Georges (Georges-J.) SAINTOBERT – 1879-1955

Lille, 1950.
« C’est bien à contrecœur que je vous écris cette lettre. Ma vie a toujours
été si pleine soit à Arras soit au Bizet (ce sont mes deux champs d’action
avant Lille) que je n’aurais jamais pu supposer alors qu’un jour je serais
appelé à me défendre. Car à Lille que de travaux encore! Evidemment depuis
deux ans surtout, je me sens un peu vieillir. J’ai maintenant 72 ans et je
n’ai plus l’énergie d’autrefois. Puisque vous le désirez, je
vais vous donner un aperçu de mon activité depuis le 1er janvier 1949. Je
vous le répète, j’aurais préféré me taire. Je sais le peu que je suis et le
peu que je vaux, je le dis en pleine humilité. Ne prenez
donc pas de plumes à cause de moi. Le P. Balme vous portera cette lettre et
il vous redira ce que j’écris maintenant. Le recrutement ne sera pas
fructueux, une douzaine d’enfants auxquels il faut
ajouter un enfant de Saint- Omer que le P. André a pris pour lui, deux
enfants d’Allouagne où je travaille depuis plusieurs années. Nous avons
déjà un alumniste à Lambersart, de la paroisse d’Allouagne. Le P. André
s’est adjugé les deux enfants de cette année. Le P. François de Sales m’a
grandement aidé pour les visites aux parents
des enfants que j’ai trouvés …
».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Paris. Débuts. Georges-Joseph Saintobert est né le 14 février 1879. Natif d’Abscon (Nord), il semble qu’il veuille adopter et réaliser pour lui et pour son apostolat futur ce qu’évoque de caché le nom de son pays d’origine. Après une année à l’alumnat de Montfort (Yonne), de 1899 à 1900, il travaille au train des équipages à Lille, avant de se présenter à la porte du noviciat à Louvain (Belgique) où il prend l’habit le 18 octobre 1904, sous la houlette du P. Benjamin Laurès et le nom de Frère Marie-Georges. Profès le 19 octobre 1905, il prononce ses vœux perpétuels le 18 octobre 1906. Il passe alors à l’aile voisine de la maison d’études dirigée par les P. Merklen et Protin, y étudie la philosophie jusqu’en 1907. Puis, selon la coutume, il est envoyé dans une maison d’œuvres, pour lui à l’orphelinat du P. Halluin à Arras (Pas-de- Calais), de 1909 à 1911. C’est à Notre-Dame de France à Jérusalem qu’il étudie la théologie, de 1910 à 1913, et qu’il est ordonné prêtre par Mgr Picardo le 13 juillet 1913. Il termine ses études de théologie à l’Angelicum à Rome (1913-1914) et c’est à l’orphelinat d’Arras que le conduit sa première obédience en 1914. Années de guerre. Août 1914, c’est la guerre. Mobilisé aussitôt, il est renvoyé dans ses foyers, à la grande joie des orphelins de la maison d’Arras qui ne se doutent pas encore des angoisses que vont connaître les responsables de l’institution, les PP. Pautrat et Ranc. L’autorité militaire leur fait savoir qu’il faut éloigner cette jeunesse des champs de bataille. Le diocèse de Moulins accueille les 350 enfants de l’orphelinat. La Trappe de Sept-Fons ouvre ses dépendances et le P. Saintobert dirige cet exode, organise un campement que l’on croit encore provisoire. A.A Les grands élèves s’y installent avec le P. Félix Ranc et ils y goûtent la charité débordante de Dom Chautard et du P. Albéric. Les plus jeunes sont dirigés sur le séminaire du Réroy, sous la direction du P. Jean-François Pautrat. En février 1916, le P. Saintobert est rappelé par l’armée, comme vaguemestre et aumônier d’une formation sanitaire en campagne, dans le secteur de Soissons (Aisne). D’une bonté à toute épreuve, il se donne à sa tâche, cherchant à soulager la peine de chacun. A chaque permission, il gagne Sept-Fons et profite des conseils judicieux de Dom Gréa. Ces temps de ressourcement lui sont bien profitables, en raison des fatigues occasionnées par tous les déplacements de sa formation militaire obligée de suivre les ondulations de la ligne de feu. A la mort du P. Jean-François Pautrat, le 8 février 1918, c’est sur le P. Marie-Georges que va reposer l’avenir de l’œuvre d’Arras, devenu le bras droit du P. Félix Ranc. D’Arras à Lille, prédicateur pour les vocations. Après l’armistice et la démobilisation, en 1919, il retrouve la maison d’Arras qui a beaucoup souffert des bombardements. Il faut reconstruire, réparer, organiser des dérivatifs à Merlimont- plage pour les jeunes, monter une fanfare: pour tout, le P. Marie-Georges est sur la brèche. En juillet 1932, il a la peine de perdre son confrère, le P. Félix Ranc dont on s’apprêtait à fêter les 50 ans de dévouement à I’oeuvre du P. Halluin. Très affecté, le P. Marie-Georges est envoyé à Lille (Nord) à la fin de l’année 1932. Il devient un prédicateur renommé pour les vocations et recruteur des alumnats, même après 1951 lors de son transfert à Lambersart (Nord). Il écrit minutieusement des milliers de sermons donnés à travers toute la région, collecte des fonds, prêche des neuvaines, triduums, des retraites et préparations aux communions. Profondément dévoué, d’une grande charité, très humble et toujours disponible, il a la joie d’accueillir et de diriger bien des jeunes vers le sacerdoce. Le 18 avril 1955, il quitte Lambersart pour la maison de repos de Lorgues (Var) où à meurt le 15 août 1955 et où il est inhumé, après une vie toute donnée.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. juin 1956, p,- 158. Lettre à la Famille, 1955, no 197, P. 155 et 1958, no 255, p. 93-95. Paris-Assomption, 1955, no 36, p. 12-14. Lettre du P. Georges Saintobert au P. Merry Susset, Lille, 10 septembre 1950. Du P. Georges Saintobert, clans les ACR, correspondances (1907-1950). Notices Biographiques