Gaston (Maurice Gustave) GREUSE – 1921-1994

Demande de dispense.
« Je voudrais vous demander de dispenser la communauté de Gosselies, pour
une durée indéterminée, des redevances provinciales. Cette démarche
s’explique par le fait qu’en deux ans les rentrées en subventions
-traitements et en traitements se sont amenuisées
de 1.500.000 f. environ, ce qui est supérieur à la pension des religieux
pour l’année 1976: nomination du P. Malet
comme Provincial, décès du P. Michaux, départ de Pierre Collet,
installation du P. Bauduin à l’hôpital civil de Jumet. Vous n’ignorez pas
que les coûts d’entretien des bâtiments ont augmenté de
près de 25 %, rien que par l’augmentation des salaires. Et je ne parle pas
de l’entretien et du renouvellement du mobilier et du matériel de
l’internat. Il est bien entendu que les dépenses dont il est question ne
peuvent être imputées au titre des subventions de fonctionnement. Vous
remerciant de l’attention que vous voudrez bien prêter à ma requête, je
vous prie de croire, mon Père, à mon sentiment déférent ».
P. Gaston Greuse, Gosselies,
24 décembre 1977.

Gaston (Maurice Gustave) GREUSE

1921-1994

Religieux de la Province de Belgique-Sud.

Un homme de caractère trempé, un bourreau de travail.

Maurice-Gustave Greuse est né à Courcelles, dans la Province du Hainaut, le 26 juin 1921, d’une famille ouvrière profondément chrétienne: le père est mineur. Le jeune Maurice apprend ainsi très tôt les duretés de la vie et ce climat n’est certainement pas étranger à sa force de caractère. Il emprunte par la suite le parcours classique: années de grammaire à l’alumnat Marie- Médiatrice à Bure (1934-1938), humanités au prieuré St-Michel à Sart-les-Moines (1938-1940), prise d’habit le 29 septembre 1940 au noviciat de Taintegnies (1940-1941) sous le nom de Frère Gaston, premiers vœux le 30 septembre 1941. Il suit les cours de philosophie à l’abbaye de Saint-Gérard (1941-1943) et, également, les cours de théologie (1944-1948) avec une année d’interruption dite de régence pendant laquelle il étudie les sciences et les mathématiques chez les Frères des Ecoles Chrétiennes à Malonne (1943-1944). Il se passionne pour la pensée de Maurice Blondel, regardé alors avec méfiance par des théologiens soupçonneux. Le 21 novembre 1944, il prononce ses vœux perpétuels à Saint-Gérard et, le 11 avril 1948, il est ordonné prêtre, toujours à Saint Gérard. Le P. Gaston, bien préparé pour un apostolat dans l’enseignement, est envoyé à Sart-les-Moines (1948-1951), puis à Bure (1951- 1967). Doué d’une énergie peu commune, il mène de front une vie d’enseignant, de sportif averti, passionné par le football, de régisseur de théâtre grâce auquel il élargit son cercle de relations: ainsi M. Bernard Faure, le ‘M. Zygo’ de la R.T.B.F. ou Monique Morelli, chanteuse connue des milieux parisiens, dont la mort récente l’a profondément affecté, d’éducateur en tant que préfet de discipline. Il trouve même le temps de donner des conseils avisés lors des constructions de Bure.

Plusieurs années durant, il passe un mois de vacances à Paris, chez les P.S.A., ce qui lui permet de prendre conscience, d’une manière autre que celle de son enfance, des problèmes du monde ouvrier. A la rentrée de l’année académique 1952, il s’inscrit à la Faculté des Sciences, en mathématiques, à l’Université de Louvain en vue d’acquérir les grades requis pour les cours de math et de sciences, mais comme ses années d’expérience sont finalement reconnues comme ‘droits acquis’, il n’a pas à terminer l’année scolaire et peut reprendre ses fonctions d’enseignant à Bure. En 1967, c’est le coup de barre: le P. Provincial, le P. Gérard Istace, lui demande d’accepter la charge d’économe au collège Saint-Michel à Gosselies. Après réflexion, il prononce son ‘fiat’, mais le voilà plongé dans les chiffres, non plus ceux du tableau et de l’abstraction, mais dans ceux concrets de la vie: assurer le remboursement d’emprunts importants, gérer la construction de classes, suivre au quotidien la gestion d’un établissement scolaire de quelque 500 élèves dont plus de 150 internes, et d’une communauté qui compte alors plus de 20 religieux, sans parler des tombolas, des fancy-fairs, des soupers valaisans et autres opérations lucratives qui permettent de boucler un budget. Entre-temps, il assure sa fonction de vicaire dominical à la paroisse Saint-Joseph à Gosselies. En 1979, il subit une première épreuve de santé. On lui découvre un anévrisme inopérable. Après un temps de repos, il peut reprendre ses activités, mais en diminuant son rythme de travail et en se surveillant sérieusement. En 1989, nouvelle épreuve de santé avec opération et découverte de la maladie évolutive qui va l’emporter le 24 mai 1994, alors qu’il se trouve à Gilly chez sa sœur où un confrère l’a conduit en voiture. La messe des funérailles a lieu le 28 mai en l’église St-Joseph, là même où pendant 20 ans il a célébré l’Eucharistie tous les week-ends. Le P. Gaston est inhumé ce jour même, dans le cimetière de Gosselies. Le P. Arthur Jallet sait évoquer dans l’homélie de l’au revoir le portrait humain et spirituel de ce confrère dont tous ont apprécié la juste opiniâtreté, celle qui naît d’une volonté tenace, d’une fermeté acquise à l’école de la vie et d’une constance sans faille.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (VI) 1994-1995, p. 23-25. Belgique-Sud Assomption, septembre 1994, n° 243, p. 3019-3022. Notices Biographiques