Gaston KROPF – 1879-1900

Koum-Kapou.
« La mission de Constantinople a été fondée parle P. Galabert en 1882 sur
les conseils de Mgr Vincenzo Vannutelli, délégué apostolique à
Constantinople. Le P. Galabert ne voulut s’établir ni à Péra ni à Galata
pour ne pas faire concurrence aux communautés religieuses qui s’y
trouvaient déjà. Il lui sembla que l’Assomption devait aller de préférence
à Stamboul, en pleine ville turque, parce qu’il n’y avait aucune communauté
chrétienne. Il alla trouver le P. Pietro, supérieur général des Géorgiens,
dont la résidence était à Féry-Keuï. Ce dernier consulta M. Brimo,
commerçant d’Alep, grec- melkite, bon catholique, père de famille. C’est
lui qui
indiqua au P. Galabert le choix du quartier de Koum-Kapou et découvrit une
maison libre
dans la rue Tatle-Ruouyou,
‘rue du puits d’eau douce’. Le P. Galabert s’y installa à la fin du mois de
septembre 1882.
On transporta à Koum -Kapou l’alumnat de Karagatch en
1884. C’est le P. Pierre Descamps qui réussit à acheter un grand jardin, à
proximité de la résidence de Koum-Kapou, en avril 1884, mais il se fit
extorquer par la propriétaire, une femme turque. Tout fut arrangé à
l’amiable, sans procès, en octobre 1912 ».

Religieux français, profès in articulo mortis.

Une vie en forme de faire-part mortuaire.

Nous lisons d’une lettre-circulaire du P. Alfred Mariage, supérieur de la Mission d’Orient: « J’ai la douleur de vous annoncer la mort de notre bon frère Gaston Kropf, novice convers de notre maison de Koum-Kapou. Ce religieux, venu en mission il y a un an à peine [1899], s’y est dépensé au service de Dieu et de nos frères avec le plus édifiant dévouement. Nous étions loin de penser qu’il nous serait si tôt ravi. Il fut pris il y a 8 jours d’une fièvre gastrique qui ne présentait aucun caractère inquiétant, mais, au bout de quatre jours de repos, de graves complications se produisirent qui amenèrent une décomposition du sang et, la nuit dernière, le Frère Gaston mourait après avoir reçu les sacrements avec une grande piété. Pendant sa courte maladie, il donna au milieu de grandes souffrances, l’exemple d’une patience inaltérable: jamais un mot de plainte ne sortit de sa bouche. Dieu a purifié son âme dans la douleur. Je viens toutefois la recommander encore à vos suffrages en vous demandant pour elle les prières de règle ». Gaston Kropf est né le 22 décembre 1879 à Saint- Cyr (1). On ignore où il a pris l’habit et où il a prononcé ses premiers v?ux. Il meurt à l’hôpital français de Constantinople le 21 juillet 1900.

Récit des derniers moments.

« Le Frère Gaston s’est couché le 12 juillet [19001 au soir. Il paraissait bien fatigué, mais nous croyions qu’il allait avoir une nouvelle attaque d’épilepsie. Le vendredi il avait une très forte fièvre et le docteur craignit la fièvre typhoïde. Mais le lendemain, il reconnut une gastrite aiguë avec engorgement du foie. Survinrent alors des vomissements fréquents et le hoquet. L’estomac ne pouvait rien garder, ni nourriture ni médicaments.

La fièvre disparut le dimanche et pendant quatre jours, sauf une grande faiblesse, l’état général ne parut pas avoir empiré. Le P. Alfred [Mariage] le vit le jeudi matin et n’en conçut aucune crainte. Le jeudi soir, le docteur voyant que les vomissements ne cessaient pas, voulut avoir une consultation avec le médecin en chef de l’hôpital français. La consultation eut lieu le vendredi à midi. Un nouveau traitement fut ordonné pour la soirée et la nuit. Le médecin de l’hôpital demanda que si le lendemain matin, il se trouvait toujours dans le même état, ni mieux ni plus mal, on le transportât de bonne heure à l’hôpital pour lui faire suivre un traitement spécial que l’on ne pouvait appliquer à la maison. Le samedi matin, notre médecin ayant trouvé le frère dans le même état me demanda de le faire transporter à l’hôpital comme ils étaient convenus la veille. C’est ce que nous fîmes. Le Frère s’était confessé le matin même et déjà aussi quelques jours auparavant, mais nous n’avions pu lui donner la communion à cause des vomissements. Je lui expliquai pourquoi on le transportait à l’hôpital et il en fut content. Je l’exhortai à s’unir à Jésus-Christ sur la croix. Il était bien disposé. Pendant le trajet, il n’eut ni vomissement ni hoquet, il fut tranquille et le médecin qui l’avait accompagné ne trouva pas que le voyage l’eût plus fatigué, mais en arrivant, les vomissements reprirent. Il était 8h30 du matin quand, une heure plus tard, le médecin de l’hôpital vint faire sa visite. Il remarqua que son état s’aggravait et voulut avoir une nouvelle consultation avec un professeur à l’école de médecine militaire. Un nouvel examen des urines révéla que la maladie était mortelle. A 13h.30, voyant qu’il baissait, on lui proposa le sacrement de l’Extrême-onction. C’est un Lazariste du collège de Sainte-Pulchérie qui vint aussitôt. Vers 15 heures, le Frère perdit peu à peu connaissance. On se disposa à le veiller. Il mourut après quelques heures d’une calme agonie, vers les 21heures 45. Nous l’avons transporté aujourd’hui [23 juillet] au cimetière de Féri-Keui où il repose à côté de S?ur Marthe». D’après la lettre du P. Marie-Joseph Novier.

(1) Ce nom est porté par 38 localités en France. Les ACR ne conservent pas d’éphémérides de la maison de Koum-Kapou.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: L’Assomption 1900, n° 45, p. 136. Circulaire du P. Alfred Mariage, Kadi-Keuï, 23 juillet 1900. Lettre du P. Marie-Joseph Novier, Koum-Kapou, lundi 23 juillet 1900. Notice biographique sur le Frère Gaston Fropf par le P Marie-Alexis Gaudefroy. Historique de Koum-Kapou par le P. Ernest Baudouy, s.d.