Neveu, le 26 février 1939, sous le titre
‘promotion Pie XI’, en souvenir du grand pape qui venait de mourir et qui
aurait dû lui-même célébrer au cours de l’année le 60ème anniversaire de
son ordination
sacerdotale: 1879-1939. Parmi les ordonnés, quelques-uns
font déjà partie de l’Assomption du ciel: les Pères Aloïs Vankemmel, tombé
au champ d’honneur en 1940, Antoine Schneider en 1957, supérieur de Scy,
Emmanuel Suel en 1961. Eux au moins ont trouvé cette stabilité en Dieu que
l’Assomption de la terre ne peut guère donner à ses enfants. Par faveur de
mon nouveau Provincial, je viens
de commencer la septième année d’un deuxième séjour à Scherwiller, après
six affectations. L’occasion d’obéir ne m’a pas manqué.
Pour le moment, je suis un peu professeur, mais surtout prédicateur
occasionnel chargé de maintenir de bonnes relations avec le clergé local

Religieux de la Province de France.

Un curriculum vitae assez chargé.

Laurent Appel est né le 10 août 1910 à Leiling (Moselle). Il fait ses études secondaires à Scy- Chazelles (1926-1928), puis à Miribel-les-Echelles (Isère) de 1928 à 1930. Le P. Marie-Joseph Laity lui donne l’habit à Scy le 12 octobre 1930, après un postulat de trois mois et le P. Savinien Dewaele le forme à la vie religieuse. Il fait profession le 13 octobre 1931 à Nozeroy (Jura). Il étudie la philosophie et la théologie à Scy (1931-1934) qu’il interrompt pour une année d’enseignement à l’alumnat de Saint-Sigismond (Savoie) où il prononce ses vœux perpétuels le 13 octobre 1934. Il se rend ensuite à Lormoy pour achever sa théologie. Il y est ordonné prêtre le 26 février 1939.

Des états de service assez variés.

1939-1943: professeur à Nozeroy, transformé en alumnat; mobilisation dans le service auxiliaire à Lons-Le-Saunier, démobilisation à Cahors le 8 août 1940. 1943-1945: vicaire à la paroisse de La Ginouse de Toulon et aumônier des P.S.A. 1945-1951: professeur de septième à Scherwiller (Bas-Rhin). 1951-1956: recruteur pour l’alumnat de Scy, directeur du chapelet des enfants pour le diocèse de Metz. 1956-1957: en paroisse à Notre-Dame de Rouet de Marseille. 1957-1966: professeur d’allemand, d’histoire et de géographie à Scherwiller. 1966-1977: aumônier de la Visitation à Scy dans la maison Saint-Jean qui fut scolasticat assomptionniste. Il écrit une monographie sur son village natal, couronnée par l’Académie de Metz en 1973. 1977-1980: aumônier des Frères de la Charité à Metz et bibliothécaire auxiliaire au grand séminaire. Mis à la retraite en vertu du concordat, il rejoint la maison de repos de Lorgues le 2 octobre 1980. 1980-1990: en communauté à la maison de repos de Lorgues (Var) où il connaît des périodes pénibles d’angoisse et de dépression.

Notices Biographiques A.A Page : 69/69 Il meurt le 20 juillet 1990 à Draguignan. Ses obsèques sont célébrées le 21 à Lorgues, suivies de l’inhumation dans le caveau de l’Assomption.

Du fait d’une constitution assez faible, le P. Gabriel est parfois sujet à des crises de défiance envers lui-même ou de renfermement qui sont marquées par de fréquentes hésitations et une tendance à l’isolement. Ce trait de sa personnalité qui le fait souffrir toute sa vie est accentué par une propension de caractère à l’examen minutieux et à la suspicion. Objet parfois de la malice de ses confrères, mieux inspirés quand ils tendent à l’encourager, il se laisse aussi volontiers taquiner.

Passer d’une vie active à une vie dépouillée.

« Vous savez bien que le P. Gabriel n’était pas venu à Lorgues de son plein gré et qu’il lui fui difficile d’accepter son affectation, tant il se croyait encore capable d’être utile activement. Pas plus que moi, vous n’ignorez le désert qu’il a traversé pour des raisons relevant autant de son psychisme que de la vie spirituelle. La tentation de désespérer de Dieu et de lui-même a été forte pour lui. Dieu se faisait très lointain. Il se sentait vide, concient à l’extrême que tout ce qu’il avait réalisé dans sa vie était entaché de vanité, d’autosatisfaction. Comme moi vous savez aussi qu’il avait retrouvé, ces derniers temps, une paix et une sérénité habituelles. L’espérance avait repris le dessus. Notre histoire ne s’arrête pas avec notre vie active. Elle se poursuit jusqu’à la fin. Je sais bien que la foi et l’espérance ne sont pas moins difficiles ici qu’ailleurs. jusqu’à notre dernier souffle, elles peuvent croître ou, au contraire, S’amoindrir. Ces vertus sont durement éprouvées ici du fait de l’âge et du vieillissement, des infirmités grandes ou petites, de la solitude, des ébranlements que subit la foi pour purification, affermissement, confiance. Revenir aux affirmations fondamentales: Celui qui mange ma chair… Il nous fait renaître grâce à la résurrection de Jésus-Christ … Cet héritage vous est réservé dans les cieux … ».

Extrait de l’hornélie prononcée par le P. Claude Maréchal, le 21 juillet 1990.

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Bibliographies

Bibliographie : Documents Assomption, Nécrologe (IV) 1987-1990), p. 102-103. A Travers la Province, Assomption-France, Nécrologie année 1990, p.179-180. Les Archives ont gardé trace de deux correspondances du fr. Gabriel durant la dr8le de guerre, en septembre 1939, lors de sa mobilisation et de son évacuation à Destry (Charente): Lettre à la dispersion 1939, n° 806, p. 491 et n° 811, p. 529.