Ghislain (Jules-Célestin-G.) CRAVATTE – 1912-1975

Sur les routes de l’exode.
« Je m’excuse tout d’abord de ne pas vous avoir écrit plus tôt. La menace
allemande ne me permettait pas cette joie.
La santé était assez précaire le moral était bon. Je me suis bien reposé
aux Essarts avec un de nos alumnistes de Sar- lesMoines (il s’appelle
Mathieu Mollan). Nous allons reprendre la route de Toulouse. Nous ferons
tout notre possible pour nous arrêter dans une de nos maisons, Agen ou
Layrac, plus certainement Toulouse. Ainsi recevrons-nous sans doute des
instructions assomptionistes
avant d’entrer dans ce qui reste de l’armée belge.
Pour nous, tout s’est bien passé jusqu’à présent. Je souhaite qu’il en ait
été de même pour tous les Assomptionistes réfugiés. Je remets mon meilleur
bonjour à ceux qui pourraient demander de nos nouvelles. Avec les grâces du
Sacré-Cœur, notre Congrégation comme la France sortira de l’épreuve plus
grande que jamais. Avec cette double foi chevillée au cœur, je marcherai
tranquille
1à où le Bon Dieu me veut ». P. Ghislain.
30.05.1940 Les Essarts.

Religieux de la Province de Belgique-Sud.

Curriculum vitae.

Jules-Célestin-Ghislain Cravatte est né le 10 janvier 1912 naît à Bourcy, dans la province du Luxembourg belge. Après ses classes primaires, il part à l’alumnat de Bure (Belgique) de 1926 à 1929, puis à celui de Sart-les-Moines (1929- 1931). Il entre au noviciat de Taintegnies le 4 octobre 1931, y prend l’habit sous le nom de Frère Ghislain et y prononce ses premiers vœux le 5 octobre 1930. Le P. Romanus Declerq, son maître des novices, le juge ainsi: « Fr. Ghislain est un su et d’élite, très bien doué. Il s’est classé nettement et de beaucoup premier à l’examen de juin. De très belles qualités morales. Très aimé de tout le monde. Daigne Notre-Seigneur nous donner beaucoup de sujets pareils à celui-ci ». Il étudie la philosophie à Saint-Gérard (1932- 1934) et la théologie à Louvain (1935 à 1939). A Louvain, le 5 octobre 1935, le Frère Ghislain émet sa profession perpétuelle. Le P. Aubain Colette, alors supérieur de la maison d’études, porte cette appréciation: « Le Frère a passé aussi par une crise de croissance dans laquelle il a semblé se débattre pour trouver sa position d’équilibre. Il a perdu un peu cette application calme et cette docilité d’enfant qui le caractérisait. Il en est devenu un peu indépendant, discuteur, bavard. C’est la réaction, due à un débordement de vie physique et intellectuelle qui détermine cette fougue de jeunesse un peu désordonnée et oublieuse de la règle. C’est une force à capter au profit des exigences de la vie religieuse et de l’apostolat ». Il est ordonné prêtre le 26 février 1939.

Une vie consacrée à l’apostolat.

Le P. Ghislain est immédiatement affecté, après son temps de formation et l’intermède perturbant de l’entrée en guerre,

à l’apostolat de l’engeignement dans les alumnats: c’est tout d’abord Sart-les-Moines (1939- 1944). Il peut se consacrer à des études supérieures à Louvain de 1944 à 1946 pour une spécialisation en philologie romane et classique. En 1946, il reprend son poste d’enseignant à Sart-les-Moines jusqu’en 1951 où il passe à Bure comme titulaire de la classe de première jusqu’en 1963. C’est alors qu’il est envoyé au Congo, au séminaire de Musienene, comme professeur de première, mais très vite malade, il doit rentrer en Belgique, ne supportant pas le climat et les conditions de vie. A partir de 1964, nous le retrouvons à Bure comme professeur et directeur de la revue ‘Jeunesses’. En 1970, il tente un passage à la pastorale paroissiale comme curé du charmant village de Chantemelle, mais c’est un échec. Aussi revient-il faire surface et se remettre à Bure où il rend de menus services, faisant office de vicaire à Grupont, prêchant à la demande, assurant des surveillances et faisant quelques cours en préparatoire. Excellent professeur, très consciencieux, très clair, il se montre en communauté délicieux confrère, très attaché à l’esprit familial de l’Assomption. Le 9 janvier 1975, le P. Ghislain est pris d’un malaise cardiaque au moment du goûter. Il est transporté rapidement à Libramont où il meurt le soir même, vers 21 heures. Il est inhumé à Bure le 13 janvier avec un concours important de la population, disant par là même son attachement à ce religieux.

Une immense sympathie pour une mission à adapter.

Celui qui a donné sa vie à la formation de générations d’alumnistes a vu aussi le changement des conditions de la société et de l’Eglise dans la décennie des années 1960. Cette évolution lui a inspiré ces sages réflexions sur la vie d’un assomptionniste dans l’enseignement que ne renieraient pas aujourd’hui les organismes de tutelle congréganiste: « On a eu la sagesse de procéder par étapes, plus ou moins espacées, de faire grandir le corps sans le faire changer d’âme. Une institution enseignante, animée par l’esprit du P. d’Alzon, sa spiritualité et sa pédagogie, est une institution assomptionniste, queue soit l’alumnat d’autrefois ou le collège d’aujourd’hui. Elle a évolué par adaptation au milieu et au temps et non par mutation incontrôlée. Gardant son âme intacte, elle garde son originalité et justifie son existence ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 5. Belgique-Sud-Assomption, 1975, p. 1859-1860. Marc Champion, Province du Zaïre, Religieux Défunts (1929-1994), Butembo 1994, p. 19-20. Le P. Ghislain Cravatte a publié un article 1 ‘La Geste du Chevalier’, dans les Mélanges Emmanuel d’Alzon, conférences de la semaine Alzonienne, Hal (1951), p. 327-336. on lui doit aussi de nombreux éditoriaux et des articles dans la revue L’Assomption, Jeunesses de Bure (années 1964-1968), dont ‘L’Assomption belge et l’enseignement’, Jeunesses n° 10, été 1967, p. 4-7.