Gaston DEFENDI – 1926-1983

Grandeurs et misère dans
1’éducation.
« Notre vie avec les enfants à l’orphelinat de Toulouse, assez pénible par
elle-même, peut devenir une charge insupportable où il faut des nerfs
solides. Notre vie de communauté est faite de contraintes et de sous-
entendus ridicules. Ces querelles continuelles sont
d’un effet déplorable sur la partie civile, celle qui vit trop en contact
avec nous pour
n’être pas au courant. Sans s’en rendre compte, le Directeur affiche une
vie de luxe qui étonne ici plus qu’ailleurs.
Nous sommes encore sous le coup du départ du Frère Dominique D.[?], renvoyé
sous le coup d’imputations que j’estime fausses. Il s’occupait beaucoup des
apprentis qui l’estimaient. Quant au Frère Joseph [?] qu’on a expédié à
Bordeaux, s’il s’est montré un peu trop familier et libre avec Sœur Sch.
[?], il n’y a rien eu de grave et tout pouvait s’arranger. Il est triste
que notre directeur prenne plaisir à monter cette affaire en
épingle, plus triste encore d’entendre dire autour de soi que la jeune Sœur
est ‘gibier privé’. Les apprentis vont-ils être rayés de la maison? … ».
P. Gaston au P. Ramond, 19 mars 1956.

Gaston DEFENDI

1926-1983

Religieux de la Province de France.

Enfance pyrénéenne.

Gaston Defendi est né le 10 janvier 1926 à Lanil nemezan (Haute-Garonne), d’une famille ouvrièil re d’émigrés italiens. Ces origines dont le futur Père Gaston gardera une certaine fierté, le pousseront à se ranger instinctivement du côté des petits et des pauvres dans ses choix de vie. Il entre à l’alumnat de Cahuzac (Gers) en 1935 et passe ensuite à celui de Blou jusqu’en 1942, puis à Cavalerie (Dordogne) en 1943 et le collège de Garaison (1943-1944). Il prend l’habit à Pont-l’Abbé d’Arnoult le 31 décembre 1944 et il fait sa première profession le 1er janvier 1946. C’est à Layrac qu’il commence ses études de philosophie (1946-1948) que suivent une année de service militaire et les études de théologie, ces dernières toujours à Layrac où il est reçu comme profès perpétuel le 11 février 1950 et où il est ordonné prêtre le 8 mars 1952. Les différents dossiers qui le présentent font état de ses « dispositions favorables, de ses aptitudes au travail intellectuel et manuel et de petits défauts d’un caractère assez personnel, manquant de souplesse et de docilité. Il semble plus porté à l’action qu’à l’étude ».

Au service de l’enseignement et de l’éducation.

En septembre 1952, le P. Gaston est nommé à l’Ecole Sainte-Barbe à Toulouse, pour enseigner dans la classe de 6ème. Il s’y montre régulier et ponctuel pour la préparation des cours et la correction des devoirs. Ses anciens élèves lui gardent une souvenir reconnaissant pour leur stimulation au travail. En 1953 il passe à l’autre maison toulousaine, dite Orphelinat de la Grande Allée où il accepte la direction académique et où il va déployer son énergie de 1953 à 1980. Sa condition native de fils d’émigrés lui fait adopter avec sympathie ce milieu d’enfants aux conditions modestes,

déjà éprouvées par l’existence. L’enseignement n’absorbe pas tout son temps, il y joint les joies du jardinage, de la plantation d’arbres, des travaux de peinture… Le Père Gaston a encore l’énergie de se plonger dans des lectures nocturnes pour se cultiver. Avec une originalité de bon aloi, le P. Gaston aime se montrer un peu paradoxal, négligeant un peu sa santé et abusant de ses forces. Il fait valoir auprès des jeunes ce souci de leur formation complète, d’une instruction humaine et spirituelle solide. Pendant les vacances scolaires le Père Gaston organise des camps mémorables dans les Pyrénées, en Vallée d’Aure ou en Espagne, parce qu’il sait la montagne école d’effort, de volonté et d’endurance pour former des caractères trempés sur lesquels ‘la grâce peut mouiller’.

En paroisse, Fumel (1980-1982), Arreau (1982-1983).

Quitter la Grande Allée après tant d’années laisse le P. Gaston un peu désemparé et même orphelin. Mais il s’initie encore avec ardeur au travail pastoral à Fumet et dans les environs (Lot-et-Garonne). On garde de lui un souvenir très vif malgré passage court. « Le P. Gaston est une force, un regard. Une force: bâti au carré, il rie des mesquineries et des faiblesses. Il n’a peur de rien, il fonce à vélo tous azimuts sur les routes du Fumélois en hurlant comme les champions sur les pistes de neige. Il crie sa foi comme on crie en montagne et il porte celle blessure d’une prédilection pour les ‘petits’. Le P. Gaston est un oiseau des grands espaces. C’est aussi un regard. Regard de transparence du torrent, l’éclair émeraude des gaves, d’une limpidité souvent provocante. Son regard ne triche jamais. A son confrère qui désire l’orienter, lui faire saisir dans le dialogue une autre chemin, il répond seulement du regard et d’un œil de sympathie moqueuse ». Avec l’accord de son Provincial, Mgr. Donze, évêque de Tarbes et de Lourdes, le nomme au secteur d’Aure-Louron responsable de la paroisse d’Arreau (Hautes- Pyrénées). De contact facile, bien entouré, il se montre très attentif dans son ministère aux personnes âgées et malades. Mais la maladie l’oblige à retrouver Toulouse en février 1983 et le cortège des cliniques ou hôpitaux de la région. Il subit une longue traversée de désert, étape de purification devant laquelle il ressent peur, tristesse, angoisse et souffrance. Il peut encore participer au pèlerinage de Lourdes de 1983. Il vient mourir à Layrac le 6 novembre 1983, au bout de 8 mois de maladie éprouvante, à l’approche de ses 58 ans. Ses obsèques sont célébrées le 8 novembre. Il est inhumé dans le caveau des religieux au cimetière de Layrac. Le P. Noël Richard rappelle à son sujet la vérité de cette maxime d’Alexis Carrel: ‘L’essentiel n’est pas d’ajouter des jours à la vie, mais de mettre de la vie dans les jours’.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (II) 1981-1983, p. 103-104. Assomption France, Nécrologie n° 1, décembre 1983 p. 21-23. Lettre au P. Ramond, 19 mars 1956. Voulez-Vous? (bulletin de Layrac), 1984, n° 127, p. 21-23. Notices Biographiques