Gregorios (Eleutherios) NOWACK – 1918-1977

Athènes, 1962.
« Vous trouverez ci-joint le document que vous m’avez demandé. La situation
créée me cause une véritable agonie et je vous remercie de votre
compréhension. Lorsque vous m’avez proposé d’aller à Paris ou même en
Amérique, j’aurais été tenté d’accepter votre proposition si des raisons
sérieuses ne m’en avaient empêché. Mes excellentes relations avec les
théologiens orthodoxes, ecclésiastiques et laïques qui m’ont demandé dix
années de travail et de collaboration, mon catalogue des manuscrits
hagiographiques de la Bibliothèque Nationale d’Athènes auquel je travaille
depuis 7 ans, que les Bollandistes ont accepté de publier dans leurs
éditions et qui exige au moins pendant 2 ans encore ma présence à Athènes,
mes engagements avec le C.N.R.S. de Paris comme correspondant en Grèce de
l’Institut de recherche et d’histoire des textes qui me donne une situation
riche auprès des intellectuels orthodoxes, tels sont les motifs qui me
retiennent ici. Partir, ce serait gâcher dix années de travail et me
décourager d’entreprendre quoi que ce soit à l’avenir. Nous avons un
véritable apostolat intellectuel à Athènes auprès des Orthodoxes».

Notices Biographiques A.A

Religieux grec de la Province de Lyon. Une vocation grecque. Eteutherios Nowack naît à Athènes (Grèce), le 28 juillet 1918. Il fait ses études secondaires au lycée léonin, dirigé par les Frères Maristes, et les termine en 1936. Puis il commence une première année d’Université qu’il n’achève pas. Il -s’est décidé à entrer dans la Congrégation de l’Assomption qui vient d’ouvrir une résidence à Athènes. Adolescent, il a beaucoup entendu parler de Mgr Petit à qui il a servi la messe quelquefois. Quoi qu’il en soit de cette influence cachée, le jeune Eleutherios entre en contact avec les religieux de la rue Eptanissou qui lui font connaître la revue Les .Echos doilent et lui parlent de la célèbre bibliothèque byzantine alors encore à Kadi-Keuï. Au printemps de 1937, il se rend en France après un court séjour à Rome. Le noviciat de Nozeroy (Jura) lui ouvre ses portes le 3 octobre 1937, date de la prise d’habit d’Éleuthère devenu le Frère Gregorios. Il y prononce ses premiers vœux le 4 octobre 1938. Il se rend ensuite au scolasticat de Scy-Chazelles (Moselle), mais la guerre en septembre 1939 vient mettre un ternie aux études de philosophie dans cette maison trop proche de la frontière allemande. Le Frère Gregorios est envoyé à Lormoy (Essonne). Après l’armistice, il doit rentrer en Grèce pour être mobilisé. L’écrasement de l’armée grecque par les divisions allemandes le renvoie à la vie civile. C’est durant ces quelques mois de vie à. la caserne qu’il se lie d’amitié avec un jeune orthodoxe, comme lui étudiant ecclésiastique. Ils se revoient par la suite et collaborent parfois. Cet ami de toujours, devenu archimandrite et auteur d’ouvrages de spiritualité, fréquente assidûment la bibliothèque des religieux. Au cours de l’automne 1941, le Frère Gregorios réussit à partir pour Rome afin de commencer sa théologie. Il prononce ses vœux à Tor di Nona, le 8 décembre 1942. De la Ville éternelle, il ne garde pas un vif souvenir. Tout y est alors difficile, les restrictions, les interdits, l’isolement, tout cela ne lui crée pas un climat très gai. Il est ordonné prêtre le 28 mai 1945 et obtient la licence en théologie. Il prépare une 5ème année en vue du doctorat et rentre en Grèce à la fin de l’année 1946. Au service de l’œcuménisme. Le P. Gregorios aurait aimé entreprendre des études de philosophie et de d’histoire à l’Université d’Athènes, mais on a besoin de lui pour le service de la chapelle Sainte-Thérèse et pour l’animation du petit alumnat qui est lié à la communauté. Le P. Séverien Salaville qui s’installe à Athènes en 1948 en vue de fonder un centre oecuménique, se rend compte des possibilités du P. Grégorios. Il partage avec lui la même compréhension sympathique pour l’Orthodoxie. Page : 77/77 Pendant trois ans, ils travaillent côte à côte, comme maître et disciple. Le mélange des tâches pastorales et intellectuelles rend difficile le développement de l’œuvre oecuménique. En 1953, les PP. Salaville et Nowack quittent la résidence assomptionniste de la rue Eptanissou pour s’établir provisoirement dans la banlieue résidentielle de Psychico. En 1971 seulement, le P. Gregorios peut réaliser le rêve du P. Salaville, mort en 1965, de transférer le centre oecuménique et la bibliothèque d’environ 7000 volumes au cœur de la capitale grecque, rue Asklipiou. A partir de 1953, la vie du P. Gregorios est toute entière orientée à l’étude et aux échanges oecuméniques. Sa compétence en byzantinologie et en théologie s’affirme progressivement. Il a à cœur d’entretenir et de développer la bibliothèque byzantine spécialisée pour la mettre au service du plus grand nombre. Présenté par le P. Salaville, il entre en contact avec les grands organismes scientifiques européens. Membre de l’Institut français d’Etudes byzantines, il collabore à la revue des Etudes byzantines. En 1950, il devient membre correspondant de l’institut des recherches et d’histoire des textes (C.N.R.S.). Il répertorie et microfilme les manuscrits hagiographiques de la Bibliothèque Nationale d’Athènes et les fait parvenir à Paris. Il en profite pour faire un travail personnel, organiser la description détaillée de chaque manuscrit en vue d’une publication ultérieure. Il compose ainsi, jour après jour, un gros volume de plus de 400 pages dactylographiées. Préoccupé du détail et toujours à la recherche de la perfection, le projet est remis sine die. Il est sollicité de toute part pour fournir des renseignements, traduire et déchiffrer des manuscrits. Son travail personnel en souffre, mais il considère que l’essentiel de sa tâche est moins de réaliser une oeuvre scientifique personnelle que d’aider dans leurs travaux les chercheurs occidentaux et les théologiens grecs. C’est ainsi que l’été il accompagne des chercheurs dans les grands centres monastiques de la Grèce, le Mont-Athos, Patmos, Mytilène… Dès la création du Secrétariat romain pour l’Unité des chrétiens, le P. Gregorios entre en contact avec les notabilités. le P. Pierre Duprey, membre des Pères Blancs, sous-secrétaire, les cardinaux Bea et Willebrands. Le P. Gregorios participe à la 3ème et 4ème session du concile de Vatican Il en tant qu’interprète des théologiens orthodoxes de langue grecque, observateurs au Concile. Il est chargé de traduire en grec les documents conciliaires. Il collabore également à la Grande Encyclopédie Religieuse Orthodoxe en 12 volumes, en faisant partie du Comité directeur il écrit quelques articles et trouve des collaborateurs compétents. Cela explique que le P. Nowack lui-même ait pu publié, mais en 25 ans il a accumulé sur tous les sujets qui semblent lui devoir être utiles une masse de renseignements résumés en quelques mots sur des fiches ou développés sur des feuilles rassemblées en classeur. Il dépouille avec minutie les principaux catalogues et revues qui paraissent en Europe. On peut trouver de lui quelques articles en diverses revues et encyclopédies, la traduction en grec du Traité du Saint-Esprit de Didyme l’Aveugle dans la version latine de saint Jérôme, Le rôle du diacre dans la liturgie orientale, ouvrage écrit en collaboration avec le P. Salaville. Le P. Gregorios Nowack est mort subitement le 5 mai 1977 à. Athènes d’une thrombose, après avoir consacré sa vie à.une oeuvre grandiose mais difficile et de longue haleine. Page : 78/78

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (1) 1975-1980, p. 46. L’Assomption et ses OEuvres 1978, no 593, p. 8-10. Lyon-Assomption, octobre 1977, p. 26-29. Lettre du P. Gregorios Nowack au P. Wilfrid Dufault, Athènes, 17 août l’962. Dans les ACR, du P. Gregorios Nowack, correspondances (1945-1962). [Les ouvrages dus au P. Nowack sont indiqués dans le texte de sa biographie ci-dessus]. Notices Biographiques