Géry-Joseph (Joseph-Désiré) DELORY – 1906-1974

Libération de Dachau.
« Je suis à Dachau et en bonne santé. C’est le dimanche 29 avril à 17h.30
que les soldats américains nous ont délivrés. Avec quel délire ils ont été
accueillis, vous le devinez, par les trente et quelques milliers
de prisonniers qui les attendaient! Avant de pénétrer dans le camp, ils
avaient vu tant de cadavres et d’horreurs que tous les S.S. qui nous
gardaient ont été exécutés, n’ayant d’ailleurs pas rempli
les clauses de reddition. Quand nos libérateurs ont pénétré dans le camp et
vu de leurs yeux des scènes que les autres ne croiront qu’à moitié, ils ont
mieux compris notre enthousiasme, nos émotions et notre reconnaissance.
Tous, nous devions y passer. Heureusement que les spectacles extérieurs les
ont poussés à venir à nous avant d’aller à Munich. Je compte parmi les gens
en bonne santé. Nous avons des milliers de malades et d’exténués, en
particulier des rescapés des derniers transports. Que de victimes et dans
quelles conditions! Demain une cérémonie de reconnaissance et une messe des
morts auront lieu sur la place d’appel où un autel monumental a été dressé
… ».
P. Delory 2 mai 1945.

Géry-Joseph (Joseph-Désiré) DELORY

1906-1974

Religieux de la Province de Paris.

D’une famille attachée à l’Assomption.

Joseph-Désiré naît le 13 mars 1906 à Fort-Mardyck, près de Dunkerque (Nord), d’une famille de marins. Une de ses Sœurs se fera religieuse Oblate, missionnaire au Congo, une autre Petite Sœur de l’Assomption. La mère, veuve assez tôt se dévoue plusieurs années à Saint-Bernard de Clairmarais (Pas- de-Calais). Le jeune Joseph fait ses primaires à Petite Scynthe. Il est reçu à Saint-Maur (1918-1921), à Sart- les-Moines (1921-1923). Vient l’heure du noviciat, commencé le 31 octobre 1923 à Saint-Gérard, par la prise d’habit sous le nom de Frère Géry-Joseph. Après les premiers vœux prononcés à Taintegnies le 1er novembre 1924, ce sont les années de philosophie à Saint-Gérard (1924-1927), le service militaire dans l’artillerie à Laon (1927-1928) et les études de théologie à Louvain (1928-1932) où ont lieu la cérémonie de la profession perpétuelle, le 1er décembre 1929, et celle de l’ordination sacerdotale, le 5 juin 1932 par Mgr. Ladeuze. « Le Frère G.-Joseph a de réelles qualités. Il aime la prière liturgique qu’il étudie avec soin dans Dom Guéranger il fait bien les cérémonies. Il a un besoin de se donner et a de la facilité pour le travail manuel, la menuiserie. Il aime un peu trop se faire-valoir et se montre parfois brusque avec les frères. Ce sont là des défauts qui s’atténuent avec l’âge et la réflexion ». De 1932 à 1938, le P. Géry-Joseph est envoyé dans les alumnats pour l’enseignement: Poussan (Hérault) en 1934-1935 Le Bizet (Belgique) de 1935 à 1938.

En ministère paroissial, avant, pendant et après la guerre.

En août 1938, le P. Delory est affecté à la paroisse St Christophe de javel à Paris (1938-1948), dix années qu’interrompent la mobilisation (1939-1940), le départ au S.T.O., un séjour éprouvant à Vienne et l’internement à Dachau (1943-1945).

Sur le refus des autorités allemandes de reconnaître des prêtres aumôniers pour le S.T.O., l’épiscopat français envoie des ‘prêtres clandestins’, présentés comme travailleurs volontaires et assurant une vie religieuse pour les camarades requis de force. Le livre de Jean Pellissier emprunte quelques souvenirs à l’expérience P. Delory, disant ses combats et ses souffrances durant sa période de vie en Autriche-Allemagne. Le P. Delory reprend son ministère, quai de javel, après la guerre. Les fidèles font un accueil chaleureux, lui le rescapé squelettique, dans sa tenue de camp qui ne cache rien des souffrances multiformes endurées dans un lieu à jamais maudit. Avec les paroissiens, le Père Delory se montre d’un abord facile et agréable, mais sa santé est ébranlée. On lui propose un séjour bénéfique dans le Midi à Montpellier (1948-1951), mais il ne s’adapte pas à la mentalité méridionale. Il ‘remonte’ à Paris, dans les paroisses de Longpont et de Villiers-sur-Orge que Mgr. Roland-Gosselin confie à l’Assomption. Le P. Delory y est curé de 1951 à 1961, prêchant avec aisance des sermons préparés avec soin. Homme de contact, il est à l’aise dans tous les milieux. Il aménage une salle dans son presbytère pour l’accueil des pèlerins à Notre-Dame de Bonne Garde dont il diffuse le culte. En 1961, on lui demande d’assurer à Lille la direction régionale de l’Association Notre-Dame de Salut (1961-1964), mais les pèlerinages, impliquant de fréquents voyages, ne conviennent guère à sa santé physique. Il faut songer à un poste plus sédentaire que lui offre la paroisse des Essarts (Seine-Maritime) de 1964 à 1974. Prêtre dans toute l’extension d’une vie apostolique donnée, il entre dans les nouvelles directives de collaboration prétres/laïcs pour un meilleur service paroissial. Il confie à un comité de laïcs la gestion financière de la paroisse, innovation encore très peu répandue. Désintéressé, il fait profiter des initiatives missionnaires en Afrique de sa pension de déporté.

Au dernier jour.

Le 21 août 1974, le P. Delory doit partir prendre quelques jours de repos dans son pays natal, mais on doit le conduire d’urgence à l’hôpital Charles Nicolle. Il meurt dans la soirée. Les funérailles sont célébrées le lundi 26 août. Le corps du Père Delory est inhumé au cimetière des Essarts, auprès de ses confrères qui l’ont précédé dans l’attente de la Résurrection.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. mars 1975 p. 266-267. Notice biographique par le P. Vandepitte (pour Paris-Assomption), 4 pages. Jean Pellissier, Si la Gestapo avait su!, 1945, B.P. Edmond Michelet, Rue de la liberté. Carnet de notes du P. Santu. Supplément à la Lettre 1945, n° 7, p. 29-30. Les ACR possèdent une correspondance nourrie du P. Géry-Joseph pendant la guerre de 1939- 1945, ainsi que ses rapports sur Longpont (1953-1959). Notices Biographiques