Gordien (Marcel-Alphonse) THOUVENEL – 1910-1974

Scy-Chazelles, 1962.
« Votre mot si aimable à l’occasion de mon jubilé d’argent m’a profondément
touché, surtout que je ne m’y attendais nullement. Merci donc de tout cœur
pour ce geste délicat qui m’est allé droit au cœur. Pratiquement sur ces 25
ans de sacerdoce, j’ai passé les 4/5 dans les alumnats comme professeur
de 4ème. Comme jeune prêtre, j’avais rêvé de mission en Mandchourie.
L’homme propose et Dieu dispose.
Après tout, je ne le regrette pas. J’ai tout de même eu la joie de voir
monter à l’autel plus d’un ancien élève. C’est donc qu’on n’a pas
complètement perdu son temps et sa peine. On ne forme pas que des
instituteurs
ou des sous-chefs de gare dans nos alumnats. On y forme
aussi des prêtres qui font honneur plus tard soit à notre petite famille
religieuse soit à l’un ou l’autre diocèse. Ici par exemple, en Moselle,
plus d’un ancien de Scy fait honneur à l’alumnat, tels M. l’abbé
Fougerousse, aumônier militaire à Metz ou M. l’abbé Glaenntzel, curé de
Sainte- Sigolène, grosse paroisse
messine. Avant de terminer ce petit mot, je vous remercie encore une fois
de votre gentillesse. Bien vôtre en N.- Dame de l’Assomption ».
P. Gordien.

Religieux de la Province de Lyon. Parcours de vie. Marcel-Alphonse Thouvenel est né le 16 mai 1910 à Schiltigheim, banlieue de Strasbourg (Bas-Rhin). C’est à l’alumnat de Scherwiller (Bas-Rhin) qu’il fait la connaissance de l’Assomption. Il fait partie des premières générations d’alumnistes qui y sont scolarisées (1921-1925). Il poursuit ses études secondaires à l’alumnat de Notre-Dame du Rosaire à Miribel-les-Echelles (Isère), de 1925 à 1927. Sous le nom de Frère Gordien, le P. Savinien Dewaele lui donne l’habit, le 30 octobre 1927, au noviciat Saint- Jean à Scy-Chazelles (Moselle) où il prononce ses premiers vœux, le ler novembre 1928. Le Frère Gordien étudie la philosophie à Saint-Gérard (1928- 1931). Après son temps de service militaire (1931), il est envoyé à l’alumnat de Davézieux (Ardèche), de 1932 à 1933, où il prononce ses vœux perpétuels le 11 février 1933 (1). Puis ce sont les études de théologie au scolasticat Saint-Augustin à Lormoy (Essonne), de 1933 à 1937, où il est ordonné prêtre le 21 février 1937. A la rentrée scolaire 1937-1938, le P. Gordien inaugure un long temps d’enseignement à l’alumnat de Saint-Sigismond (Savoie), où il demeure plus d’une vingtaine d’années (1937-1961), pour la classe de 4ème (2). On lui connaît aussi un temps d’enseignement à l’alumnat de Scy-Chazelles (1961-1966) avant son retour à Scherwiller. En 1970, il quitte la maison pour assurer l’aumônerie du couvent des Bénédictines de Ottmarsheim (Haut-Rhin). Loin de se considérer comme rejeté de Scherwiller, il y revient aussi souvent que possible et avec plaisir. Ces passages en communauté lui sont très agréables. Ceux à qui il se confie savent qu’il souffre un peu de son isolement. Il conserve son régime de vie de ferveur et de régularité. Levé tôt, il consacre à la méditation les premiers moments de sa journée. Page : 71/71 Au moment de célébrer l’Office, il n’y a guère que la retransmission en direct d’un match de football pour lui faire différer de quelques minutes la partie du bréviaire qu’il veut prier. Il meurt à Ottmarsheim le 29 juillet 1974. Ses obsèques sont célébrées le jeudi ler août 1974 en l’église de Scherwiller où se sont rassemblés parents, amis, paroissiens de Scherwiller, d’Ottmarsheim et de Schiltigheim et une vingtaine de religieux, représentants les communautés assomptionnistes. La célébration est présidée par le P. Clément Raesch. Le P. Gordien repose au cimetière de Scherwiller, non loin de l’alumnat où il a enseigné dans la dernière partie de sa vie. Portrait d’un religieux enseignant. L’apostolat du P. Gordien a été consacré entièrement à l’enseignement en alumnat et à la formation de futurs prêtres. Ses anciens élèves se souviennent de l’intérêt qu’il savait leur communiquer pour la connaissance des langues mortes (latin et grec) et du français, les matières de base de la formation classique. Mais sa grande passion fut la recherche de la perfection dans le plain-chaint et d’une liturgie célébrée avec ferveur et beauté. On admirait sa belle voix. On souffrait aussi quelque peu aux longues répétitions de chant où les mélodies et les rythmes n’étaient à ses yeux pas toujours conformes à ses canons. On le savait aussi capable de piquer de saintes colères qui ne laissaient pas de rancune. Au contraire on parlait toujours avec sympathie de ce religieux dans les villages de Savoie et de Haute-Savoie où il se déplaçait à bicyclette. La qualité du relief de montagne de ces régions et la taille du Père Gordien donnaient à l’exercice un réel mérite. De nombreuses familles appréciaient ses visites, sa simplicité naturelle, la grande facilité avec laquelle il tissait des liens d’amitié. Ne restait-il pas souvent en relation épistolaire avec de nombreux anciens élèves? Bien qu’il ait passé presque toute sa vie dans les alumnats, il n’a pas réussi à accepter les changements ou les mutations inévitables que l’évolution des temps y apportait et cela sans doute lui a causé de réelles souffrances. D’après le P. Maurice Métral. Page : 72/72

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 2. Lyon-Assomption, octobre 1974, n° 43, p. 17-18. Lettre du P. Gordien Thouvenel au P. Wilfrid Dufault, Scy-Chazelles, 22 février 1962. (1) Cf Lettre à la Dispersion, 193.3, n° 474, p. 74. (2) Sauf durant les années de guerre 19439-1945. En septembre 1939, avant d’être lui-même mobilisé, le P. Gordien est envoyé en renfort au P. Gélase Uginet à Menton. En mai 1940, il écrit de Tunis qu’il est affecté au bureau du capitaine à titre de secrétaire. Que devient-il ensuite? D’après la répartition de 1944-1945, il est affecté à la comunauté de maranville (Haute-Marne); d’après celle de 1945-1946, il est de retour à Saint-Sigismond.