Religieux français, mort au front.
Récit conservé d’une vie écourtée.
C’est à quelques kilomètres de Lourdes, au petit village d’Ayros-Arbouix (Hautes-Pyrénées) que naît Jean-Marie Lapene, le 15 septembre 1892. Deux de ses tantes sont religieuses missionnaires en Tunisie et au Liban. Jean-Marie fréquente la petite école du village, ne se faisant remarquer que par la douceur de son caractère. Désireux de devenir prêtre, Jean- Marie confie son projet au curé du village, mais la famille ne peut consentir aux frais financiers que demande le petit séminaire diocésain. Par un concours de circonstances, il connaît l’existence des alumnats et est admis en septembre 1906 à Calahorra (Espagne) où il commence ses études secondaires. Calahorra étant laissé en 1907, Jean- Marie est de la fondation de l’alumnat Notre-Dame de Lourdes à Elorrio, au pays basque espagnol. Il y achève ses études secondaires (1907-1911. Le 3 juillet 1911, Jean-Marie quitte Elorrio et, après quelques jours en famille, il rejoint le noviciat de l’Assomption à Gempe en Belgique. Il prend l’habit le 14 août 1911, sous le nom de Frère Germier. Profès en 1912, il prononce ses voeux perpétuels le 15 août 1913 à Limpertsberg, au Luxembourg où le noviciat a été transféré l’année précédente. Il a la chance de pouvoir encore passer à Louvain pour ses études de philosophie (1913-1914), la déclaration de guerre coupant Limpertsberg de toute relation avec les autres maisons de la Congrégation après le mois d’août 1914.
Le tribut de la guerre.
L’ordre de mobilisation atteint le Frère Germier à Louvain. Le 7 août 1914, avec 26 autres religieux, il rejoint son corps d’affectation, d’abord à Mirande, dans le Gers, au 88ème régiment d’infanterie. Il suit l’école des élèves-caporaux:
« je suis bien fidèle à la récitation du chapelet et je bénis le ciel d’avoir des officiers catholiques pratiquants qui laissent toute latitude à leurs hommes pour leurs devoirs religieux ». De Mirande, il est affecté à Mirepoix, dans l’Ariège, pour les exercices et rnanoeuvres de campagne. Il trouve dans l’archiprêtre de la ville le soutien spirituel offert également à deux autres séminaristes-soldats qui peuvent profiter, dans leurs moments de loisir, de la bibliothèque du presbytère. Il a aussi la joie de partager la vie d’un autre confrère assomptionniste, le Frère Marie-Sever Abadie. Après une courte permission, le Frère Germier monte au front le 14 novembre 1914, avec un détachement de sa compagnie, dirigé sur Saint- Dizier (Marne). Il connaît dans ce secteur très exposé la rude vie des tranchées, creusant des boyaux souterrains, sous la pluie et dans la boue. Atteint de rhumatismes, il est évacué temporairement dans un hôpital à Vendôme (Loir-et-Cher). En mars 1915, après une rapide convalescence à Blois, il rejoint son centre de dépôt, Mirande. Désigné pour la région d’Arras en mai pour compenser les fortes pertes de son régiment au front, il trouve la ville dans un état ravagé: « Il y a des quartiers de la cité qui ont été complètement et systématiquement démolis dont il ne reste que d’immenses tas de pierres et de débris, De l’ancien Hôtel de Ville, on ne voit plus qu’un grand las de pierres d’où émerge un grand mur d’une quarantaine de mètres, pantelant, déchiqueté. Il ne semble être là que pour témoigner de la grandeur de la belle bâtisse qui n’existe plus et de la barbarie teutonne qui a accompli pareil désastre. Il ne reste ici que 6.000 civils, vivant dans des caves ». Il découvre au musée la statue recueillie du P. Halluin, du sculpteur Louis Noél, dont l’orphelinat a été évacué dans l’Allier. En novembre 1915, à Roclincourt, sa compagnie subit les bombardements tant redoutés des torpilles. En mars 1916, le secteur d’Arras est confié aux Anglais. Son régiment passe en Champagne et participe aux meurtrières attaques d’avril 1917. Le Frère Germier meurt en patrouille de reconnaissance, dans la nuit du 12 au 13 août 1917. Il est inhumé au champ d’honneur.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1919, n° 569, p. 271. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du Frère Germier à sa famille, fort de Troyon, 19 mai 1917. Livret sur Jean-Marie Lapene, Frère Germier, par sa tante religieuse Sceur Saint-Rémi (F.N.D.D.), missionnaire au Liban, à Furn El Cheba (près de Beyrouth), s. d., 39 pages. [L’asile des vieillards dirigé par Sr Saint-Rémi Lapene a fait l’objet d’un don de la part du Général de Gaulle, au moment de la seconde guerre mondiale, ce qui vaut aux ACR de posséder la signature autographe du célèbre chef de la France libre]. Dans les ACR, du Frère Germier, nombreuses correspondances écrites du front (1914-1917).