Religieux de la Province de Bordeaux.
Un fils de l’Artois, artiste peintre.
Ludovic Benjamin Joseph Hannebique est né dans la plaine de l’Artois à Servins (Pas-de-Calais), le 31 janvier 1875. Son âme d’enfant est très tôt sensible aux beautés de l’art, et toujours la peinture va être son délassement préféré. Après ses classes primaires à Servins, il commence son secondaire au collège de Bapaume et va le poursuivre comme alumniste, sur les pas de son frère, le futur P. Léonce, à Mauville (1887), puis Arras (1891) et Clairmarais jusqu’en 1893. Il entre au noviciat à Livry-Gargan (Seine- Saint-Denis), le 15 août 1893, sous le nom de Frère Hyacinthe. Profès le 15 août 1894 à Phanaraki (Turquie), le Frère Hyacinthe prononce ses vœux perpétuels le 15 août 1895. Selon l’usage, il enseigne quelques années au collège de Philippopoli (Bulgarie), de 1895 à 1899, avant d’entreprendre ses études ecclésiastiques à Jérusalem , de 1899 à 1904. Ordonné prêtre le 25 septembre 1904, il est envoyé comme professeur de lettres à Brousse (Turquie), de 1904 à 1905, puis de nouveau à Philippopoli, de 1905 à 1914, où son goût pour la peinture le fait désigner comme professeur de dessin. Joignant la théorie à la pratique, le ‘Père missionnaire-artiste’ enrichit l’ornementation de la chapelle et du collège, faisant de son pinceau un instrument d’apostolat. Il ne refuse pas non plus de fixer sur la toile les traits de ses élèves qui prennent place dans le salon de leur famille. Il sait utiliser un autre don, celui de la conversation, mis à profit dans les récréations mais aussi dans les séances théâtrales qui sont à l’époque le complément de l’art éducatif. Il compose des poésies et des chansons que le tsar Ferdinand, ami du collège, prend plaisir à entendre et applaudir. Il émaille son enseignement de la littérature des portraits vivants des grands saints de l’Orient et
de l’Occident et encadre également les grands élèves dans une conférence de Saint-Vincent de Paul, organisant, avec leur concours, loteries et concerts de charité et présidant ensuite à la distribution des aumônes recueillies. Sa conception de l’enseignement rejoint ainsi les grandes valeurs ou vertus de l’éducation qui ouvre les intelligences et les cœurs à une vie chrétienne en société. Il considère cet engagement comme le suprême coup de pinceau à l’œuvre d’art qu’est l’éducation. Mobilisé en 1914, le P. Hyacinthe se dévoue pendant cinq ans aux blessés comme infirmier, sur le front occidental.
Une vie active de missionnaire en Amérique Latine.
En 1919, le P. Hyacinthe reprend le chemin de la mission, mais à l’opposé. Après un court séjour en Argentine (1919-1921), il est envoyé au Chili, à Rengo (1921-1926). Rengo est une paroisse de mission au territoire très étendu (30 km2), avec l’église centrale et dix chapelles disséminées dans la vaste plaine centrale. Le P. Hyacinthe est plus particulièrement affecté à la desserte de l’une d’entre elles, servant également de lieu de culte pour un lycée de filles tenu par des religieuses chiliennes du ‘Purissimo Corazon’. Catéchiste, il sait sauter à cheval pour couvrir les 10 à 15 km. nécessaires à la visite de la population. Il conserve sous ces latitudes ses dons d’artiste et la distinction de sa conversation enjouée. Il promet à son évêque, Mgr Lira (Ramagua), son portrait pour la fête patronale de sainte Anne, mais il n’a pas le temps d’achever. Depuis trois ans, sa santé est minée par une recrudescence du diabète, compliquée d’une dangereuse pneumonie. Quelques mois de repos à Los Andes semblent le rétablir, mais l’hiver particulièrement pluvieux de l’année 1926 aggrave son mal de façon persistante. jusqu’au bout il poursuit son ministère. Il meurt le jeudi 19 août 1926, dans sa 52ème année. Le P. Hyacinthe est inhumé le samedi 21 août au cimetière paroissial de Rengo où la communauté possède une chapelle funéraire. Il repose aux côtés des PP. Théophile Durafour, Stanislas Bébert, Epiphane Beauquis et des Frères Jules Geslin et Samson Guillemaud.
Bibliographies
?Bibliographie et documentation:
L’Assomption et ses OEuvres, 1927, n° 307, p. 19-20. Lettre à la Dispersion 1926, n° 193, p. 209; n° 194, p. 17; n° 198, p. 259-260. Le Messager (bulletin du Collège Saint-Augustin de Philippopoli) 1926, n° 8-9, p. 20-21 et n° 11-12, p. 14-17. Dans les ACR, du P. Hyacinthe Hannebique, correspondances (1899-1923). Lettre du P. Hyacinthe Hannebique au P. Joseph Maubon, Belgrano, 17 août 1919.