Germain (Francois Xavier) BURGI – 1864-1937

Portrait.

« Le P. Germain est peu connu dans la jeune Assomption: c’est un ancien,
un vétéran, une colonne de l’œuvre qu’il dirige.

Il nous laisse un exemple précieux: sa discrétion et sa réserve sont
absolues. Il garde dans le secret de son cœur les tracasseries et les
ennuis inhérents à sa charge. Son unique souci est l’accomplissement
méticuleux et méthodique de sa fonction d’économe: il fait les comptes,
expédie les factures.

Comme religieux, il se fait remarquer par sa piété régulière. C’est l’homme
de la règle. Levé été comme hiver à
4 h., il célèbre la messe à 4h
30 puis suit les exercices religieux avec ses confrères.

Le P. Germain ne voudrait pas d’un panégyrique, il serait surpris lui-même
si on ne signale pas les défauts de son caractère. Homme vif, bouillant, à
l’emporte-pièce, il fait taire ses colères aussi vite que se dissipent les
rares nuages que l’on peut apercevoir dans le ciel azuré de Plovdiv. Il
représente un
cas de stabilité assez rare dans l’histoire de l’Assomption de ces années.
Peu lui disputeront le record de 42 ans au même endroit.
De divers témoignages en
1937.

Religieux allemand de la Province de Lyon.

Un badois émigré à Strasbourg.

Xavier est né 21 novembre 1864 à Ehrenstetten, près de Fribourg-en-Brisgau au pays de Bade. Sa famille vient habiter Strasbourg où, avant de suivre des cours à l’école professionnelle (1885- 1887), Xavier est employé dans une maison de commerce, une épicerie de 1879 à 1885. Xavier, parfaitement bilingue, entre à l’alumnat de Notre-Dame des Châteaux (Savoie) de 1887 à 1889. Il prend l’habit sous le nom de Frère Germain à Livry le 29 septembre 1889 où il prononce ses vœux perpétuels le 2 octobre 1891 entre les mains du P. Alfred Mariage. De 1891 à 1893, à Livry, il perfectionne son français et prolonge son temps de formation générale tout en faisant sa théologie. De 1893 à 1984, il est attaché à un service d’administration de la Bonne Presse à Paris et passe une année (1894- 1895) à l’orphelinat d’Arras (Pas-de-Calais). Il a été ordonné prêtre à Livry le 15 août 1893 par Mgr. Goux, évêque de Versailles.

L’économe-modèle de Plovdiv.

En 1895, le P. Germain arrive dans le plein épanouissement de ses forces au collège Saint- Augustin de Plovdiv (Bulgarie). Il est d’abord nommé préfet de discipline. Le premier collège, fondé en 1884, est situé sur les bords des eaux paresseuses de la Maritza: il est appelé à prendre une grande extension sous la sage et prudente direction du P. Elie Bicquemard. En 1897, le collège est reconnu officiellement, quant aux diplômes délivrés, par l’Etat bulgare et par l’Etat français. La ville de Plovdiv, située sur les ‘tepés’ dominant la plaine fertile de la Thrace, est encore environnée à l’époque de rivières propageant la malaria. Le P. Germain paie son tribut à cette maladie la première année de son arrivée à Plovdiv.

En compagnie du Fr. Hermann, le P.Germain doit gagner Constantinople pendant les vacances, le voyage ne coûtant que 22 levas. En 1896, il succède au P. Jovite comme économe, fonction qu’il va remplir pendant 40 ans avec dévouement et habileté. A partir de 1908, dans la section commerciale, il enseigne également l’allemand. Pendant les vacances d’été, il aime prendre part avec ses confrères aux grandes randonnées pédestres à travers le pays. En 1897, c’est l’exploration des Rhodopes; en 1899, c’est au tour du monastère de Botchkovo, de Hroïva, Bela, Tcherkva, l’ascension du Grand Balkan de Troyan; en 1908 vient le tour des anciennes capitales bulgares et de la Mer Noire de Varna à Bourgas. Son dernier effort le conduit, avec l’excellent guide Chichcov, jusqu’au Karamouche et Karamandja en 1911. Puis ce sont les rhumatismes et une hernie qui le forcent à prendre désormais les bains de Hissar. Ces randonnées ont le grand mérite de faire connaître aux religieux et de leur faire apprécier tous les coins et recoins du pays, sur le plan touristique, mais également scientifique de la faune, de la flore et de l’histoire. Lorsqu’arrive la grande guerre, la communauté en 1915 se réduit à la présence des religieux bulgares, à cause du jeu des alliances politiques et militaires. Seuls restent comme missionnaires étrangers les PP. Germain et Hermann, appelés à garder le séminaire jusqu’en 1918. Le collège est transformé en ambulance. Après guerre, il faut penser à achever la nouvelle construction du collège Saint-Augustin. En 1934, le P. Germain a 70 ans et ne songe nullement à prendre sa retraite. Toujours levé à 4 heures du matin, il reste fidèle à son poste, ne s’octroyant qu’un loisir, celui de la philatélie. A partir de 1936 cependant, souffrant d’asthme, d’artériosclérose et de myocardite, il est relevé de sa charge d’enseignant, mais Continue sans sourciller ses relevés de compte trimestriels. Au début de l’année 1937, il doit être hospitalisé. Il meurt sans agonie et sans secousse le 1er avril 1937 dans sa cellule de religieux à Plovdiv. Il est inhumé le 3 avril au cimetière de la ville, le P. Ausone Dampérat, supérieur, présidant les funérailles. Malgré le mauvais temps, une foule compacte participe à la cérémonie, voulant par là témoigner sa reconnaissance à cette ‘colonne du collège’.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1937, n° 962, p. 117; n° 695, p. 143-144; n° 704, p. 217- 221. L’Assomption et ses œuvres 1937, n° 434, supplément, p. 33-34. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Le Messager (collège Saint-Augustin de Plovdiv), avril-juin 1938, p. 14-15. Le P. Burgi a laissé quelques correspondances dans les archives romaines (1907- 1928).