Gustave LECHEVALIER – 1849-1889

Circulaire du P. Picard, 1889.
« J’apprends à l’instant la mort du bon Frère Gustave, pieusement décédé à
Livry d’une congestion cérébrale. P. Emmanuel vous enverra quelques détails
sur les derniers moments de ce bon religieux, qui s’est toujours
montré homme d’obéissance et de prière, et qui, par sa ferveur et sa
scrupuleuse observance de la règle, a constamment édifié ses frères dans
les diverses maisons de Paris, de Marseille (1), des Châteaux, d’Osma, de
Villecomtesse et de Livry. Qu’on se hâte de faire pour lui 1es prières
d’usage, et qu’on multiplie les communions, messes et suffrages pour 1es
âmes du Purgatoire, en particulier pour nos chers défunts. La lutte du mal
est terrible. La prière pour les âmes du Purgatoire est très puissante pour
obtenir les grâces que demande l’Eglise entière et le succès dont nous
avons grand besoin. Prions beaucoup en ces quinze jours de combats pour
Dieu et son Eglise, et continuons pendant tout le mois du Rosai re. Bien
à vous en Notre-Seigneur ».

P. François Picard.

(1) Nous pensons là qu’il s’agit d’une erreur d’impression, Marseille
devant être remplacé par Mauville.

Religieux français.

Parcours religieux.

Gustave Lechevalier voit le jour au Ham (Manche), le 28 décembre 1849. D’après la correspondance du P. d’Alzon qui l’appelle indifféremment l’abbé ‘Chevallier, Lechevallier ou Le Chevalier’, ce séminariste est présenté à l’Assomption par l’intermédiaire de Mgr de Ségur (1). Admis comme postulant en 1874, il ne semble pas jouir d’une santé robuste: « J’ai proposé à ce pauvre Lechevalier une place en Savoie, pays où les affections de c?ur et de poitrine se guérissent, quelques-unes du moins, j’en ai fait l’expérience. Acceptera-t-il? je ne le crois guère; c’est l’indépendance qu’il lui faut. Il s’est plaint de la nourriture. On lui a offert un régime à part, comme on l’a fait pour quelques jeunes religieux. En général nos jeunes gens se déclarent bien mieux que dans les séminaires où ils ont pu aller… ». Cette remarque du P. d’Alzon à Mgr de Ségur laisse entendre que cette jeune recrue de 25 ans a passé quelque temps à l’alumnat de Notre- Dame des Châteaux (Savoie). Il est certain qu’il prend l’habit assomptionniste seulement à 30 ans, le 16 juillet 1879, dans le noviciat parisien de Sèvres (Hauts-de-Seine), maison de campagne qui décharge la communauté de la rue François ler. Le Frère Gustave entre comme novice convers dans la Congrégation. Il prononce ses premiers v?ux le 8 septembre 1882. Le Registre des professions mentionne qu’il prononce ses v?ux perpétuels à Notre-Dame des Châteaux, le 25 décembre 1886. Il est passé sous la direction du P. Rémy Commun, pour la fondation de l’alumnat de Mauville en Artois (Pas-de-Calais). De Mauville en 1883, le Frère Gustave part accomplir un pèlerinage à Jérusalem. Il accompagne également le P. Rémy Commun nommé à la direction de Notre-Dame des Châteaux (1883-1886).

Il passe encore au noviciat de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), au moment de la fondation du noviciat revenu d’Espagne (1886).

Mort subite à Livry (1889).

On lit dans les Ephémérides du noviciat de Livry, au 20 septembre 1889: « Un deuil bien inattendu frappe tout à coup le noviciat, à la veille des ordinations. Un excellent frère convers, le Frère Gustave Lechevallier (sic), rend son âme à Dieu au milieu de cruelles souffrances. Il éprouvait depuis quelques jours de violents maux de tête et des douleurs dans les reins. Les médecins consultés s’accordaient à dire que ce n’était pas grand-chose. Le Frère Gustave avait assisté le 18 aux offices de saint Thomas de Villeneuve et avait communié. La nuit du 19 fut pénible. Le 20 au matin, des douleurs très aiguës se déclarèrent. Le Frère Gustave perdit connaissance. Il était cinq heures. On appela le P. Emmanuel [Bailly] en toute hâte. Le Frère Gustave ne voyait plus, n’entendait plus. Sa gorge proférait des sons inarticulés, au milieu desquels on distinguait de temps en temps quelques mots du Pater et de l’Ave. Le bon Frère priait au milieu de son délire. Il faisait entre les bras de la mort, et sans le savoir, ce qu’il ne cessait de faire depuis quïl était religieux. De grands signes de croix indiquaient son intention instinctive d’unir ses souffrances, qui étaient horribles, à celle de Notre-Seigneur. On lui donna l’Extrême-Onction. Toute la communauté se mil en prières. L’agonie se prolongea jusqu’à une heure de J’après-midi. Le Frère Gustave n’avait pas repris connaissance depuis -5 heures du matin ». Le Frère Gustave, mort à l’âge de 40 ans, est inhumé le 22 septembre 1889, dans le cimetière de la propriété de Livry, après autorisation du permis d’inhumer de la mairie. Par la suite ses restes sont transférés, comme ceux de tous les religieux enterrés à Livry, dans le caveau parisien de Montparnasse. (1) Lettres d’Alzon, t. X, 1994, p. 239, 261, 263 n., 266. Nous n’avons pas trouvé d’éléments d’explication qui permettent de rendre compte de ces appellations d’Abbe ou de Séminariste à propos d’une vocation acceptée ensuite comme celle de religieux coadjuteur à l’Assomption.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Souvenirs, 1889, n° 60, p. 454. L’Assomption, 1905, n° 102, p. 89-90. Lettres d’Alzon, t. XIII (1996), p. 454. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Circulaire du P. Français Picard, Latresne, 21 septembre 1889, n° 47.