Religieux belge, missionnaire au Congo.
Formation.
Hubert-Jacob-Joseph Cieuren est né le 10 septembre 1908 à Vlijtingen dans le Limbourg belge. Il fait ses études secondaires dans les alumnats de Zepperen (1920-1924) et de Sart- lesMoines (1924-1926). Hubert prend l’habit le 5 novembre 1926 à Taintegnies, sous le nom de Frère Gisbert. Les études de philosophie se déroulent à Saint-Gérard (Belgique) de 1926 à 1928 et, après un an d’enseignement à Kapelle- op-den-Bos et une année de service militaire en qualité d’infirmier-brancardier, le Frère Gisbert est prêt à étudier la théologie à Louvain (19301934). Il prononce ses vœux perpétuels à Louvain le 1er novembre 1931, où il est également ordonné prêtre le 16 avril 1934 par le cardinal Van Roey. Au lendemain de son ordination, le P. Gisbert est nommé professeur à Zepperen et l’année suivante, économe à Louvain.
Missionnaire au Congo, inventif et original.
Le voici prêt pour une autre aventure, la vie missionnaire. Le 12 novembre 1936, il quitte la Belgique avec le P. Marie-Jean Hennaut, chef de groupe, et cinq autres confrères, les PP. Martial Ronvaux, Romanus Deciercq, Gilles Créteur, André Dumon et le Frère Stefaan Van Herkhuyzen. L’embarquement se fait à Gênes sur l’Ussukuma pour Mombassa. L’arrivée à Béni, sans tambour ni trompette, a lieu le 1-7 décembre au soir, c’est-à-dire deux jours après la date fixée: on s’est porté vainement à leur rencontre avec croix et bannière pendant deux jours! Crottés et perclus, juchés sur des malles dans un camion non bâché, aux ressorts sévères, les missionnaires ‘neufs’ découvrent vite la réalité des conditions de vie ordinaire. Désigné pour le poste de Mulo, fondé à Noël 1934, le P. Gisbert se met à la tâche sous la houlette du P. Conrad Groenen,
Un coup dur pour la Mission du Congo.
« Télégramme de Entebbe! ‘P. Cleuren mort. Thrombose, Kampala, nuit du onze [juillet 1963]. Prosper [Bleijs]’. Le P. Gisbert était allé conduire les PP. Rigobert [Starink] et Prosper [Bleijs] à Kampala en Ouganda pour soins médicaux, lui-même allait bien!
Nous attendons une lettre avec de plus amples nouvelles. Coup dur pour la Mission et Monseigneur [Piérard], perte du grand financier de Béni. Ce matin, nous recevons à Bruxelles une lettre du Père Gisbert lui-même disant qu’il va bien, et nous rassure sur le compte du P. Rigobert qui s’était cogné la tête contre un mur, d’où nécessité de radios médicales pour le crâne.
Tout le monde prie pour lui et pour la mission. Respectueusement vôtre: P. Martial Ronvaux, supérieur provincial de Belgique-Sud. ».
Carte du 13 juillet 1963, adressée de Bruxelles, rue Duquesnoy au P. Wilfrid Dufault.
Notices Biographiques A.A avec vaillance et originalité. Féru de mécanique, le P. Gisbert a eu soin d’emporter avec lui une grosse moto qui se révèle bien utile pour le ministère et les courses à Lubero. Il ne lui déplait pas de jouer des farces à ses confrères: proposer un petit tour sur une vieille moto qu’il sait déréglée, détraquer le véhicule qui va servir le jour même à l’examen de conduite du Frère Stefaan… Dans toute la région, on connaît le ‘péril rouge’, nom de la vieille guimbarde laissée par un colon entre les mains expertes du P. Gisbert, le seul à s’aventurer dans ce véhicule où le tableau de bord n’offre aux yeux qu’un labyrinthe de fils de fer et de ficelles mais qui le classe parmi les moyens de transport .sûrs’, c’est-à-dire exempts de vol! Pour les visites en brousse, les ‘safari du missionnaire’, dans la région très accidentée de Lubéro, dépourvue de voies carrossables, le P. Gisbert utilise volontiers les services d’un âne, vieux, exigeant et omnivore, tabac compris! Seule la poigne du maître arrive à lui faire franchir les cours d’eau. Quand l’âne est monté par le jeune noir qui sert d’écuyer au Père et que l’on surnomme ‘de witte’, les passants assistent gratuitement à un rodéo de grande classe. Le P. Gisbert s’intéresse à tout, y compris à la photographie. De là il devient cinéaste-amateur, chargé des séances de cinéma à Butembo, y compris de celles en plein air pour la population. Il réalise des films en couleurs et de longs métrages sur la région du Nord-Kivu qui peuvent figurer dans un musée d’ethnologie culturelle: soirées de ‘pombé’ en brousse, mariages coutumiers et funérailles chez les Pygmées. Il confectionne même un film grâce à des techniciens dont la bande-son exploite les relations des missionnaires publiées par ‘L’Afrique ardente’. Le réalisateur Fred Zinneman lui doit son concours pour le tournage de ‘Au risque de se perdre’ (1958), réalisé dans la région de Stanleyville (Kisangani). Rentré au Congo, après un congé-éclair au pays en mai 1962, le P. Gisbert asthmatique se soigne en autodidacte. On le prévient en vain de sa mauvaise mine. Il accompagne le P. Rigobert à l’hôpital des Pères Blancs à Kampala (juillet 1963). Le jeudi 11 juillet, il succombe à l’hôpital de New-Miango de Kampala d’une crise d’angine de poitrine et de thrombose coronaire. Il est inhumé le même jour dans la concession des Frères de Ploérmel à Kisubi. Leur Provincial peut dire au P. Edgar Cuypers en montrant la tombe toute fraîche: « Voici la nouvelle demeure de notre P. Cleuren. Il sera bien ici. Il était de la famille ».
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. mars 1964, p. 232. Lettre à la Famille 1963, n°, 361 p. 481-482. Deo Dati (bulletin de Kapelle-op-den-Bos), déc. 1963, p. 16-17. Contacts (bulletin de Belgique-Sud), août-septembre 1963, p. 2-7. Qu’Il Règne, 1963, n° 137, p. 1-2. De Schakel, sept. 1963, p. 5-8. Marc Champion, Province au Zaïre, Réligieux Défunts (1929-1994), Butembo 1994, p. 13-14. Le P. Gisbert Cleuren a donné quelques nouvelles de Mulo (1937) et écrit quelques correspondances (1961-1962) au P. Dufault, conservées dans les ACR.
