Gérard avait un C. A. P. de relieur, mais sa vie professionnelle fut interrompue par la guerre et par l’occupation. Un de ses frères avait pu rejoindre, en 1940, le général de Gaulle en Angleterre. Gérard, qui militait dans la résistance, fut interné, d’abord en France, puis à Dorthmund et à Berlin, en Allemagne. Il fut libéré par l’armée russe le 25 mai 1945. Cette période d’humiliations et de souffrances marqua profondément Gérard, dans sa chair et dans son âme. Il eut toujours la préoccupation de rester en lien avec d’autres déportés ; et toute sa vie, il resta fidèle aux diverses manifestations patriotiques du Souvenir, comme le 11 novembre, le 8 mai.
C’est à l’âge de 31 ans qu’il prit la décision d’embrasser la vie religieuseà l’Assomption. Il entra, pour un court postulat, au noviciat des Essarts(Seine-Maritime) et prit l’habit le 28 août 1950 et ne conserva que le prénom de Gérard. Les premiers voeux, le 29 août 1951.Dès lors, les lettres d’obédience le dirigent successivement vers de nombreuses communautés. D’abord, il restera deux ans aux Essarts. Puis deux séjours de 2 ans chacun, au service du matériel, au Scolasticat de Lormoy (1953-1955) et à l’alumnat des vocations tardives de Montéchor(Pas-de-Calais). Et durant un long temps (de 1957 à 1982), le voici à l’alumnat de Lambersart (Nord) en qualité d’aide-économe et de catéchiste paroissial. C’est à cette époque qu’il fait un court essai de vie cistercienne, au Mont des Cats (Nord), expérience qu’il interrompra définitivement, en premier lieu pour des raisons de santé.
Pendant 4 ans, de 1982 à 1986, il partage la vie communautaire des religieux responsable de la paroisse de Longpont-sur-Orge (Essonne). Il remplit la tâche de sacristain à la Basilique Notre-Dame de Bonne Garde, pèlerinage à la Vierge Marie, dans une magnifique église.
Pour trois ans, on le retrouve dans la communauté chargée du secteurParoissial de Montmirail (Marne).
À 70 ans, en 1989, il demande à rejoindre la communauté de Layrac (Lot-et-Garonne). Sa santé, en effet, laisse beaucoup à désirer, par suite de sa déportation, mais il s’intègre très bien participant volontiers aux services communautaires notamment dans les charges de portier et de règlementaire.
En 1993, son état de santé se détériore progressivement. Il revient très affaibli d’une longue hospitalisation. Petit à petit, au fil des mois, ses forces physiques et ses capacités intellectuelles diminuent. Et pendant les dernières années de sa vie, il bénéficie de soins attentifs de la part des Religieuses de la Sagesse et du personnel soignant.Il garde alors la chambre, fait de rares apparitions à la chapelle grâce au fauteuil roulant et à des frères attentifs, il découvrira, émerveillé, le cloître restauré et les allées du parc.
Il tenait malgré tout une place importante dans la communauté, « les regards profonds et les syllabes sonores dont vous combliez vos visiteurs, vont beaucoup manquer à notre paysage », dira le Père François Rumeau.
Soeur Célina le veillait dans la nuit du 4 au 5 novembre, quand il s’endormit dans la paix de Dieu, vers 2 heures du matin.Les obsèques eurent lieu au Prieuré, le mardi 7 novembre 2000. Le Père Jacques Nieuviarts, assistant provincial, au cours de l’homélie, rappela des souvenirs du Frère, alors que Jacques était à l’alumnat de Lambersart(Nord) : « Je revois le Frère Gérard, le pas rapide et souvent essoufflé, de celui qui va et se porte là où il faut servir. Souvent, il regardait légèrement au-dessus de ses lunettes, disait une parole, souvent soucieux de celui qui était en face de lui et il éclatait de rire, après une parole lourde d’humanitéet d’amitié ».
Le cercueil était recouvert du drapeau bleu-blanc-rouge et le Président des déportés était présent et beaucoup de frères et d’amis étaient venus rendre un dernier hommage au Frère Gérard.Il est enterré au caveau de l’Assomption dans le cimetière de Layrac.