Herménégilde (Amans-Emile) GAYRAUD
1878-1955
Religieux de la Province de Lyon.
Enfant du Rouergue.
Amans (ou Amance) Emile Gayraud est né le 22 novembre 1878 à Flavin, Pont-de-Salans (Aveyron), au diocèse de Rodez. Après la communale à Prades, Emile, cadet des trois frères Gayraud devenus Assomptionnistes, vient faire ses études secondaires à l’alumnat de Miribel-les-Echelles (Isère), de 1892 à 1895, puis à Brian (Drôme), de 1893 à 1897. Il inaugure sa vie religieuse en faisant son noviciat en Turquie, à Phanaraki où il prend l’habit le 7 novembre 1897, prononce ses premiers vœux le 16 novembre 1898, sous le nom de Frère Herménégilde, et ses vœux perpétuels à Eski-Chéïr le 12 novembre 1899. De 1899 à 1902, il est affecté à la mission d’Eski- Chéïr près de l’ancienne Dorylée. Etudes de philosophie et de théologie se font également en Orient: à Kadi-Keuï (1902-1905), à Phanaraki (1905- 1906) et à Jérusalem (1906-1907) où il est ordonné prêtre le 9 mai 1907.
Missionnaire en Turquie.
A part une période de 6 ans durant laquelle le P. Herménégilde est supérieur de la maison de Karagateh en Bulgarie (1924-1930), toute sa vie missionnaire se passe en Turquie. Une fois prêtre, il est nommé à Ismidt (1907-1914), l’ancienne Nicomédie où il devient supérieur dès 1908. Outre le service de la paroisse et de ses multiples annexes sur la ligne de chemin de fer, en direction de Constantinople et d’Eski-Chéïr la communauté d’Ismidt s’occupe d’une école qui comprend à l’époque 3 classes d’externes. Le P. Gayraud est un magnifique animateur. Il organise la maison du point de vue matériel, construit un collège de 200 élèves, toujours armé de son légendaire couteau dont il tire des merveilles. Il sait entraîner ses confrères dans leur tâche quotidienne. Lors de la guerre 1914-1918 il est fait prisonnier civil des Turcs durant 3 mois.
Son dévouement lui vaut par la suite la médaille de bronze des épidémies et la Légion d’honneur. Pendant la guerre, il sert l’armée d’Orient comme infirmier. Après la guerre, le Père Gayraud reprend son poste de supérieur à Ismidt (1919-1924). Par deux fois, il fait acte de sauvetage en secourant, au péril de sa vie, des enfants qui se noient. Combien de fois n’a-t-il pas séparé, sur des chantiers, des ouvriers grecs et turcs prêts à en venir aux mains? En 1922, lors du départ des troupes d’occupation grecques, des forces irrégulières menacent la population musulmane d’un massacre collectif: il recueille dans les locaux de l’école près de 10 000 personnes cherchant refuge et abri, combattant les incendies allumés par les fuyards, assurant la protection des civils. Ataturk en personne le félicite chaleureusement. Le Père est surnommé Izmit kurturan Papas, ‘le Père qui a sauvé Izmit’ (1). Il n’abandonne pas son troupeau, mais les chrétiens abandonnant le pays, le P. Gayraud est obligé de vendre le collège. Après ses 6 années à Andrinople (1930-1936) et 4 autres à Konia (1936-1940), le Père Herménégilde succède au P. Ludovic Marseille à Ankara, cette bourgade rurale perdue dans le centre de l’Anatolie, promue en 1923 au rang de capitale. Curé doyen d’Ankara, avec une juridiction qui s’étend sur une longueur de 1300 km., de la banlieue d’Istanbul aux frontières de l’Iran, le P. Herménégilde assure en plus pour tous les religieux d’Orient la charge de vicaire provincial de 1940 à 1946, puis de délégué régional pour la Turquie à partir de 1949. Il passe ainsi 57 ans de sa vie en Turquie, fidèle à sa devise gravée sur son cahier de théologie: ‘In nomine Domini: Courage, rien n’est long de ce qui finit. La vie est brève, mais l’éternité dure toujours’. D’une grande austérité, vivant une forme de vie personnelle très dépouillée, religieux zélé et très franc, il sait être très fraternel et même bonhomme. Il est le pasteur de tous, sans distinction de condition ou de situation. Après une courte maladie, il meurt le 16 février 1955 à Ankara, à l’âge de 76 ans. Il est le premier prêtre à reposer dans le grand cimetière turc de la ville, quartier chrétien. Son inhumation, le vendredi 18 février, donne lieu à une imposante cérémonie, en présence d’ambassadeurs et d’officiels de nombreux pays.
(1) On trouve les deux formes d’orthographe : Ismidt (ancienne) et Izmit (moderne)
Bibliographies
Bibliographie et documentation: BO.O.A. juin 1956, col. 156-157. Lettre à la Famille, 1955, n° 191, p. 101-103; n° 192, p. 110-114. Le Petit Alumniste, (bulletin de Miribel) 1935, n° 561 p. 122-125. Missions des Augustins de l’Assomption, 1955, n° 32, p.37-40. Dans les ACR, du P. Herménégilde, de très nombreuses correspondances (1889-1954), des rapports sur Ismidt (1908-1914), sur Karagatch (1929-1930) sur Konia (1930-1935). Le P. Herménégilde a donné de nombreux articles sur la Turquie clans les bulletins de l’Assomption: Missions des Augustins de l’Assomption, L’Assomption et ses œuvres. Notices Biographiques