Gall (Guillaume-Joseph) LE GALL – 1894-1972

Saint-Maur, 1950 et 1953.

«La maison reste pleine. Nous sommes contents du travail et de l’esprit,
mais il reste quelques accrocs des santés de l’an dernier ».

« On a fait des fouilles dans la cour pour remettre à jour 1es fondations
de l’ancienne église abbatiale. On les a découvertes partiellement, puis on
a creusé à côté et plus profondément pour découvrir
le rocher et on y est arrivé. On a comblé ou recouvert toutes ces cavités,
de 4 à 5 mètres de profondeur, en attendant que l’architecte nous ait
fourni un plan quelconque de la future chapelle et que l’on puisse passer à
exécution, après approbation des autorités. Au jardin, on creuse aussi pour
trouver de l’eau potab1e, promise par un sourcier, à quelque 10 mètres de
profondeur. Cette question de l’eau potable a toujours été l’un de nos
cauchemars. Celle que nous buvons actuellement est douteuse, à l’analyse.

P. Gall, 29.12.1953.

Extraits de La lettre à la
Famille, 1950, n° 100, p. 57 et
1954, n° 164, p. 24.

Religieux de la Province de Bordeaux.

Dans les filets du P. Marie-Auguste Leclerc.

Guillaume-Joseph Le Gall naît le 25 février 1897 à Edern (Finistère), le dernier d’une famille de trois enfants. orphelin de mère (Marie Pétillon) à 8 mois, il perd également son père, Jean, très jeune. La famille est prise en charge par un oncle et une tante, Le Berre, qui habitent Briec-del’Odet où Guillaume est scolarisé de 1903 à 1907. Il a 12 ans lorsqu’il est recruté par le P. Marie-Auguste Leclerc. Ses études secondaires se déroulent au Bizet (Belgique) de 1907 à 1910, puis à Ascona en Suisse, de 1910 à 1912, sur les bords du lac Majeur. Le jeune Guillaume y goûte le régime des études, des cérémonies liturgiques et les distractions que procurent d’enivrantes excursions et de joyeuses fêtes familiales vécues dans la tradition d’un certain humanisme intégral. Guillaume demande son admission à la vie religieuse. Sous le nom de Frère Gall (1), il revêt l’habit religieux, le 14 août 1912, au noviciat de Limpertsberg (Luxembourg). Profès annuel le 15 août 1913, il se trouve avec ses confrères bloqué par la guerre et doit se livrer à la ‘bataille de la survie alimentaire’ en travaillant dans des fermes. D’octobre 1915 à janvier 1917, il peut entreprendre sur place l’étude de la philosophie, ayant prononcé ses v?ux perpétuels le 11 avril 1915. Il peut gagner Louvain en décembre 1917 pour y poursuivre ses études. En 1919, il est mobilisé pour sept mois de vie à la caserne à Quimper. Il retourne à Louvain pour la théologie (1919-1923). Il est ordonné prêtre le 5 août 1923.

Enseignement et formation en alumnat.

Le P. Gall est nommé professeur à l’alumnat de Scy- Chazelles (Moselle). Il n’y reste que quatre mois et passe à celui de Scherwiller (Bas-Rhin) où il n’enseigne que de janvier à septembre 1924.

C’est l’heure de la création des Provinces à l’Assomption et le P. Gall rejoint la sienne, à l’Ouest. Nommé professeur à Saint-Maur (Maine-et-Loire), il va y résider 47 ans, de 1924 à 1971, assumant la charge de supérieur de 1945 à 1955. Au terme de ce mandat, il prend la responsabilité de petites paroisses environnantes, Bessé et Le Thoureil, de 1955 à 1968. On peut dire que sa vie active se confond avec celle de l’alumnat, qu’il y vit toutes les joies et les drames de son histoire, en particulier la noyade en Loire en 1926, l’incendie de 1937, la quadruple noyade de 1939, le bombardement de 1944, l’épidémie de 1949. Doué d’un esprit ardent tant apostolique que missionnaire, il donne aux jeunes le meilleur de sa vie sacerdotale. Jovial sans excès, distingué, de compagnie agréable, d’humeur égale, par sa seule présence et son maintien, le Père Gall impose l’ordre, le silence, la discipline et le travail. Partisan d’une éducation ferme, il sait faire preuve d’une grande largesse d’esprit et d’un sens affiné de justice clémente, mettant tout son c?ur à former une véritable équipe avec ses confrères. Il ne sévit qu’après avoir épuisé les autres moyens de la persuasion. Très humain, il fait confiance et se montre aussi patient que compréhensif, mettant un soin particulier à développer une piété personnelle chez les jeunes. Il entretient avec la famille des bienfaiteurs, par l’intermédiaire de la revue et de son dévoué secrétaire, le Frère Jeanson, une abondante correspondance. Exigeant pour lui-même, il se montre ponctuel et zélé pour ses paroissiens. C’est la mort dans l’âme qu’il doit quitter les lieux en 1971, pour être soigné à Lorgues (Var) où il arrive le 4 juin. Regrettant les bords de Loire, il ne peut masquer son amertume, demandant aux gendarmes de le rapatrier, déclenchant même une mini-grève de la faim et esquissant quelques petites fugues. Il ne peut se consoler d’avoir été arraché de Saint-Maur. Il meurt cependant dans la sérénité le 11 octobre 1972, à 79 ans, ayant finalement accepté ce déracinement inéluctable. Il est inhumé à Lorgues le 13 octobre. (1) Gall est le nom du célèbre moine irlandais, disciple de saint Colomban, qui implante le monachisme en Suisse vers 610. Le Frère Gall conjugue ainsi son patronyme qui signifie ‘le français’ à son prénom de religieux.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. mars 1974, p. 226-227. A Travers la Province (Bordeaux), 1972. Dans les ACR, du P. Gall Le Gall, correspondances (1919-1955), rapports sur Saint-Maur (1948-1955). On doit au P. Le Gall des articles dans l’Echo de Saint-Maur, dont des éditoriaux qui ne sont pas signés.