Religieux français.
Sur les routes de la dispersion.
Né le 20 février 1881 à Guéméné-sur-Scorff (Morbihan), Julien Le Liboux étudie au petit séminaire de Sainte-Anne-d’Auray. Un de ses frères devient prêtre séculier du diocèse de Vannes. Julien entre au noviciat de Livry-Gargan (Seine-Saint- Denis) comme postulant en septembre 1899. Il y prend l’habit le 21 novembre suivant, sous le nom de Frère Gildas, au lendemain des visites domiciliaires qui annoncent la dispersion. En avril 1900, il rejoint provisoirement Gemert aux Pays- Bas. Le noviciat est encore transféré en août 1901 à Louvain (Belgique). Profès annuel le 21 novembre 1900, il est envoyé en septembre 1901 enseigner à l’alumnat de Clairmarais (Pas-de-Calais) où la vie est fort perturbée en raison du procès qui jette les Assomptionnistes hors de l’hexagone. Le Frère Gildas peut enfin prononcer ses v?ux perpétuels à Louvain, le 4 octobre 1904. Mettant à profit ses temps libres pour étudier à l’Université de Lille (Nord), il a pu décrocher une licence ès-lettres à Paris en 1904. A Louvain il entreprend ses études de théologie (1904-1908) et il y est ordonné prêtre le 19 juillet 1908. Doué de capacités intellectuelles remarquables, il est à Louvain tout autant élève que professeur, écrivant des articles dans la Revue Augustinienne. Il est alors détaché pour les oeuvres de presse, à Paris, où il est directeur de la Semaine littéraire, sous le pseudonyme de julien Laurec (1). D’une grande sensibilité, d’un goût affiné, il donne à la revue une notoriété professionnelle reconnue (2).
Sacrifié aux nécessités de la guerre.
Le P. Gildas, au moment où la guerre éclate, se trouve dans la situation de réformé. De santé toujours fragile, d’apparence délicate,
il souffre d’une grosseur au genou qui le rend inapte aux exercices militaires. Mais alors qu’il célèbre un jour de mai 1917 dans la chapelle des Auxiliatrices du Purgatoire, rue Jean Goujon, cet abcès crève et, la plaie une fois nettoyée, le genou est guéri. Quelques jours après, à nouveau convoqué par la Commission de réforme, le P. Gildas est cette fois déclaré bon pour le service. Il est incorporé le 5 juin 1917 au 89ème régiment d’infanterie et il subit le dur régime d’instruction et d’exercice qui prélude à la montée des nouvelles classes au front. Exténué, il reparaît devant une nouvelle Commission de réforme qui le déclare définitivement impropre au service armé et le verse dans une catégorie auxiliaire, le 3 octobre 1917. Il est affecté à la garde de prisonniers allemands à Larchamps, dans la grande banlieue parisienne (Seine-et-Marne). Compagnon de chaîne de ses captifs astreints aux travaux agricoles, il endure le dur hiver 1917-1918 avant d’être muté au service de la correspondance des prisonniers de guerre, dépendant du ministère des Affaires étrangères. Il trouve le temps de se consacrer à l’apostolat des Fraternités des Petites S?urs de l’Assomption à Levallois. Hospitalisé en juin 1918 à l’ambulance 272 pour une otite aggravée d’une mastoïdite, il est emporté par une méningite foudroyante, le 28 juin suivant, à l’âge de 38 ans. Les obsèques, présidées par le P.Joseph Maubon, sont célébrées à Paris, en l’église Saint-Pierre de Chaillot, le 1er juillet 1918. Le corps est déposé au caveau parisien de Montparnasse, dans la tombe de l’Assomption. On lui rend les honneurs militaires.
(1) La Semaine littéraire paraît d’abord comme un supplément de La Croix où écrivent notamment des écrivains de talent, Francis Jammes, Paul Claudel, Bellaigues, Bauniann, Robert Valléry-Radot. julien est tout simplement la reprise du prénom de baptême, mais nous ignorons d’où provient le nom de Laurec qui sonne comme un toponyme breton. (2) Ce sont les difficultés dues à la guerre qui décident l’arrêt de la revue. Le P. Gildas passe à la direction du Pèlerin. Il publie aussi son ouvrage principal, Renouveau catholique dans les lettres, une oeuvre saluée par la critique littéraire comme de grande valeur et de grande finesse psychologique.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1918, n) 525, p. 81-96; 1919, n° 569, p. 272. Lettre-circulaire du P. Joseph Maubon, 4 juillet 1918. Dans les ACR, du Frère Gildas Le Liboux, quelques poésies et correspondances (1908-1917). Bibliographie du P. Gildas Le Liboux, clans Ontmoeting, 1967. On trouve en particulier du P. Gildas le Liboux de nombreux articles dans la Semaine littéraire et Le Pèlerin.