Gausbert (Jean-Baptiste) BROHA – 1867-1945

Recommandation épiscopale.

« M. l’abbé Jean-Baptiste Broha, originaire de notre diocèse, nous ayant
exprimé son vif désir de pouvoir être admis dans le vaillant Institut des
Pères de l’Assomption, nous n’avons point cru devoir nous opposer, malgré
notre grande pénurie de sujets, à la réalisation de son pieux dessein.

Nous déclarons, de plus, qu’en nous privant de ce bon ecclésiastique, nous
ne nous
en séparons qu’afin qu’il serve Dieu securius et ferventius et nous le
recommandons cum omni laude ».

Saint-Flour, le 23 juillet 1896. Mgr. Jean, évêque de Saint- Flour.

L’évêque de Saint-Flour en
1896 est Mgr. Jean-Marie Lamouroux (1834-1906), évêque du lieu de 1892 à
1906. Le diocèse compte environ à l’époque 590 prêtres, dépassant le nombre
de paroisses, de taille plutôt moyenne.

La cathédrale, consacrée en
1466, est, à l’altitude de 885 mètres, la plus haute de France.

Religieux de la Province de Lyon.

Une nature volcanique.

Jean-Baptiste est né le 19 novembre 1867 à Sansac-Veinazès (Cantal), au pays des monts volcaniques d’Auvergne. Il fait ses classes primaires à Labesserette-Saint-Victor (Cantal) et entre au petit séminaire de Saint-Flour (1880- 1888). Il passe quatre ans au grand séminaire de la même ville épiscopale (1888-1892) et est ordonné prêtre le 29 juin 1892 par Mgr. Baptifolier évêque de Mende (1819-1900), Mgr. Lamouroux nommé n’ayant pas encore été sacré. Les premiers emplois de l’abbé Jean-Baptiste sont ceux de prêtre diocésain: vicaire auxiliaire à La Thébaïde près de Mauriac (1892-1895), professeur de 5ème au petit séminaire de SaintFlour (1895-1896). C’est alors qu’il demande à prendre congé de son évêque pour entrer au noviciat de l’Assomption, à Livry- Gargan, où il reçoit l’habit le 28 octobre 1896 sous le nom de Frère Gausbert. Il prononce ses premiers vœux le 28 octobre 1897 à Livry et ses vœux perpétuels le 28 octobre 1898.

Proresseur d’alumnat.

Dès 1898, le Père Gausbert fixe sa vie dans l’œuvre de la formation des prêtres, en alumnat: Le Breuil (Deux-Sèvres) en 1898, Sainghin-en- Weppes (Nord) de 1898 à 1901, Bure en Belgique (1901-1905), Calahorra en Espagne (1905-1906), professeur et supérieur à Zepperen en Belgique (1906-1922), supérieur à Miribel- les- Echelles (Isère) de 1922 à 1925, supérieur à Scy-Chazelles alumnat Jeanne d’Arc (Moselle) de 1925 à 1931. « Il est par excellence un éducateu,r enseignant, un chef ayant le sens de l’auto,rité et se faisant obéir au doigt et à l’oeil. Esprit clair, avec le souci de la précision et de la correction, très observateur, il sait obtenir en maître avisé,

aussi bien un brouhaha libérateur de deux minutes que de longues heures de silence. Il n’admet pas que l’on puisse hésiter sur les formes d’un verbe grec irrégulier, ni non plus hésiter sur les leçons du catéchisme par questionslréponses. Ses colères éclatent comme des orages imprévus; malheureux l’élève qui ne sait pas le nombre des habitants de la Chine: il n’a d’autre issue que de cacher sous la table ou de sauter par la fenêtre s’il veut échapper aux projectiles variés que le Père trouve à portée de mains. On le voit en voyage s’arrêter songeur, en pensant à ce que font en cet instant les alumnistes de Zepperen et se hâter de rentrer pour ne pas manquer la surveillance du dortoir. Ses méthodes sont mémorisées: toute faveur qu’il accorde, si elle n’est pas accueillie avec un merci immédiat et spontané, se voit automatiquement supprimée. C’est ce qu’il appelle ‘prendre le pli’. Ses sanctions peuvent être terribles, dépassant même la mesure et jetant dans la tristesse toute la communauté pour une erreur commise, souvent par mégarde, par un seul. Sa grosse voix, surtout, impressionne les plus jeunes ». D’après les notes d’un portrait par le P. Rémi Kokel.

Le maître des novices, à Nozeroy.

Un beau jour d’octobre 1931, le P. Gausbert passe la porte Nods à Nozeroy, commune du Jura où la Province de Lyon vient d’implanter son noviciat, à la tête d’un groupe de novices dont il prend en main la formation (1931-1937). Dès le premier jour, il aime cette vieille et vénérable maison, austère et au passé chargé. En 1938, après un court séjour à Lyon où la guerre le surprend, il part en réfugié à Bordeaux d’où il est envoyé pour la même charge à Pont-l’Abbe d’Arnoult. Enl941, il revient avec joie réouvrir la maison de Nozeroy comme alumnat, où il fête ses noces d’or sacerdotales (1942). Il se contente, à son habitude, de sourire sans rien dire. A 77 ans, il est resté petit, chétif, le voici devenu voûté, gardant ses yeux clairs et son âme aux grands travaux sans repos adonné. Avec l’âge, s’est adoucie cette nature de volcan d’Auvergne mal éteint. Le mardi 29 mai 1945, il nettoie encore les allées du jardin. Dans le silence de la nuit, sans bruit, il quitte la terre le 30 mai 1945. « C’est bien qu’il soit mort ainsi, lui qui n’a pas peur de la mort, mais craint seulement de ne plus pouvoir un jour travailler ». Le P. Gausbert est inhumé le vendredi 1er juin à Nozeroy, dans le caveau des prêtres de la paroisse, à côté du Frère Cyprien Dupoux.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille 1545, n° 7, p. 32; n° 9 42. Lettre à la Famille 1945, Supplément n° 8, p. 35-36. Bulletin de Nozeroy, 15 juin 1945. Semaine catholique de Saint-Flour, 1945. Le P. Gausbert a écrit de nombreux rapports sur Zepperen (1907-1921) et sur Scy- Chazelles (1928-1931), ainsi que de la correspondance conservée entre 1901 et 1944.