Gérard HUGOT – 1929-1958

Portrait.
Le Frère Gérard était d’une exquise délicatesse. Il me mit tout de suite à
l’aise et nous parlâmes de choses spirituelles. Après un entretien avec
lui, on avait du goût pour la vertu. Sa compagnie était très agréable et
les novices aimaient converser avec lui. Il racontait des souvenirs du
service militaire, de Lormoy,
de Saint-Gérard, mais toujours savait ramener la conversation à des pensées
surnaturelles. Il avait une profonde vie intérieure, et, dès les premiers
contacts, nous avions compris que c’était un saint. Sa
patience dans la souffrance, son esprit de mortification, son extrême
délicatesse, sa grande dévotion à la Vierge, tout chez lui était
exemplaire.
Sa dévotion à la Vierge! Faut- il répéter qu’il voulait constamment avoir
devant lui, lorsqu’il était couché, la statue de N.-D. de Beauraing. Si on
la bougeait, ne fût-ce que d’un centimètre, il le remarquait. Lorsqu’il se
promenait, il s’arrêtait devant chaque statue de la Vierge. Déjà avant sa
maladie, il s’était abonné à une revue mariale, avec pleine permission.
Elle se trouve encore à Saint-Gérard, et il achetait des livres sur Marie.
Pendant sa maladie, il fut toujours ‘dans les mains de Marie’. Sa confiance
en elle était sans bornes ».

Religieux de la Province de Belgique.

Un frère épatant.

Gérard Hugot est né le 27 juin 1929 à Awenne (Belgique). Il est très vite remarqué par son curé, l’abbé Toussaint. A 12 ans, on le trouve à l’alumnat de Bure où il se distingue par une intelligence très vive autant que par une parfaite docilité à l’égard de ses maîtres. Déjà avec ce sens aigu de l’équilibre qui le caractérise, il sait doser les temps de prière, d’étude et de jeu, donnant à chaque lieu et à chaque exercice la place qui leur reviennent. Après Bure (1941-1945), ce sont les humanités à Sart-les- Moines (1945-1947). Le 28 septembre 1947, il prend l’habit à Taintegnies où il prononce ses premiers vœux, le 29 septembre 1948. Puis il s’entraîne à l’étude de la philosophie à Saint-Gérard (1948-1951) et de la théologie (Lormoy en France, dans l’Essonne, de 1953 à 1955) où il excelle, après 21 mois à la caserne (1951-1953) où déjà il est question de sa maladie, la sclérose en plaques. Il prononce ses vœux perpétuels le 8 septembre 1954 à Saint-Gérard.Vocation solide, étudiant travailleur, religieux dévoué et édifiant en tous points, atteste le P. Jérôme Beckaert. En juin 1955, le Frère Gérard quitte Lormoy, très fatigué. Sa vue s’est affaiblie. Les diagnostics des médecins sont alarmants: il n’existe pas à l’heure actuelle de traitement vraiment actif de cette affection.

Une maladie irrémissible.

Le Frère Gérard connaît la gravité de son mal. Le 22 janvier 1956, Mgr Henri Piérard lui confère le sous- diaconat à l’église d’Awenne alors qu’un espoir de guérison semble encore justifié. En mai 1957, il a encore la force de se rendre à Lourdes, accompagné par sa soeur, Gaby, et une tante religieuse chez les Sœurs de Briey. En mars 1956, les médecins autorisent son transport au noviciat de Taintegnies,

où il peut disposer d’une chambre près de la chapelle. De son lit, il peut suivre les offices et un novice lui fait régulièrement la lecture spirituelle. La paralysie fait sournoisement son travail. La vue baisse, l’usage des jambes, puis des bras, devient de plus en plus difficile, mais le moral reste au beau fixe. Le 21 janvier 1957, le médecin inquiet pressent une fin imminente. Sur la demande des parents, le Fère Gérard est une nouvelle fois transporté par ambulance à Awenne au domicile familial, le 20 juin 1957. Ses seules distractions sont la musique et Radio- Luxembourg. Il meurt, plein de confiance et d’abandon entre les mains du Père, le jeudi 13 mars 1958, à 29 ans. Le lundi 17 mars, par un vent froid, mais un beau soleil, le Frère Hugot est porté en terre en présence de plus de soixante prêtres et religieux. L’Assomption belge a le sentiment d’avoir accueilli et rendu son ‘saint Jean Berchmans’. « C’est un bienfait d’avoir connu un être de sa trempe. On devine bien sûr les multiples influences heureuses dont il a bénéficié, d’abord au sein de sa famille, ensuite de la part de ses Supérieurs et de ses confrères. La correspondance de son être entier à la grâce et à l’appel de Dieu en fait cependant un modèle dont beaucoup, j’en suis sûr, sauront tirer parti, et un intercesseur dont, tous, nous bénéficierons ». D’après E. Dejaifve.

Prière à Marie (1).

« Très sainte Vierge, en ce beau jour de ma communion solennelle. Je me consacre à vous qui êtes ma mère si douce et si bonne. Secourez-moi dans tous les dangers, préservez-moi le plus possible des tentations et faites que je n’aie pas le malheur de commettre un péché mortel. À l’heure de ma mort, quand je serais prêt à comparaître devant votre fils Jésus, prenez-moi par la main et menez-moi dans la patrie céleste du Paradis. Ainsi-soit-il ».

(1) Prière composée par le jeune Gérard Hugot, le 1er juin 1941, à l’âge de 12 ans.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. juin 1959, p. 53. Lettre à la Famille 1958, n°, p. 55-56; n° , p. 69-76. Contacts 1958, n° 85 (29 mars 1958), n° 85 (suite 1) du 6 avril 1958; n° 85 (suite 2) 18 avril 1958. Eloge funèbre du Frère Gérard Hugot par M. Gérard Mareschal, 17 mars 1958. Foyer Assomptioniste (revue des scolasticats assomptionistes de Belgique), 1958, n° 63, p. 1-26. Portrait par le Frère R. Allaer. Jeunessesi 1958, n° 12, p. 3-13. Dans les ACR, du Frère Gérard Hugot, deux correspondances au P. Gervais Quenard (1948 et 1950). Correspondances éditées dans Foyer Assomptionniste, o.c., p. 13-17.