Henri (Anthelme) BLANC – 1884-1972

Un passé difficile, un présent reconnaissant.
« C’est avec grand plaisir que j’ai reçu du Provincial, le P. Armand
Desautels, l’indult pour ma profession que vous avez obtenu des autorités
romaines.
Je vous remercie infiniment pour cette précieuse faveur et veuillez bien
accepter cette offrande comme gage de ma reconnaissance si profonde. Je
dois à l’Assomption d’être prêtre, mes parents étaient trop pauvres pour me
le permettre. Sur l’avis de mon Dr, surtout après un nouveau trouble du
cœur et avec mes 83 ans, j’ai pris ma retraite et je réside au St Lawrence
rectory que vous connaissez. Repos complet,
pas de travail, messe privée en latin à un autel latéral.

Tous les jours, il m’est conseillé une petite marche dans la ville. Voilà
donc ma petite histoire, en me recommandant à vos bonnes prières. Encore
une fois mille mercis. Bien respectueusement et affectueusement vôtre en
Notre Seigneur et Notre-Dame de l’Assomption.

Rév. Henri Blanc

Un salut affectueux au cher
Père Henri Moquin ».

Asheville, 14 septembre 1967.

Religieux français de la Province d’Amérique du Nord.

Dans le cadre de l’Assomption jusqu’en 1927.

Henri est né le 12 novembre 1884 à Cruet en Savoie dans le canton de Saint-Pierre d’Albigny. Après les années de la communale, il entre à l’alumnat de Notre-Dame des Châteaux (1897- 1901) et poursuit ses études d’humanités à Brian dans la Drôme (1901-1903). Il demande à entrer dans la famille de l’Assomption et prend l’habit religieux le 18 octobre 1903 à Louvain sous le nom de Frère Anthelme. Son noviciat se poursuit à Jérusalem où il prononce ses premiers vœux le 13 novembre 1904 ainsi que ses vœux perpétuels l’année suivante, le 23 octobre 1905. Il y poursuit ses études de philosophie de 1906 à 1907 ainsi que celles de théologie de 1907 à 1910. Il est ordonné prêtre par Mgr. Piccardo, l’auxiliaire du patriarche latin de Jérusalem Mgr. Camassei, le 10 juillet 1910. Pendant ses études, il a appris l’anglais, ce qui lui permet de gagner le collège de Worcester aux USA où il enseigne de 1910 à 1921. Insoumis pendant la guerre 1914-1918, il échappe à la mobilisation militaire en Europe et se fait naturaliser citoyen américain le 9 avril 1917. De 1921 à 1927, il est affecté à la paroisse de Notre-Dame de la Guadeloupe à New-York 14ème rue. C’est alors qu’il demande et obtient un induit de sécularisation le 23 novembre 1927, motivant cette décision par des considérations familiales et morales, désirant entrer chez les Pères de la Miséricorde. Ses confrères dénoncent chez lui l’amour de l’indépendance, du bien-être et du dollar qu’il est si facile à New-York de mettre de côté. Ce dialogue de sourds aboutit au divorce: l’évêque de Raleigh (North Caroline) accepte l’ex-Père Anthelme, devenu l’abbé Henri dans son diocèse par un acte officiel d’incardination pour trois ans, renouvelables.

L’abbé Henri devient aumônier dans un hospice puis dans une école de filles. Nous perdons ensuite sa trace.

Retour au giron de l’Assomption.

En septembre 1960, l’abbé Henri s’adresse au P. Dufault, Supérieur général: « je viens de rentrer à mon poste à Asheville que vous connaissez et je trouve sur mon bureau le parchemin précieux [autorisation de prononcer ses vœux de religieux assomptionniste in articulo mortisl. Quelle joie consolante de l’avoir avec ce qu’il contient pour mon âme. Donc mille mercis pour cette gracieuseté. J’en suis très touché. Je viens de faire un voyage en Europe et en France, j’ai tenu en Savoie d’aller revoir N.-Dame des Chàteaux et prier dans la vieille chapelle. J’avais les larmes aux yeux. Je me suis aussi arrêté à Saint -Sigismond pour voir les Pères et remettre une offrande. L’Assomption a tant fait pour moi. J’ai aussi été à Ars et j’ai couché au presbytère. A Paris, j’ai rendu visite au P. Odile Aurèle à la Bonne Presse et aux PP. Savinien et Cayré, anciens condisciples de classe. Mon séjour s’est terminé par un pèlerinage à Lisieux. A New- York j’ai causé avec le P. Provincial … » Une correspondance du P. Antoine-Marie Philippe, datée du 15 février 1967 et expédiée de New York au P. Wilfrid Dufault, mentionne le désir d’une reprise de contacts encore plus officielle avec l’Assomption de l’abbé Henri: « Le Père Blanc a demandé d’être enterré à côté de nos Pères à Worcester. Il est du Tiers-Ordre et il nous a couchés sur son testament. Il m’a dit lui-même qu’il aimerait rentrer, mais ne souffre pas l’idée de refaire un noviciat, si j’ai bonne souvenance ». Le P. Dufault facilite le retour en douceur de l’abbé Henri au sein de l’Assomption, accueillant son désir et manifestant délicatement en cette occasion la souplesse du droit canonique en faveur du bien des personnes: « J’ai bien reçu votre réponse et je suis enchanté de l’accueil que vous avez fait à ma proposition. Il m’est agréable aussi de vous remercier tout de suite et de tout cœur pour l’offrande généreuse qui accompagnait voire lettre. Le P. Procureur général [Farne] est débordé en ce moment, c’est la cause du retard dans la démarche à faire [autorisation de dispense pour refaire le noviciat. Vous avez le texte de l’indult d’admission aux vœux in articulo mortis, avec la délégation de tout prêtre que vous aurez auprès de vous en ce moment. Je vous envoie un numéro de L’Assomption et ses œuvres dans sa nouvelle manière, c’est une revue int erprovinciale qui a beaucoup gagné dans sa présentation et dans son contenu … ». A partir de cette époque, le P. Henri ne cesse de manifester son appartenance à la Province d’Amérique du Nord. Il meurt à Asheville le 6 mai 1972. Il est le premier religieux enterré dans le nouveau cimetière de Fiskdale.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. mars 1974, p. 238-239. Assumption-North America, vol. VI, n° 4 (juin 1972). Assumptionists Deceased in North America, p. 7. Les Archives de Rome contiennent moins d’une dizaine de correspondances du P. Anthelme Blanc (1906-1928), sans compter celles contenues dans son dossier personnel qui ont trait principalement aux aléas de sa vie sacerdotale et religiueuse entre 1927 et 1967.