Gonzalès (Maurice-Alphonse) SUISSE – 1889-1972

Paris, 1963.
« Permettez à un pauvre procureur qui se rappelle non sans émotion le
rayonnement de votre gaieté, de votre entrain, de votre joie de jeune
novice lovanien, de vous demander un service. Vous serait-il possible de
m’indiquer le nombre global approximatif de frères qui ont reçu dans toute
la Congrégation le sous- diaconat, le diaconat et le sacerdoce (1 ) au
cours de l’année scolaire 1962-1963? De temps en temps, avec le P.
Possidius [Dauby] qui vous aime toujours beaucoup et me charge de vous
présenter ses religieuses amitiés, nous évoquions cet heureux temps de
jadis. L’ancien Frère Michaël Sanders m’écrit assez souvent. Grâce à son
sérieux, son profond esprit religieux et sacerdotal, il fait beaucoup de
bien dans ses cinq paroisses. Je demande à Dieu d’exaucer votre vif désir
de Lui être de plus en plus uni selon sa
divine volonté. Soyez assuré de ma fidélité dans la prière et dans un
affectueux souvenir
en Notre-Seigneur et Notre- Dame ».

P. Gonzalès Suisse.

(1 ) Réponse du P. Domitien: en 1962-1963, l’Assomption enregistre 13
sous-diacres, 28 diacres et 28 prêtres nouveaux.

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Paris. Premier parcours. Maurice-Alphonse Suisse est né à Paris, au n° 75 Avenue des Ternes dans le XVIIème, le 5 février 1889, d’une famille de commerçants aisés gérant des immeubles rue Championnet. Il fait ses études primaires à Saint-Hilaire-du-Harcouet (Manche) chez les Frères des Ecoles Chrétiennes. Souhaitant préparer son fils à sa succession, son père, Alphonse, lui fait donner des cours dans une école de commerce et le fait placer, comme démarcheur, dans un grand magasin. En 1908, Maurice-Alphonse se présente au Prieuré de Sart-lesMoines (Belgique), où le reçoit le P. Eustache Pruvost. Ce dernier, utilisateur avisé des compétences, en dehors des heures de cours, confie au jeune homme la gérance du petit magasin de souvenirs pieux lié à la chapelle Saint-Michel. Au terme de trois années d’études (1908-1911), Maurice, postulant, demande son admission au noviciat de Gempe. Il y prend l’habit le 14 août 1911, sous le nom de Frère Gonzalès et la direction du P. Antoine de Padoue Vidal. Le temps de noviciat se termine à Limpertsberg (Luxembourg) où il prononce ses premiers vœux le 15 août 1912 et ses vœux perpétuels, l’année suivante à la même date. En septembre 1913, le Frère Gonzalès arrive au scolasticat de la Demi-Rue à Louvain, y retrouvant pour dix ans le P. Possidius Dauby, son professeur d’hagiographie. Doué d’une excellente mémoire, il marque peu d’aptitude pour entrer à fond dans les théories variées des philosophes et des théologiens, y perdant la paix de son esprit et peu à peu sa santé. Pour se distraire, il accompagne dans ses courses le P. Marcellin Guyot dont on narre sans fin avec verve les innombrables incidents comiques. Après six mois de service militaire (1919), le Frère Gonzalès est ordonné prêtre à Malines, le 20 septembre 1919, par Mgr Legraive. Il est immédiatement nommé économe de la maison d’études de Louvain, charge qu’il remplit consciencieusement jusqu’en 1932. Compréhensif, large sans prodigalité, c’est un économe avisé et formé qui, en plus des pensions alimentaires que lui verse le P. Hilaire Canouel de la caisse de Notre-Dame des Vocations, s’ingénie à découvrir des bienfaiteurs. Il peut ainsi financer en 1923 la réfection de la chapelle, décorée par M. Diez, et la meubler de stalles neuves dues à l’ingénieux Frère Marie -Jean Hennaut, toutes réalisations disparues dans le bombardement et l’incendie de 1940. Procureur à la maison provinciale de Paris. En septembre 1932, le P. Gonzalès, remplacé à Louvain par le P. Gustave Ranson, est nommé par le P. Clodoald Sérieix, Provincial de Paris, économe local et procureur du noviciat dans les locaux de Garches (Hauts-de-Seine), A.A 3 chemin des Cliquets. En 1933, il emménage au 79, Avenue Denfert-Rochereau, la communauté provinciale de Paris dans de nouveaux locaux qu’il a lui-même découverts. Il s’agit d’un immeuble qui sert de gîte de repos et de distraction pour des soldats américains où a été construit, à côté d’un grand ho-gymnase, un temple méthodiste. Cet achat grève lourdement les finances de la caisse provinciale. Le nouveau Provincial, le P. Bernardin Bal-Fontaine, nommé en février 1935, se trouve en face de nombreuses demandes : le noviciat des Essarts (Seine-Maritime) regorge et doit être agrandi, Vérargues (Hérault) plaide en faveur d’une nouvelle chapelle, Davézieux (Ardèche) quémande pour une adduction d’eau. Grâce à un sourire conquérant et à un travail efficace, le P. Gonzalès peut suffire à tout, en sollicitant la générosité de nombreux donateurs. Aidé de secrétaires, il personnalise la correspondance, note les événements familiaux, offre des objets religieux et de petites brochures et porte dans sa prière les intentions confiées. Cette vie de procureur est son apostolat, incitant les bienfaiteurs à l’aumône qui couvre la multitude des péchés et entre dans les perspectives d’évangélisation du monde. De fortes crises d’asthme l’oblige dès la cinquantaine à vivre en reclus, dans une chambre calfeutrée par crainte des courants d’air et des variations de température. Soisy-sur-Seine (1940-1965). Dès l’ouverture de l’alumnat de Soisy-sur-Seine (Essonne) en 1940, il s’y établit en compagnie du P. André Hooghe. Soisy est encore une découverte du P. Gonzalès, faite en mai 1937, ancien château de Bourbon-Conti, mis en vente par la famille Domange. Des bâtiments scolaires et une chapelle sont construits, à deux reprises, en 1938 et en 1960, encadrant la demeure historique agrémentée d’un beau parc. Le P. Gonzalès est pour beaucoup dans le financement des travaux de construction et d’aménagement de cette maison de la région parisienne qui cherche à réaliser un type d’alumnat moderne. A partir de 1953, on demande encore au P. Gonzalès de créer une procure pour la nouvelle mission de Tuléar et d’y intéresser de généreux donateurs. Dans cette intention, il lance le bulletin Nouvelles de Tuléar dont les deux séries, celle de 1955 à 1959 et celle de 1959 à 1968, font connaître les travaux apostoliques des premiers religieux et religieuses missionnaires. Il continue à porter le souci des vocations en germe, même à l’heure des fermetures et des reconversions difficiles. D’un dévouement et d’un détachement personnel admirable, il vit un peu isolé en chambre, dépouillant l’abondant courrier, mais ne boudant pas non plus les joies de la vie communautaire: exercices religieux réguliers, repas animés, parties de cartes acharnées où il se révèle vrai prestidigitateur, trichant effrontément, mais assez astucieux pour ne pas être pris sur le fait! Dernières années (1965-1972). Le P. Brajon, Provincial, propose au P. Gonzalès, de prendre à Chanac (Lozère) une retraite bien méritée. Il y meurt le 17 août 1972, après de nombreuses alertes de santé et crises (1966, 1969, 1972) et est inhumé le samedi 19, au cimetière des Vals.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. mars 1974, p. 232. Paris-Assomption, octobre 1972, n° 132, p. 10-15. Lettre du P. Gonzalès Suisse au P. Domitien Meuwissen, Paris, 19 mai 1963. Dans les ACR, du P. Gonzalès Suisse, quelques correspondances (1919-1963). Notices Biographiques