Gerasimos (David-Charles) YOUNES – 1884-1942

Menton, 1939.

« Je reçois avec joie votre bonne lettre. A aucun moment, je n’ai eu la
moindre intention de me soustraire à l’ordre que vous m’avez donné et que,
dès le début, j’ai accepté avec un grand esprit de foi. Au reste, je
considère comme un honneur
et une joie d’être envoyé à Jérusalem où je désire me dévouer et y mourir.
Si je vous ai écrit une lettre teinte d’un peu d’amertume, c’était tout
simplement pour vous dire loyalement ce que je crois être la vérité. Je
n’approuve pas toutes ces agitations ou pétitions qui ne peuvent que
diviser et nuire aux oeuvres
(1). Hier encore, je les ai condamnées avec la dernière énergie en faisant
appel au bon sens de tous pour opérer l’union plus nécessaire que jamais.
Je vous prie de considérer comme nulles et contraires à ma volonté toutes
réclamations, protestations ou pétitions qui vous parviendraient. Veuillez
croire, bien cher Père, en mon filial et affectueux
dévouement ».

P. Younès.

(1) Il s’agit des oeuvres liées au cercle Jeanne d’Arc de Carnolès.

Religieux syrien de la Province de Lyon. Un fils de l’Orient à l’Assomption. David-Charles Younès est né le 8 décembre 1884 à Antoura, au Liban (1), dans le diocèse de Beyrouth (2), au sein d’une famille de double ascendance, grecque et arabe. À l’époque, cette région est placée dans l’orbite politique de l’empire ottoman. Son père, Charles Younès, prêtre orthodoxe grec, le confie tout jeune aux Filles de la Charité de l’hospice de Saint-Vincent de Paul de Jérusalem où il est scolarisé de 1891 à 1905 (3). Il fréquente par la suite le collège secondaire des Lazaristes et se perfectionne dans la connaissance de l’arabe et de l’hébreu ancien. C’est en tout cas dans ce contexte géographique de la Palestine qu’il fait la connaissance de l’Assomption à Jérusalem, par l’intermédiaire du P. Gervais Quenard qui le présente au P. Emmanuel Bailly pour son admission. Le 15 août 1906, sous le nom de Frère Gérasimos, David-Charles prend l’habit au noviciat de Louvain. Il y prononce ses premiers vœux le 15 août 1907 et ses vœux perpétuels le 15 août 1908. C’est également à Louvain qu’il reçoit sa formation philosophique (1908-1910). Il est envoyé à Notre- Dame de France à Jérusalem pour ses études de théologie (1910-1913), mais c’est à Plovdiv en Bulgarie qu’il est ordonné prêtre par Mgr Menini, le 11 avril 1915. Dans l’enseignement et le ministère pastoral. Avant son ordination, le P. Gérasimos a été envoyé comme enseignant en Turquie, à Brousse (1913- 1915) où l’on garde de lui un excellent souvenir comme professeur de musique. En raison des événements politiques et militaires, il doit en 1914 quitter la Turquie et se réfugier au collège Saint- Augustin de Philippopoli/Plovdiv où il séjourne entre 1915 et 1916. A partir de 1916, il est affecté au service paroissial à Bordeaux (Gironde) jusqu’en 1919. Page :403/403 La guerre terminée, il peut reprendre la route de l’Orient. Il est nommé professeur à Kadi-Keùï (1919-1924). De 1924 à 1929, son ministère se déroule en France, à Lyon (1924-1929). De Lyon il gagne Menton-Carnolès (Alpes-Maritimes) où sa collaboration est très appréciée jusqu’au moment où, sur place, se font jour de fortes rivalités féminines concernant l’animation des oeuvres liées à la chapelle Saint-Joseph. Cette agitation finit par éprouver fortement la vie de la communauté religieuse. Le P. Gérasimos est prié de se retirer, sur ordre du Provincial de Lyon, le P. Maximilien Malvy, ordre appuyé par le P. Gervais Quenard, et, malgré sa souffrance d’être soustrait à des activités où il a donné le meilleur de lui-même, il recherche un poste d’aumônerie qui le conduit à l’école militaire de Billom, dans le Puy-de-Dôme. C’est là qu’il vit, en isolé, la dernière période de son ministère sacerdotal, très apprécié des autorités religieuses (Mgr Chaumont, vicaire général) et des autorités militaires (Commandant Bernard, directeur de l’école militaire). Il trouve la mort accidentellement, le 13 décembre 1942, revenant de prêcher à bicyclette dans une localité près de Clermont-Ferrand. On ne dispose pas d’autres détails sur les circonstances du décès et de l’inhumation du P. Gérasimos que ceux donnés par le P. Gervais Quenard-. « Le P. Gérasime Younès est mort à Clermont d’un accident de bicyclette. Mgr Chaumont, vicaire général, en avisait le P. Le Bartz, en exprimant son admiration pour le magnifique travail accompli par le Père à l’école militaire où il se trouvait détaché ». (1) On parle à l’époque de la province syrienne de l’empire ottoman, le Liban étant une création politique postérieure relevant de l’occupation française à partir de 1918. Sur sa fiche de religieux, le futur P. Gérasimos Younès mentionne comme résidences familiales. Syrie et Palestine. (2) On trouve aussi des indications un peu fantaisistes ou approximatives sur ses lieu et date de naissance1885, Nazareth en Galilée… (3) Très tôt David-Charles a perdu sa mère et l’on comprend sans peine que son père l’ait en quelque sorte confié aux soins des religieuses. Page :404/404

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Circulaire du P. Gervais Quenard, n° 48, décembre 1942, p. 272-273. Nouvelles de la Famille occupée, janvier 1943, n° 14, p. 57. Lettre du P. Gérasimos Younès au P. Gervais Quenard, Menton, 14 février 1939. Dans les ACR, du P. Gérasimos Younès, correspondances (1912-1941). On doit au P. Gérasimos Younès quelques poésies dont certaines ont été publiées dans l’Assomp- tion (1905) et des nouvelles sur ses différentes activités, publiées dans la lettre à la Dispersion (1926, 1935, 1937).