Hermès (André) FUCHS – 1888-1960

Quelques souvenirs.
«Je me souviens de ses classes de doctrine chrétienne les dimanches matins,
de ses
cours de religion au High School, d’allemand au collège où on le nommait
avec tendresse ‘Der Lehrer Fuchs’… Je me souviens de son engagement vrai
dans l’acceptation de charges qui le maintenaient en rang inférieur. D’une
humeur constante et
sans qu’on pût soupçonner chez lui le moindre trouble intérieur, il prêtait
à une accusation d’indifférence consentie. Mais pour l’avoir connu, autant
que sa modestie le permettait, je puis affirmer qu’une sérénité surnaturel
le tempérait en lui un fond germanique de sensibilité tendre…
Je me souviens de son travail de surveillant à l’étude et au dortoir. De
cette nuit où, s’esquivant de son lit, un
certain Pierre rencontre le Père qui l’arrête de ses bras et, effarouché,
crie à pleine
gorge: ‘Au secours! On me tue!’.
Je me souviens de son art à surveiller seul et avec une parfaite maîtrise
125 gamins. On étudiait. L’atmosphère nullement tendue, lui calme et
tempéré, il appuyait nos efforts intellectuels. A peine terminée la prière,
le voici qui parcourt l’étude… ».

Hermès (André) FUCHS

1888-1960

Religieux alsacien de la Province d’Amérique du Nord.

Grâce au P. Césaire Kayser.

Né à Saint-Hippolyte (Haut-Rhin), le 26 novembre 1888, sous régime allemand, André est le 9ème de 13 enfants. Une de ses sœurs se fera Oblate de l’Assomption. Le P. Césaire Kayser lui fait connaître l’Assomption. André commence ses études secondaires à Saint-Trond et à Zepperen (Belgique), poursuivies de 1902 à 1906, les termine à Taintegnies de 1906 à 1908. « D’une intelligence moyenne et un peu lente, le jeune André se met à son travail avec une telle application, un tel souci des moindres détails qu’il occupe toujours dans sa classe une place honorable ». Le 28 août 1908, sous le nom de Frère Hermès, il prend l’habit à Louvain et migre un mois après dans la solitude de Gempe. « Novice très calme qui évite le bruit et la publicité par timidité de caractère et par modestie, il est ouvert et confiant en direction spirituelle. De nature un peu mélancolique il montre d’excellentes dispositions au point de vue religieux. La situation de sa famille, très pauvre et divisée, le pousse à la prière et à la confiance en Dieu ». Sérieux, d’une propreté impeccable, discret, méticuleux, le Frère Hermès prononce ses premiers vœux le 29 août 1909 et ses vœux perpétuels le 28 août 1910 à Gempe. Il va à Louvain pour trois ans de philosophie (1910-1913). En septembre 1913, le Frère Hermès arrive au collège de Worcester (U.S.A.) où, à cause de la pénurie de personnel pendant la guerre, il reste 6 ans, comme surveillant (1913-1919). En 1919 il revient à Louvain pour faire sa théologie (1919- 1922). Il est ordonné prêtre le 23 juillet 1922, à 34 ans. Dans le nouveau monde.

En 1922 il retraverse l’Atlantique pour reprendre ses fonctions de surveillant au collège de Worcester.

Sévère, exigeant, jamais injuste, il accepte de bonne grâce ce ministère ingrat et consacre ses temps libres à un peu de ministère dans les environs. En 1932 le P. Hermès est envoyé au noviciat de Bergerville (Québec), voisin du couvent des Sœurs de Ste Jeanne d’Arc où il rencontre le P. Marie-Clément Staub, alsacien comme lui et ardent apôtre du Sacré-Cœur. Econome au noviciat, il quête avec l’audace d’un vétéran, fait repeindre la chapelle et la façade de la maison, développe ferme et jardin. En 1939, il est envoyé comme économe à Worcester; en 1942, il revient sur les bords du Saint Laurent pour occuper la charge d’aumônier des Sœurs de Ste Jeanne d’Arc. L’évêque de Québec lui confie le soin pastoral des émigrés. Sa connaissance de l’anglais et de l’allemand lui facilite cet apostolat qui lui fait passer de longs moments sur les quais du fleuve. Prédicateur, il soigne la liturgie et célèbre avec une grande dignité. En 1954, le P. Hermès est nommé supérieur au sanctuaire de Beauvoir. Homme de cœur et d’une grande foi, il développe la ferveur d’une vie religieuse plus communautaire, tout en ouvrant le lieu à des formes de collaboration avec les prêtres du secteur. Il s’adonne au ministère pastoral du pèlerinage attaché à ce lieu, diffuse la spiritualité et le culte au Sacré Cœur et laisse une marque profonde sur cette colline où il est appelé ‘le saint de la montagne’. Sous sa houlette le sanctuaire connaît un prodigieux essor. En juin 1959 il demande à être relevé de son supériorat. A partir du mois de décembre, il doit se confiner à sa chambre, en célébrant la messe assis sur sa chaise roulante. Au mois d’avril 1960, de nombreux troubles se déclarent. La respiration devient difficile, la tension trop forte. Le 26 avril 1960, en la fête de Notre-Dame du Bon Conseil, après avoir communié, il meurt tranquillement. Ses obsèques sont célébrées le 29 avril dans la chapelle des Sœurs de Sainte-Jeanne d’Arc. Elles sont présidées par le P. Armand Desautels, supérieur du collège de Worcester. L’assemblée compte de nombreuses représentations de Congrégations religieuses auxquelles le P. Hermès a prêché des récollections. Le corps du Père Hermès est inhumé dans le petit cimetière à Bergerville-Sillery.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A., octobre 1961, p. 143. Lettre à la Famille, 1960, n° 296, p.417-419. Assumptionists Deceased in North America, p. 21. Du P. Hermès Fuchs dans les ACR, correspondances (1919-1958). Le P. Hermès Fuchs est l’auteur également de rapports sur le sanctuaire de Beauvoir (Canada, Province de Québec).-1954-1958. Il a écrit plusieurs articles dans la revue du Montmartre canadien: ‘L’Appel du Sacré-Cœur’ (1951-1953). Notice biographique sur le P. Hermès Fuchs par le P. Jean Paul Trottier (1960). Quelques souvenirs, texte cité dans Alumnus (The Assumption Preparatory School), 1960, n° 291, p. 4. Yves Garon Les Assomptionnistes au Canada, Sillery, 1997, 163 pages. Notices Biographiques