Français, supérieur général (1923-1952). Un premier parcours en Orient. Né à Chignin, près de Montmélian (Savoie) le Il janvier 1875, Jean-Claude Quenard, après son école primaire, a déjà le destin d’un fondateur en participant à la création de l’alumnat de Miribel-les-Echelles (Isère) en 1887. Il achève ses études secondaires à Brian (Drôme) de 1890 à 1892. Il prend l’habit le 7 août 1892 au noviciat de livry (Seine-Saint-Denis), sous le nom de Frère Gervais. Profès annuel le 7 août 1893, il achève son temps de noviciat à Phanaraki (Turquie) où il prononce ses vœux perpétuels, le 15 août 1894 et où il étudie la philosophie (1894-1896). C’est à Jérusalem qu’il fait sa théologie (1896-1900) et qu’il est ordonné prêtre, le 20 août 1899, par Mgr Piavi. Nommé professeur d’Ecriture Sainte à Jérusalem (1900-1904), il collabore au Guide de la Palestine avant d’être affecté aux publications de la Bonne Presse à Paris (1904-1905) où il ne trouve pas sa voie. Le P. Emmanuel Bailly le nomme pour la Russie avec 4 confrères. Le P. Gervais commence son activité à Vilna (1905-1908). En 1908, il est nommé professeur au collège Saint-Augustin de Philippopoli en Bulgarie dont il devient très vite le Supérieur, mais les alliances politico-militaires de la Bulgarie en 1915 ont raison de l’amitié royale envers les religieux du collège qui sont expulsés. Le P. Gervais trouve refuge en Roumanie (1915-1919). Revenu à Philippopoli (1919-1920), ayant cherché sans rancune à plaider la cause de la Bulgarie après le traité de Versailles, le P. Gervais est promu Supérieur de la Mission d’Orient (1920-1923). A la tête de l’Assomption (1923-1952). En 1923, le Saint-Siège nomme le P. Gervais d’autorité supérieur général, mettant fin à l’intermède du vicariat du P. Joseph Maubon et du caractère provisoire des Constitutions de l’Assomption. Nommé à 48 ans, renouvelé deux fois par élection, en 1929 et en 1946 pour deux mandats de 12 ans, le P. Gervais sait donner à l’Assomption, ressoudée après la crise des années 1918-1922, l’élan de sa propre jeunesse. Il lui faut beaucoup d’énergie et de force morale, ainsi qu’aux membres de la Curie, pour recréer l’unité entre tous, rassembler en France les religieux anciens qui vivent en isolés, imposer de nouveaux choix et de nouveaux chefs (Merklen à La Croix, Protin à Bordeaux). La Congrégation est organisée selon les directives romaines en 4 provinces, 3 en France et Belgique-Hollande. Le P. Gervais fonde en 1924 la société anonyme de la Bonne Presse pour reprendre l’entreprise que Paul Féron-Vrau gère depuis 1900. En 1932, il ne craint pas d’appuyer la nouvelle direction de La Croix pour qu’elle se démarque de ses anciennes attaches et entre dans le nouveau cours A.A tracé par Pie XI (condamnation des nationalismes, émergence des mouvements d’Action catholique). Il retisse le lien d’unité entre les deux branches d’Oblates de Paris et de Nîmes (1926), panse les plaies de la première guerre mondiale et adapte les structures de l’Institut au rythme d’un développement vigoureux: en 1935, les quatre Provinces comptent 1036 religieux répartis entre 102 maisons; elles font place à trois vice-provinces qui deviennent provinces à part entière en 1946 (Pays-Bas, Angleterre, Amérique du Nord); cette même année 1946, ce sont 1596 religieux répartis entre 125 maisons dans 23 pays. Le P. Gervais doit accompagner en Orient une mutation douloureuse. Il tourne l’Assomption vers des terres nouvelles, en Afrique le Congo (1929) et en Asie la Mandchourie (1935). La Mission d’Orient se redéploie autour du bassin méditerranéen et dans l’Europe centrale en 1923-1924, l’Assomption accepte la demande de fondation de communautés en faveur de l’Eglise gréco-catholique en Transylvanie (Roumanie), en 1925 le P. Bélard plante sa tente à Belgrade (Yougoslavie), en 1934 c’est au tour de la Grèce et de la Tunisie. Le P. Gervais s’attache à visiter par de longs et fatigants voyages toutes les implantations de l’Assomption, accordant à ses Congrégations féminines une attitude faite de respect pour leur autonomie et de soutien pour leur développement. En 1931, il peut racheter la maison natale du P. d’Alzon au Vigan (Gard) pour la confier aux Orantes en 1937. Mais à peine, cette nouvelle carte géographique est-elle dessinée que la seconde guerre, mondiale vient remettre en cause et fragiliser ces implantations plus récentes: l’Orient est sous l’emprise du communisme politique à partir de 1945; les communautés de Manchourie, de Roumanie et de Bulgarie sont dispersées dans les années qui suivent, trois religieux passés par les armes après un semblant de procès à Sofia (1952). Pendant les années de guerre, les membres de la Curie, fuyant Rome, doivent résider en France, répartis entre zone Nord (Chaville) et zone Sud (Lyon), la moyenne d’âge s’alourdit et sa composition, revue au fil des décès, n’a guère d’homogénéité. Il faut attendre 1946 pour réunir un chapitre général. L’Assomption manque de souffle pour imaginer une nouvelle donne, même si le P. Gervais mérite une confiance renouvelée. Il a la joie en 1950 de saluer la définition dogmatique de l’Assomption de Marie. Ses fils hollandais trouvent occasion de servir la cause orientale au Liban (1950). A Rome, le P. Gervais, très connu dans les cercles hiérarchiques, anime avec le P. C. Boyer, sj., la revue Unitas et se trouve à l’origine de ce qui va devenir l’Union des Supérieurs Majeurs (U.S.M.). A la fin de l’année 1951, le P. Gervais, âgé et fatigué, annonce son intention de se démettre de sa charge. Devenu un vénérable patriarche, il continue de résider à Rome. Lui qui après 1929 avait procédé au changement de domicile de la Curie, de l’ancien palais Filippani de l’Ara Ca–Il rasé par l’urbanisme mussolinien à la nouvelle construction de Tor du Nona sur les berges du Tibre, s’adapte à la nouvelle résidence de la Via Madonna del Riposo, quartier Aurelio, construite par son successeur le P. Wilfrid Dufault (1958). Le P. Gervais meurt à Rome, le 6 février 1961, à 86 ans achevés et à la veille de l’ouverture du concile de Vatican Il qu’il a appelé de ses vœux, en participant comme conseiller et auditeur auprès de commissions préparatoires. Il est inhumé à Rome, au Campo Verano.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A., octobre 1962, p. 168. La Croix, 7 février 1961. Lettre à la Famille, 1961, n° 307, p. 33-40; n° 312-313, p. 73-83. Circulaire du P. Vilfrid Dufault, 22 février 1961. Joseph Girard-Reydet, le P. Gervais Quenard, Bonne Presse, 1967, 302 pages. Catholicisme, 1990, t. XII, col. 355.Notice biographique du P. Quenard dans le Dictionnaire biographique de la Savoie, Beauchesne, 1996, p. 345. On doit au P. Gervais Quenard outre ses Circulaires aux Religieux de l’Assomption reliées en 3 volumes plusieurs ouvrages dont: Les Augustins de l’Assomption (1928), Memento du Nouveau Testament (1932), L’Evangile du Royaume de Dieu (1935), Le Miracle des Eglises noires (1936), Le Message des Apôtres (1940), Le tour du monde par l’Extrême-Orient (1937), Le Christ est venu (1946), Lee deux Amériques à vol d’oiseau (1950), Le Rosaire de la Passion (1951), Hier (1955), Tout l’Evangile (1959). Le P. Gervais Quenard a laissé de nombreux carnets, éphémérides, notes personnelles, pages d’histoire, rticles et documents, et une correspondance importante. Notices Biographiques