Girard (Jean Zoile) GIRARD – 1889-1922

Saint-Sigismond, fondation.
« Le P. Arthur [Dreprez] nous a annoncé dans sa dernière lettre que je
déposerai bientôt marteau et tenailles pour prendre la plume: c’est ce que
je fais aujourd’hui, dimanche jour de repos. Je n’ai pas donné de mes
nouvelles
depuis 5 mois. Je vous remercie de m’avoir fait participer pour une faible
part à l’installation de Saint- Sigismond. J’y suis venu au début du mois
d’août. Tout s’est bien passé, j’ai eu mon passeport tout de suite sans
difficulté. Depuis mon arrivée, j’ai tâché de me rendre utile de mon mieux.
Nous essayons de mettre la maison en état. J’ai aidé le P. Jean-Baptiste
[Riottel à renouveler l’installation électrique provisoire, laissée par la
Croix-Rouge. Je suis si heureux de me dévouer pour l’œuvre des vocations.
Le P. Arthur se propose de me
désigner comme professeur de seconde section: j’en suis on
ne peut plus content et prêt à faire du bien à ces enfants que je connais
presque tous. J’ai fait classe entre temps à ceux qui viennent de Vinovo et
le
P. Arthur m’a chargé de m’occuper du recrutement de ceux de la région. En
un mois, nous avons déjà eu une vingtaine de propositions… ». P. Girard.

Girard (Jean Zoile) GIRARD

1889-1922

Religieux français.

Chassé-croisé entre l’Est et l’Ouest.

Jean-Zoile (1) Girard naît le 27 février 1889 à Saint- Etienne-en-Dévoluy (Hautes-Alpes). Après la communale, il entre comme alumniste à Miribel-les- Echelles (Isère) pour sa formation secondaire (1901- 1906). Il reçoit l’habit religieux, le 29 septembre 1906, au noviciat à Louvain (Belgique) des mains du P. Emmanuel Bailly. Il prend le nom de Frère Girard (2). Il prononce ses premiers vœux le 29 septembre 1907 et ses vœux perpétuels le 21 septembre 1908. Pendant un an (1908-1909), il suit les cours de philosophie à Louvain, avant d’être envoyé comme professeur à l’alumnat de Vinovo (1909-1911). Il revient à Louvain accomplir une seconde année de philosophie et commencer sa théologie (1911-1913). Il est alors envoyé à Jérusalem (septembre 1913), mais, lors de la déclaration de guerre de la Turquie aux Alliés, il est expulsé avec la quasi-totalité des membres de la communauté (décembre 1914) et il vient trouver refuge à Rome pour achever ses études (1915-1917) et être ordonné prêtre (14 mai 1916).

A l’œuvre à Saint-Sigismond (1919-1922).

Le P. Girard est presque aussitôt attaché à l’œuvre de Notre-Dame des vocations, à l’alumnat de Saint- Sigismond (Savoie) dont il est l’un des membres fondateurs. Professeur très consciencieux, il travaille beaucoup et sait inculquer à ses élèves l’amour du travail. Il possède un véritable don pour mener et diriger des enfants. Il puise cette influence dans l’amour qu’il porte à ces jeunes vocations. Au retour d’un pèlerinage à Lourdes le Père Girard est atteint d’une forte fièvre cérébrale que l’on ne peut enrayer. Transporté à l’hôpital d’Albertville, il montre beaucoup de patience et de résignation dans le support de ses souffrances et l’acceptation de la volonté du Seigneur. Il expire le matin du 18 octobre 1922.

Il n’a que 33 ans. Son corps repose au petit cimetière de Saint-Sigismond, entourant l’église du village.

Cérémonie de deuil.

« Nous avons donc conduit à sa dernière demeure, vendredi matin, le bon Père Girard qui nous avait quittés le mercredi vers les 8 heures, dans l’intervalle où le P. Désiré qui le voyait si mal, venait m’avertir du danger. Aussitôt après le décès, nous avons fait en hâte les démarches pour ramener son corps de l’hôpital à la maison. Les Religieux, les Sœurs et les enfants purent ainsi l’entourer et prier pour le repos de son âme du mercredi soir au vendredi matin. Les funérailles se firent dans notre paroisse de Saint-Sigismond. De nombreux prêtres vinrent nous offrir leurs condoléances et parent part au cortège. On y remarqua plus particulièrement Mgr Chamiot- Prieur, prélat de la maison de sa Sainteté, le chanoine Frison chancelier, les archiprêtres d’Albertville, de Conflans et de Cevins et le supérieur du petit séminaire de Saint-Paul. Aux prêtres étaient venus se joindre nos amis de la région, les religieuses et des groupes d’enfants des diverses communautés de la ville, ce qui donna à ce cortège un caractère vraiment Pieux et recueilli. L’abbé Bochet, curé de Saint-Sigismond, fit la levée du corps et j’offris le saint Sacrifice de la Messe Les chants furent assurés par les alumnistes; l’exécution en fut bonne… » (3).

(1) Saint Zoile, fêté le 27 juin, est un martyr de Cordoue en Espagne, sous Dioclétien. L’abbaye bénédictine de San Zoil de Carrion, dans la province de Léon, fut construite pour abriter ses reliques et celles de ses 19 compagnons dont l’historicité est tout aussi douteuse.

(2) On peut voir dans l’adoption de ce prénom religieux une simplification puisqu’il recouvre le patronyme. Saint Girard est ignoré du martyrologe. Mais ce n’est qu’une variante de Saint- Gérard qui, lui, est abondamment illustré.

(3) D’après la lettre du P. Joseph-Marie Marchand (1884-1964) au P. Joseph Maubon, Saint- Sigisrnond, 24 octobre 1922.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1922, n° 32, p. 233; n° 34, p. 253-255; n° 37, p. 279-280. L’Assomption 1923, n° 258, p. 5-6. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre citée du P. Girard Girard au P. Emanuel Bailly, Saint-Sigismond, 16 septembre 1917. Dans les ACR, du P. Girard Girard, une quinzaine de correspondances (1909-1922). Notices Biographiques