Geoffroy (Jules-Francois) PIERSON – 1884-1964

Nouvelles d’Argentine, 1914.
« Vos paternels encouragements nous arrivent au moment de préparer les
Brises de février. J’espère que vous en reconnaîtrez les fruits dans le
prochain numéro. Avec le si complet et si
poétique programme que vous avez eu la bonté de nous adresser, nous nous
proposons de préciser plus encore le caractère de la petite revue. Qu’elle
arrive à être de loin un petit Eco simple, surnaturel, marial, comme celui
que vous inspirez depuis si longtemps. Les Argentins ne sont pas très
expansifs. C’est pourquoi nous ignorons encore l’impression produite par
Las Auras. A Santos Lugares on a l’air content. Naturellement ce ne sera
qu’avec le temps qu’on arrivera à voir les traces de
leur passage dans les familles. Dans le prochain numéro, vous verrez
quelques bonnes lettres qu’on a bien voulu nous adresser. Il faut surtout
signaler le bref mais sincère encouragement que nous envoie le curé de San
Martin, de Buenos Aires, dans son journal hebdomadaire. Nous bénissons le
bon Dieu de cet éloge qui révèle la largeur de
vues de son auteur. Ici, rien de bien nouveau pour le moment-
, c’est le mouvement paroissial qui va en augmentant chaque mois… ».

Notices Biographiques A.A

Religieux français, de la Province d’Amérique du Sud. Un des fondateurs de l’Assomption en Argentine. Jules-François Pierson est né à Paris le 31 octobre 1884. Très jeune, il perd ses parents et est recueilli par des oncles qui se chargent de son éducation. Désirant devenir prêtre, il est mis en contact avec l’Assomption. Jules-François, après son école primaire (1894-1896), entre à l’alumnat de Taintegnies en Belgique (1896-1902). Le 18 octobre 1903, il prend l’habit au noviciat de Louvain, sous le nom de Frère Geoffroy. Dix mois après, le noviciat étant transféré à Jérusalem, il a la grande joie de gagner la Palestine pour y finir son noviciat et y suivre les cours de philosophie (1905-1907) et de théologie (19071910). C’est à Jérusalem qu’il est devenu profès pour un an, le 13 novembre 1904, et profès perpétuel, le 23 octobre 1905. Le P. Léonide Guyo, son maître des novices,.le trouve « novice pieux, sérieux et travailleur, mais de caractère brusque et renfermé, vif, porté à s’assombrir et à se décourager, voyant les choses en noir ». Ce sont là des traits de la personnalité du Frère Geoffroy que l’on retrouve tout au long de sa vie. Religieux plein de zèle, apôtre infatigable du Royaume, promoteur du culte de la Vierge Marie, profondément surnaturel, il est desservi par un pessimisme foncier et un caractère porté à la vivacité. Ordonné prêtre le 10 juillet 1910, il célèbre sa première messe à l’autel du Calvaire, à Jérusalem. La même année, les supérieurs l’envoient en Amérique du Sud. Arrivé au Chili, il parcourt pendant quelques mois les maisons de Santiago, de Mendoza et de Lota. Dès le mois de mai 1911, le P. Joseph Maubon l’adjoint au P. Romain Heitmann pour fonder la première maison assomptionniste en Argentine. Le vaste territoire pris en charge n’est guère enchanteur: il n’y a qu’une poignée de chrétiens déclarés, A.A sans paroisse, sans école, avec un seul magasin et un café. Le milieu est assez hostile dans cette banlieue socialiste de Buenos-Aires. La fondation est digne de Bethléem: pas de maison, pas d’argent, seulement une petite chapelle dédiée à saint Antoine. Les autorités ecclésiastiques ne se montrent guère empressées. On se souvient de la parole de l’archevêque de Buenos-Aires à l’arrivée des premiers religieux: « je ne vous ai pas appelés et je n’ai pas besoin de vous ». Cette hostilité ne s’adresse pas aux personnes, mais à la réputation des religieux de l’Assomption après les expulsions de France et le procès encouru à Paris qui faisaient craindre leur présence dans un diocèse. C’est dans ces conditions qu’est fondé le poste de Santos Lugares et c’est là que va vivre le P. Geoffroy pendant plus de 45 ans. Dès le début, le P. Romain laisse au P. Geoffroy le soin de créer et d’organiser le culte dans la chapelle. Il fait le catéchisme, visite les malades, parcourt l’immense territoire qui est dévolu. Peu à peu la vie chrétienne se développe dans ce faubourg jusqu’alors totalement délaissé au point de vue religieux. Le P. Geoffroy, par dévotion envers la Vierge Marie, développe le culte à la Vierge de Lourdes. Sa statue remplace très vite celle de saint Antoine de Padoue. En 1911, il prend la direction de la Confrérie de Notre-Dame de Lourdes qui regroupe les jeunes filles et en 1914 il peut fonder une revue mariale: Auras de Lourdes, servant également de bulletin paroissial. L’effort missionnaire du P. Geoffroy est en plein élan quand il lui est demandé de prendre les charges de curé et de supérieur au Chili, à Rengo (1915-1921), puis à Los Andes (1921-1925). En 1925, le P. Geoffroy est à nouveau nommé à Santos Lugares et il y reste jusqu’à sa mort (1964). A son arrivée, il trouve bien des changements: la chapelle est devenue paroisse, une grotte a été élevée qui attire les pèlerins, des fondations indiquent le projet de construction d’un véritable sanctuaire. Le P. Geoffroy est un apôtre dynamique doué d’un grand sens d’organisation. Peu à peu les infirmités de l’âge réduisent son activité: devenu sourd, il se déplace difficilement, avec une canne d’abord, puis en fauteuil roulant. Il meurt le samedi 18 avril 1964. Les obsèques sont célébrées le lendemain, à Santos Lugares.

Bibliographies

Bibliographie et documentation : B.O.A. juin 1965, p. 83-84. Lettre à la Famille, 1964, p. 581-582. A Travers la Province (Bordeaux) 1964, no 120, p. 5-6. Pages Chiliennes, 1914, no 34, p. 378-379 (Nouvelles d’Argentine). Notice sur le P. Geoffroy Pierson par le P. Solano Dionisio (1964), 4 pages. Du P. Geoffroy Pierson, rapports sur Los Andes (1921, 1923), sur Santos Lugares (1933), correspondances (1905-1935). Notices Biographiques