Henri-Gabriel (René-Auguste) SAVIGNARD – 1893-1912

Limpertsberg, 1912.
« La fête de l’aïeul de la famille est aussi la fête des enfants et ce sont
ordinairement les plus
petits, les plus diligents et les plus bruyants à se manifester. Aussi,
derniers-nés de la famille, nous ne voulons pas être les derniers venus à
vous souhaiter une heureuse saint
Vincent de Paul. Nous le faisons avec toute l’affection et toute la
vénération filiale que nous vous portons, comme au plus ancien novice de
l’Assomption que possède la Congrégation, comme au Père si plein de
prévenantes délicatesses et de tendresse religieuse pour les novices
d’aujourd’hui. Le noviciat serait content de vous voir dans ses murs à côté
du P. Général; mais malgré les distances nous avons la prière, ce bien des
âmes religieuses qui vaut bien le télégraphe sans fil
et qui est plus ancien que lui. Le P. Général est ici depuis une semaine.
Le P. Privat a fait un crochet par Luxembourg. Il a été plus heureux que
deux humanistes d’Ascona qui
s’étaient annoncés trop tard pour qu’on aille à leur rencontre et
qui ont tourné trois heures autour du noviciat sans le trouver. Revenus
bredouilles à la gare, ils ont rencontré sur le quai le P. Jean-Baptiste et
le P. Julius: il était temps. Le P. Privat nous a parlé de la Bulgarie ».

Notices Biographiques A.A

Religieux français, profès in articulo mortes. Eléments biographiques. René-Auguste Savignard est originaire de Paris où il voit le jour le 15 mai 1893. Il est le fils de Henri et de Marie, née Tacquart. Il est accueilli, après la mort précoce de son père, à l’orphelinat du P. Halluin à Arras (Pas-de-Calais). En 1906, il entre à l’alumnat du Bizet, en Belgique, où il se signale comme un travailleur acharné et un joyeux boute- en-train. Les sympathies de ses condisciples lui sont assurées à cause de son regard loyal, de son sourire épanoui et de ses bonnes réparties finement malicieuses. Tout en lui reflète un heureux caractère, un cœur spontanément dévoué, un état d’âme naturellement pacifié. Comme il souhaite entrer dans la vie religieuse, au terme de ses humanités faites à Ascona en Suisse, de 1909 à 1911, il est admis à se présenter au noviciat de l’Assomption qui est fixé, pour l’heure, en Belgique, à Gempe. RenéAuguste y prend l’habit, le 15 octobre 1911, sous le nom de Frère Henri-Gabriel et il se met sans tarder, sous la conduite de son maître des novices, au lent travail intérieur que requiert cette double année de probation religieuse. Ses dispositions donnent les plus belles espérances à son maître des novices, le P. Antoine de Padoue Vidal. Il témoigne pour sa famille religieuse d’une belle flamme de reconnaissance et nourrit pour elle de futurs et fervents projets d’apostolat. Le noviciat de Gempe qui avait précédemment transité par Louvain, passe une nouvelle frontière pour s’implanter à Limpertsberg,’au Grand-Duché de Luxembourg, en mai 1912. La robuste santé du Frère Henri-Gabriel ne donne pas ordinairement d’inquiétude, du moins jusqu’au 24 septembre de cette année 1912, date à laquelle le jeune novice se trouve fiévreux et fatigué. Le docteur traitant de la maison ne tarde pas à reconnaître une infection générale de l’organisme A.A qui ne peut laisser aucun espoir de guérison. Accueillant avec joie la proposition qui lui est faite d’avancer la date de ses premiers vœux, le Frère Henri-Gabriel, devant toute la communauté, prononce le 2 octobre sa profession, entre les mains du P. Emmanuel Bailly, présent dans la communauté à cette date. Il est heureux d’offrir de bon cœur sa vie pour la Congrégation, pour l’Eglise et pour le chapitre général qui va se tenir au mois de décembre prochain à Limpertsberg. Dans la matinée du 4 octobre, le Frère Henri-Gabriel perd connaissance; il rend doucement son âme à Dieu dans la soirée de ce même jour. Il avait entamé sa 20ème année, au mois de mai précédent. Le corps du Frère Henri-Gabriel repose au petit cimetière des Dominicaines, à Limpertsberg. Témoignage d’un novice. Un co-novice du Frère Henri-Gabriel, le Frère Elphège Le Marec, écrit en date du 23 octobre. « Déjà, par la circulaire du P. Emmanuel Bailly, vous aurez appris la mort du Frère Savignard. Les novices perdent en lui un frère des plus généreux et des plus bienveillants, mais son trépas leur a valu sans doute un protecteur au ciel. Il est mort si pieusement, après une vie sainte et vaillante! Jamais il n’a porté quelque part la mélancolie, même au milieu de pénibles deuils. Ses exemples de joie sainte lui survivent et les novices en parleront longtemps. Tour à tour, nous avons veillé son corps dans la journée du samedi. Il a fallu hâter la sépulture. Samedi, à 13h30, on le mettait en bière. Le corps demeura quelques heures à la chapelle. A 16 heures, on récita l’Office des défunts. Le P. Emmanuel [Bailly] donna l’absoute et, à 17 heures, nous portions le Frère à sa tombe. Les novices ont porté eux-mêmes le cercueil. Le Frère repose à quelques minutes du couvent, au cimetière des Sœurs Dominicaines. Il sera bien facile d’aller prier sur sa tombe et de lui demander des grâces. Auprès du bon Dieu, il priera bien pour nous, continuant ainsi ce qu’il avait commencé sur la terre. La Vierge a voulu combler le vide survenu dans nos rangs. En la fête du Rosaire, elle nous a donné 5 nouveaux Frères ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation. Circulaire du P. Emmanuel Bailly, n° 65, 5 octobre 1912 (p. 132-135). Lettre à la Dispersion, 1912, no 171, p. 693-694. L’Assomption, 1912, n° 191, p. 184-187. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du Frère Henri-Gabriel Savignard au P. Vincent de Paul Bailly, Limpertsberg, 18 juillet 1912. Notices Biographiques