Germer (Victor) BERHAUT – 1900-1918

Lettre de M. V. Berhaut sur la mort de son fils.
« Dieu a rappelé à lui le premier des enfants que je lui avais offerts,
vous ne reverrez plus votre novice Fr. Germer, notre Victor. Ce sont les
mots de Fiat qui font suite à votre devise que je devrais placer en tête de
ma lettre… Dimanche
13 octobre, l’épidémie est tombée sur Gourin, ma plus jeune belle-sœur
vient de mourir trois heures après l’enterrement de Victor que j’étais seul
à accompagner à sa dernière demeure. Notre Victor est mort ce dimanche
13 vers 22 heures. Je me reproche même les larmes que je ne puis m’empêcher
de verser, tant notre fils est mort comme un saint. Mon second fils est
chez les Pères du Saint- Esprit à Suse (Italie), mon troisième est
alumniste à Elorrio chez vous en Espagne. La plus jeune demande à devenir
religieuse
missionnaire. Victor nous parlait sans cesse des religieux, il m’avait prié
d’envoyer aux Pères de Lyon
un peu de beurre de Bretagne, j’ai fait expédier un colis, pensant leur
faire plaisir et vous exprimer tout mon attachement à la Congrégation des
Augustins de l’Assomption qui est devenue la famille de notre cher
Victor… »

Gourin, 26 octobre 1918.

Religieux novice français.

Alumniste.

Victor est né le 3 septembre 1900 à Mordelles dans l’lie-et-Vilaine, au diocèse de Rennes. Ayant manifesté le désir du sacerdoce, le père de famille lui-même lui apprend ainsi qu’à son frère des rudiments de latin. En 1914, Victor demande à être reçu dans un alumnat en Belgique, mais, la guerre déclarée, il prend le chemin d’Elorrio en Espagne: c’est le père lui- même qui accompagne Victor en Biscaye au prix de mille péripéties et qui poursuit ensuite son chemin jusqu’à Suse dans le Piémont pour remettre son second fils entre les mains des Spiritains . Adolescent très simple, franc et doux, Victor gagne rapidement la sympathie de ses camarades à cause d’un caractère toujours joyeux et complaisant. En aoûtl9l6, il est jugé apte à passer en classe d’humanités: il gagne Ascona en Suisse directement, sans retourner quelques jours en vacances auprès des siens, mais prenant soin de faire un arrêt à Lourdes, au pied du rocher de Massabielle pour le pèlerinage national.

Novice de courte durée.

Victor est admis au noviciat. Il écrit sa joie à sa famille en juillet 1918:

« Quelle joie d’être au noviciat. Je me suis donné tout de suite à ma vie religieuse et je m’en suis bien trouvé. Je ne sais encore quand nous prendrons l’habit, mais en attendant, nous suivons les cours comme les novices et même nous nous appelons entre nous frères’. Comme je n’ai pu prendre le nom de Guénael, saint breton dont le nom signifie en français ‘ange blanc, je m’appellerai Fr. Germer, en souvenir du bon Père rappelé à Dieu en septembre dernier [P. Germer-Durand]. Nous sommes ici sous l’égide bienveillante de Notre-Dame de Lumières (Vaucluse) et nous avons comme à Elorrio

Notices Biographiques A.A Page : 245/245 la Sainte Vierge tout près de nous, si l’on peut ainsi parler. J’espère queue nous protègera toujours et qu’elle nous aimera comme ses enfants ».

Visite en famille et décès.

Victor reçoit l’habit religieux le 7 septembre 1918, des mains du P. Joseph Maubon. Le conseil de révision l’ayant déclaré apte pour le service, il obtient l’autorisation d’aller passer un mois dans sa famille qu’il n’a pas revue depuis quatre ans. Le voyage est assez long en chemin de fer, il débarque d’un train express pour une correspondance omnibus ouvert à tous les vents, le dirigeant sur Gourin (Morbihan). Couvert seulement d’une chemise de coton et de sa soutane, sans doute prend-il froid, car il arrive tout transi et déjà malade. Nous sommes le 9 octobre. Il pressent une légère indisposition, le médecin contacté ne peut venir dimanche 13 suivant. Le jeune novice meurt à dix-huit ans, dans sa famille. Il est inhumé à Gourin.

Témoignage du P. Eugène Monsterlet, supérieur d’Elorrio.

Son ancien supérieur d’Elorrio, le P. Eugène Monsterlet, apprenant la nouvelle, écrit:

« On ne sait vraiment ce qu’il faut le plus admirer, ou la simplicité de l’enfant qui part pour le paradis avec un calme si parfait, ou la résignation si humble et si chrétienne du père qui, sans le moindre murmure sur les lèvres, abandonne son fils à Dieu avec des sentiments si touchants. Fr. Germer repose maintenant au petit cimetière de Gourin dans sa terre aimée de Bretagne. Depuis la mort du P. Emmanuel Bailly, supérieur général, le Fr. Germer est le dix-septième sur la liste de nos défunts, mais il est le cinquantième sur le nécrologe de l’alumnat d’Elorrio ».

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Bibliographies

Bibliographie : Lettre à la Dispersion, 1918, n° 541, p. 339-342. Nouvelles de la Famille, 1918, n° 258, p. 363-366. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudrefroy.