Germain (Alfred-Joseph) GUENETTE – 1913-1995

Costa Rica, 1962. Vous aurez su, avant la
réception de cette lettre, ce qui fut récemment décidé par le P. Provincial
en faveur de ]a Ciudad de los Ninos et des futurs A.A.en terre
Costaricaine. Aussi, vous devez deviner la joie ressentie par de nombreuses
personnes intéressées à cause d’une telle décision. Quant à la Mère
Marie-Arsène, elle doit sursauter de joie… car, comme certains le disent
avec raison, c’est elle qui est cause de tout. Pour ce qui concerne le Père
Madina, il a enfin été délivré d’une longue et angoissante incertitude,
quoiqu’il se sente bien projeté au milleu de problèmes herculéens.
Cependant son esprit surnaturel, bien imbibé des
trois vertus théologales, lui donne toute la détermination voulue pour
poursuivre le développement de cette belle oeuvre. Notre Congrégation
continuera donc à semer malgré les difficultés
présentes et futures, et Dieu saura en faire ressortir la moisson digne de
ses greniers. Le P. Madina m’a demandé de vous écrire en vue de savoir vos
dispositions à son sujet.
Le Père Provincial disait que vous espérez des nouvelles des Sacrées
Congrégations pour le mois d’octobre. Que faire en attendant? Le P. Madin-a
pourrait ouvrir un bureau à
San José ».

Germain (Alfred-Joseph) GUENETTE

1913-1995

Religieux américain de la Province d’Amérique du Sud.

Formation entre l’Amérique et l’Europe.

Alfred-Joseph Guenette est né le 5 septembre 1913 à New Bedford, dans l’état du Massachussetts (U.S.A.). Il commence ses études à l’école Saint-Joseph de New Bedford et les termine au collège de l’Assomption en 1932. Il entre dans la Congrégation des Assomptionnistes, le 29 septembre 1932 et fait son noviciat à Bergerville (Sillery, Québec) au Canada, sous le nom de Frère Germain, le P. Léocade Bauer étant maître des novices. Il prononce ses premiers vœux à Bergerville, le 30 septembre (1933) et vient en Europe pour sa formation ecclésiastique: philosophie à Saint-Gérard en Belgique, puis la théologie à Lormoy en France (Essonne). Il est profès perpétuel le 30 septembre 1936 et prêtre le 26 février 1939. Le P. Fulbert Cayré, supérieur à Lormoy, écrit à son sujet: « Le Frère Germain a souffert dès son arrivée ici d’inquiétudes persistantes, accompagnées de malaises physiques, sans importance, disent les docteurs. Cet état ,résulte surtout, semble-t-il, d’une tension intellectuelle et morale excessive durant les années précédentes. Grâce à la longue détente qui lui a été imposée, il va sensiblement mieux ».

Entre les deux Amériques.

De retour sans sa province, le P. Germain est chargé de la formation des Frères Coadjuteurs à Bergerville, et de là il passe à Worcester comme professeur. De 1943 à 1946, il est aumônier militaire et participe comme parachutiste à la bataille de France. Démobilisé, il participe à plusieurs projets qui le mènent au Mexique (1951-1956) et à Costa Rica (1960-1964), où il organise des liens de solidarité en faveur des enfants des plus pauvres dans le cadre de la Cuidad de los Ninos du P. Madina.

Mais l’essai d’une fondation de l’Assomption dans ce dernier pays ne peut aboutir. En 1962, le P. Germain qui a repris son prénom de baptême, Alfred, est transféré à la province d’Amérique du Sud où il va vivre quelque 33 années, plus de la moitié de sa vie religieuse, avec entrain et générosité. Il commence son apostolat à Lota au Chili (1965-1972) où il est chargé des communautés chrétiennes de Colcora, Laraquete et surtout de celles de l’Ile Sainte Marie. Il réussit même dans deux petites localités situées aux extrémités de cette île, à y faire installer l’électricité. A Lota, au prix d’un grand effort, il arrive à injecter quelques milliers de dollars pour faire vivre l’école Santa Maria de las Minas que le gouvernement n’entretient pas. Il y construit des chapelles et anime la vie de ces communautés. Il se fait tout à tous. On le connaît pour sa joie, son entrain, sa générosité. Il ne garde rien pour lui. Il est pauvre et vit pauvrement au milieu des pauvres. De ses amis des Etats Unis (Assumption Guild), le P. Alfred reçoit beaucoup d’argent. Deux fois par an, il fait une tournée de quête auprès d’eux, mais il ne garde pas pour lui un seul denier. On doit même le contraindre pour qu’il s’achète des vêtements un peu convenables. En 1972, il est nommé à Valparaiso (1972-1974), puis il passe par les communautés de Los Andes (1981-1984), Rengo (1984-1985), Notre-Dame de Lourdes à Santiago (1974-1977) et aboutit finalement en 1985 :à Notre-Dame des Anges, dans le quartier de Las Condes à Santiago. Il y vit les 10 dernières années de sa vie, donnant l’exemple d’une vie religieuse simple, pauvre et disponible. Il connaît aussi le drame de la maladie qui peu à peu limite ses activités. Les trois dernières années de sa vie, il ne peut même plus célébrer la messe. Il accepte et vit cette épreuve avec foi. En avril 1993, il revient à la communauté de Notre-Dame de Lourdes, à Santiago. Le 23 mai, il meurt à 82 ans, à l’hôpital de l’Université catholique de la capitale chilienne. Il est enterré dans la crypte de la Basilique de Notre-Dame de Santiago. Le Chili perd en lui un missionnaire dévoué et infatigable, l’Assomption un de ses serviteurs qui illustrent à chaque époque l’une des composantes de son apostolat, à travers son engagement social.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (VI) 1994-1995, p. 97-98. Assumption North America, september 1975, p. 8-9. Asuncion Chile-Argentina, abril-mayo, n° 138, p. 3-12. Lettre du P. Alfred J. Guénette au P. W. Dufault, Costa Rica, 5 juin 1962. Dans les ACR, du P. Germain Guenette, deux correspondances, l’une du Mexique (1953), l’autre de Costa Rica (1962). Notices Biographiques