Guillaume (Guillaume-Marie) LE FLOC – 1886-1945

Nozeroy, 1933.
Pour la première fois, je prends la plume pour vous écrire un mot. Vous
rappelez- vous que l’an dernier, lors de
votre passage ici, je vous avais parlé de mes oreilles. Vous me disiez
d’aller voir un
spécialiste et de vous écrire ensuite. Nous en sommes restés là depuis. Je
n’en ai consulté aucun. Au P. Zéphyrin (Sollier] qui vient de faire sa
visite canonique, j’en ai également parlé. Il m’a dit qu’il avait fait
suivre des traitements à quelques religieux, sans résultat, Si on peut
guérir les oreilles, peut- être est-il possible d’entendre avec un
appareil. Le Frère André Le Stang en a un et il s’en sert poursuivre les
conversations. Mais s’il faut en faire le sacrifice, que la
volonté de Dieu soit faite. En compensation, puis-je vous demander une
faveur? I1 y a
25 ans, en septembre, que je suis entré à l’Assomption. A cette occasion,
pourriez-vous m’accorder de faire un pèlerinage à Rome cette année, 19ème
centenaire de la Rédemption, ce qui offre l’avantage de gagner le Jubilé en
bénéficiant d’une réduction sur les prix des chemins de fer? Je voudrais
voir une fois dans ma vie le Pape et la Ville éternelle… ».
Frère Guillaume.

Religieux de la Province de Bordeaux.

Notes biographiques.

Guillaume-Marie Le Floc’h, frère du futur P. Yvon Le Floc’h, est né le 10 octobre 1886 à Guengat (Finistère), dans le diocèse de Quimper. On ne sait pratiquement rien sur son enfance, sinon qu’après ses classes primaires, il apprend le métier de tailleur. Le 17 septembre 1908, il est admis par le P. Marie-Clément Staub comme postulant à Gempe (Belgique) dans le groupe des frères convers. Le 2 avril 1909, le P. Pierre Fourier Merklen lui donne l’habit à Louvain, sous le nom de Frère Guillaume. Il y prononce ses premiers v?ux, le 5 mai 1912. La profession perpétuelle a lieu également à Louvain, le 4 mai 1919. Les appréciations de ses responsables portées sur lui, pendant tout le temps de sa formation, sont toutes favorables: « Le Frère Guillaume est tailleur de son état. Il a des tendances à la vie mystique. Il prie sans cesse pendant son travail et reste des journées sans éprouver le besoin de parler à ses frères. Il vit continuellement dans le sentiment de la présence de Dieu. C’est un jeune homme très sérieux, très pieux, mais très lent dans tout ce qu’il fait bien qu’il ne perde pas une minute. Le Frère Guillaume a un frère étudiant et un autre, novice convers ». Ces remarques du P. Merklen en 1912 sont confirmées en 1919 par le P. Possidius Dauby qui le présente à la profession perpétuelle: « Le Frère Guillaume n’est pas dépourvu de vertus. Il est silencieux, pieux et docile. Quoique lent pour son travail de couture, il donne satisfaction sur ce plan. Portier depuis des années, il n’a jamais été pris en défaut au point de vue de la modestie dans ses rapports avec les visiteurs, et presque jamais au point de vue de la discrétion professionnelle. Il n’est pas influençable par les cancans des autres. On peut avoir confiance, Dieu aidant, dans sa persévérance.

Son seul défaut pour lequel il se surveille, est la gourmandise ».

Services et résidences.

Le Frère Guillaume rend les services de la porterie et de la couture à Louvain, de 1912 à 1922. Il passe ensuite à la maison de Saint-Gérard (1922-1926) dans les mêmes fonctions, de même au noviciat à Scy-Chazelles (Moselle), de 1926 à 1931. Au moment de la création des provinces, il fait choix de celle de Bordeaux, ce qui ne l’empêche pas de rendre service au noviciat de Nozeroy (Jura), de 1931 à 1934. Son dernier poste est celui de tailleur au noviciat de Pont-l’Abbé-d’Arnoult (Charente-Maritime), de 1934 à sa mort en 1945. Il meurt à la clinique Saint-Charles de Rochefort-sur-Mer, le 21 juin 1945. Il est inhumé à Pont-l’Abbé- d’Arnoult, le samedi 23 juin, dans le caveau de la propriété, à l’ombre des grands arbres du parc, sur les bords du Pertuison.

Récit des derniers moments du Frère Guillaume.

« Depuis plusieurs semaines, le Frère Guillaume dépérissait, se plaignant de maux d’estomac pour lesquels il se soignait à sa manière. Il consulta plusieurs fois le médecin habituel du noviciat de Pont-l’Abbé-d’Arnoult. Un diagnostic sérieux était difficile à établir, le médecin se trouvant dérouté par les réponses invariables du malade qui faisait preuve de préjugés indéracinables. Malgré l’avis médical, le Frère Guillaume continuait à circuler entre la salle de couture, la chapelle et le réfectoire. Le mardi 19, le médecin palpait une tumeur assez forte dans la région du foie, le malade étant en plus affecté d’une occlusion intestinale. Le Frère était conduit à la clinique Saint-Charles à Rochefort, accompagné par le P. François-Xavier Legrand. Le chirurgien, conscient de la gravité, se refusait à tenter une opération très risquée, le mal étant selon lui trop prononcé. Le Frère Guillaume mourait le jeudi matin, 21 juin 1945, à 59 ans, après avoir enduré avec beaucoup de courage de grandes souffrances ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille, 1945, p. 38. Lettre à la Dispersion, septembre 1945, n° 9, p. 36. Lettre du Frère Guillaume Le Floc’h au P. Rémi Kokel, Nozeroy, 20 août 1933.