Henri MONOT – 1916-1989

Les ennuis d’un fournisseur.
« De nouveau j’ai recours à vous pour obtenir que le P. Arnoldus Janssen me
règle les ouvrages que je lui ai procurés au début de l’année. Que faire?
J’ai tout essayé. En février, ce religieux me demandait de lui procurer 21
ouvrages dont plusieurs titres en plusieurs tomes. Certains étaient en
allemand, j’ai peiné, mais je
l’ai servi. Quand il a reçu ma facture, il a trouvé que les prix étaient
exagérés et n’étaient pas conformes au catalogue allemand publié en
Allemagne. Il prétendait me payer selon ce barème. J’ai montré sa lettre à
l’éditeur de Paris et lui m’a aligné les taxes, les frais d’importation,
le droit du fisc. J’ai averti le P. Sibum, supérieur à Bergeyk, qui m’a
promis de tout régler. Une partie a été réglée par les PP. Stiernon et
Musnier, mais la somme n’équivaut pas au prix total. On me doit encore
232 NF 50. Personne ne songe à se plaindre de la remise de
30% que j’arrive à obtenir sur certains livres. J’ai fini par demander au
P. Arnoldus de me renvoyer les ouvrages, aucune réponse! Vous comprendrez
que je ne suis guère enthousiaste à servir certains religieux ».
Henri Monot, Paris, 8 octobre
1962.

Religieux de la Province de France.

Au service de la Procure-Librarie.

Henri Monot est né le 9 juillet 1916 à Lambézellec (Finistère), commune aujourd’hui annexée par celle de Brest. Il est baptisé ce même jour. Après ses études secondaires à Saint-Maur (Maine-et-Loire), de 1929 à 1932 et à Melle (Deux-Sèvres) de 1932 à 1934, il prend l’habit religieux au noviciat de Pont- l’Abbé d’Arnoult (Charente-Maritime), le 30 septembre 1934 et fait profession le 1er octobre 1935. Le P. Pol de Léon Cariou est son maître des novices. Le Frère Henri se rend à Layrac (Lot-et- Garonne) pour une année d’études complémentaires (1935-1936), puis gagne le scolasticat de Scy- Chazelles (Moselle) pour les études de philosophie (1936-1938). Arrivent le temps du service militaire et la mobilisation en 1939. En 1940, il peut rejoindre le scolasticat de Lormoy (Essonne). Il y est admis à la profession perpétuelle, émise le 5 octobre 1941 et il y est ordonné prêtre le 8 avril 1945, ayant eu quelques difficultés à honorer le parcours théologique. Paris va être désormais le cadre de toute sa vie et de son activité. De 1945 à 1980, il réside à la rue François 1er. Actif, dévoué, discret, il assure le service de la Procure-Librairie, bien connue des Assomptionnistes de France et d’au-delà pour tous les achats de livres. Ce service qui lui a été demandé par le P. Gervais Quenard est souvent un travail ingrat: il demande de nombreuses courses dans tous les coins de la capitale, la mise à jour de nombreux dossiers pour servir les clients (bibliothèques, maisons d’enseignement, livres scolaires) et surtout la confection de gros paquets pour l’expédition des commandes. Avec les années s’ajoute le poids de l’âge. Mais le P. Henri reste fidèle à son poste jusqu’à la veille de sa mort. Il ne se confine pourtant pas dans son arsenal, car il accepte volontiers d’accompagner de nombreux pèlerinages

organisés par l’Association Notre-Dame de Salut, en France et à l’étranger. Lorsque la communauté quitte les murs de François 1er, le P. Henri perd non seulement sa résidence mais son office. Il s’éloigne alors de la capitale pour gagner la proche banlieue, Chaville (Hauts-de- Seine). A la fermeture de cette communauté qui a duré six ans (1980-1986), le P. Henri rejoint la communauté de Sceaux (Hauts-de-Seine), formée également en 1980 pour héberger des religieux à la retraite professionnelle, mais toujours actifs. Il ajoute à ses autres activités la charge d’économe qu’il partage, pour la comptabilité, avec le P. Henri Guillemet. En avril 1987, son état de santé nécessite une hospitalisation. Le 3 mai, le P. Henri est une nouvelle fois hospitalisé à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine). C’est là qu’il meurt, le 13 juillet à une heure du matin, la veille de sa fête. Présidées par le P. Patrick Zago, les obsèques du P. Henri sont célébrées en l’église Saint Jean-Baptiste de Sceaux, le mardi 18 juillet à 10 heures. Malgré les vacances, une vingtaine d’assomptionnistes sont présents. L’assemblée compte également quelques membres de sa famille, des neveux venus de Paris et de Bretagne et un chanoine régulier de saint Augustin, qui représente une abbaye valaisans reconnaissante pour les services rendus. Le P. Henri est inhumé au cimetière parisien de Montparnasse où il précède d’une quinzaine de jours un autre membre de la communauté de Sceaux, le P. Jean-Jacques Laurent. Quelques jours après, celle-ci est invitée à déménager à Vincennes (Val-de-Marne) pour laisser place au noviciat (août 1989).

De l’homélie du P. Patrick Zago.

« Le P. Henri, de par son ministère, était aussi chargé d’accompagner et d’animer des groupes de pèlerins. Il n’a jamais exercé de ministère paroissial direct mais, pendant des décennies, il a conduit des pèlerins en Terre Sainte sur les pas du Christ. Il a souvent fait la croisière sur les pas de saint Paul. Avec ses frères et les pèlerins, il a eu tout loisir pour lire, relire et méditer les paroles de Paul aux chrétiens de Rome. Et d’avance, il a pu s’appuyer sur ces paroles de foi et d’amour pour traverser l’épreuve de la mort au moment où le Seigneur l’a appelé. Depuis son ordination, il était chargé d’un travail de libraire au service des frères de la Congrégation. Là- aussi il a donné sa pleine mesure de serviteur. Lui qui ne se considérait surtout pas comme un intellectuel, il a toujours été en contact avec eux pour les servir. Lui qui vivait dans le silence et l’obscurité d’un sans-grade, il était connu partout à cause des services qu’il rendait. Nous savons comment le P. Henri a vécu dans la simplicité ce qu’il avait promis le jour de sa profession: avec simplicité et humour. Il émaillait toujours, jusque sur son lit d’hôpital, ses conversations de petites pointes d’humour. Cette vie du P. Henri, offrons-la maintenant en action de grâce au Père, dans cette Eucharistie, par le Christ notre frère ». N.B. Le terme de procure et de procureur qui ont caractérisé la personne et l’activité du Il. Henri Monot est à comprendre au sens d’un service de librairie, à distinguer de celui qui sert à désigner la fonction de représentation officielle d’un Institut religieux auprès des Congrégations romaines.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (IV) 1987-1990, p. 61-62. Assomption-France, Nécrologie, année 1989, p. 162. Dans les ACR, du P. Henri Monot, quelques correspondances (1945-1962).