Hervé Croguennoc – 1928-2007

Hervé est né à Plouarzel le 13 Septembre 1928, dans le Finistère Nord. A 8 ans il est à l’école à Saint-Renan, bourg voisin de Plouarzel.

Alors qu’il fait là ses études primaires de 1936 à 1940, un Père Assomptionniste, passant par là, repère le jeune HERVÉ, lui trouve un profil de futur prêtre, l’interpelle et lui propose de poursuivre ses études à l’Abbaye de Saint-Maur-de-Glandfeuil, sur les bords de la Loire, dans le Maine-et-Loire?

Ce ne fut pas un dépaysement car il trouve là une pléiade de jeunes Bretons.

Un peu plus tard, il continue ses études secondaires à Blou, non loin de là, jusqu’en 1946.

Le temps de la guerre et des restrictions n’altèrent pas sa marche vers la vie religieuse et le sacerdoce car, dès Septembre 1946 – il a 18 ans – il entre au Noviciat des Assomptionnistes à Pont-l’Abbé d’Arnoult, en Charente-Maritime. Un an plus tard, le 15 Octobre 1947, il prononce ses 1ers vœux.

C’est le temps des études supérieures, alors Hervé arrive ici, dans cette maison de Layrac, pour effectuer deux années de philosophie et quatre années de théologie, de 1947 à 1955. II prononce ses vœux religieux définitifs le 8 Décembre 1952, et est ordonné prêtre le 29 Juin 1955 en la cathédrale de Quimper, en terre bretonne.

Très vite, Hervé est attiré par des horizons plus larges. C’était l’appel à être ‘missionnaire’ au loin… L’année même de son ordination, Hervé part pour le Brésil… une terre de mission à la dimension de son ardeur apostolique.

Tour à tour enseignant dans un petit séminaire et pasteur en paroisse il a su donner le meilleur de lui-même pendant 25 ans au milieu d’une population attachante. Au Brésil, il a connu des heures de bonheur vrai, mais aussi des heures sombres quand, avec Trois de ses Frères religieux, il a connu la répression et la prison. Là-dessus, Hervé a toujours été d’une discrétion exemplaire…

De retour en France en 1980, il se refamiliarise avec le français – sans oublier le portugais -; met ses compétences au service des Secrétariats de l’Abbaye de St-Maur et de l’Association assomptionniste Notre-Dame-de-Salut à Paris, avant de retrouver une pastorale de ‘plein vent’ à FUMEL, dans ce département, de 1981 à 1985, puis à Gimont, dans le Gers, de 1995 à 2002.

Ici et là, des amitiés sont nées et des relations gardées.

Quand il rejoint la Communauté de Pont-l’Abbé en 2002, c’est l’heure de la retraite, l’heure de poser son sac, tout en rendant quelques services d’ordre pastoral dans deux maisons pour Anciens au repos… services communautaires aussi dans la maison…

Hervé savait, sans faire de bruit, sans jamais rien claironner, revêtir le tablier du service. II savait faire ce que les autres ne faisaient pas…. et cela jusqu’au bout. Il n’a déposé le tablier que pour s’en remettre aux Personnels de Santé à Pont-l’Abbé, à Rochefort, à La Rochelle, sans jamais se plaindre.

En arrivant ici Jeudi dernier 20 Décembre pour une retraite et des soins mieux adaptés, sans doute était-il le seul à savoir que son séjour au Prieuré ne durerait qu’une nuit…

Hervé s’est éteint Vendredi matin à 8h30, comme s’éteint une lampe qui a usé toute son huile. II s’en est allé paisiblement fêter Noël chez Dieu… au pays où l’on re-naît… pour ne plus mourir.

Christian Lauriol


Homélie

Frères et Sœurs,

Une fois de plus, nous nous retrouvons nombreux, ce- matin, dans cette chapelle du Prieuré

Rassemblés dans la peine que nous cause le départ brutal de notre frère Hervé Croguennoc,

Rassemblés aussi pour entourer de notre affection la famille d’Hervé venue du pays breton ou d’ailleurs.

Rassemblés enfin pour prier ensemble le Seigneur Jésus pour notre frère en religion, et pour nous souvenir de ce qui fut beau et bon dans la vie du Père Hervé;


II nous fallait d’abord faire silence en nous pour laisser le souvenir remonter à notre mémoire, pour faire revivre tous ces liens créés au long d’une existence.

Hervé vient de partir vers le versant le plus somptueux de la vie. Lui, si discret d’habitude, voilà qu’il nous bouleverse tous en nous quittant subitement, sans faire de bruit, sur la pointe des pieds, sans déranger presque personne, pour la maison de Dieu. Notre raison n’a pas toujours la capacité de comprendre et d’expliquer. Dans le mystère de notre souffrance, nous confions au Seigneur notre frère qu’ Il a rappelé près de Lui, et nous en profitons tous pour nous confier à sa miséricorde.

Pourtant je voudrais vous dire qu’en Hervé le Seigneur a façonné un homme, selon son cœur.

II était modeste, il faut le dire, dans un monde où les hommes se bousculent pour être à la première place.

II était discret, pudique, voire renfermé; et c’est vrai qu’il fallait vivre près de lui pour découvrir un homme qui aimait passionnément son Finistère: le pays d’Iroise. Et c’est vrai qu’il fallait longtemps vivre près de lui pour découvrir un homme qui était resté proche de sa famille par l’affection qu’il savait manifester par ses lettres, ses visites et aussi par sa présence aux divers évènements familiaux, toujours attentif à donner à chacun les parts d’ égards et d’affection que sa délicatesse, toujours en éveil, lui réservait.

II pouvait être silencieux, mais, mis en confiance, c’était l’homme de la conversation fraternelle que rien ne pouvait arrêter, pas même les couverts qu’il mettait matin, midi et soir à la Communauté de La Chaume. Et la fidélité à ses idées qu’il défendait avec passion relevait parfois d’une ténacité … que certains trouvaient trop tenace … On est breton ou on ne l’est pas.

Mais je voudrais surtout vous dire qu’en Hervé le Seigneur a façonné un chrétien, un religieux, un prêtre, selon son cœur, car il avait la foi.

Une foi profonde qu’il tenait de ses Parents, une foi limpide comme l’eau de la mer d’Iroise, une foi solide qu’il tenait de sa formation assomptionniste. Cette foi profonde, limpide, solide, qui était certitude et fidélité à ce qu’il savait, à ce qu’il a toujours connu et espéré depuis sa tendre enfance, a été mise parfois à rude épreuve. Je ne vous parlerai pas de ces 25 ans de Brésil où il a connu beaucoup de joies, mais aussi des moments extrêmement difficiles, douloureux dont il ne parlait jamais. Seul un confrère brésilien pourrait en dire quelques mots,,, Par contre, les épreuves de la mort d’être chers, dont il me parlait quelquefois, je sais qu’il les a traversées courageusement, Car il était de cette race d’homme qui ne s’est jamais écartée des mots que son Seigneur lui a dictés,

II aimait sa famille assomptionniste à laquelle, disait-il, il était redevable de tout; et grande était sa joie, lors des sessions ou retraites, de retrouver ses frères religieux, Contrairement aux apparences, Hervé ne pouvait pas vivre sans sa Communauté. II avait besoin de l’affection des siens.

Depuis son arrivée à Pont-l’Abbé, il s’occupait de deux Maisons de Retraite, jusqu’au jour où sa voix a disparu,,,

Et voilà qu’après une longue course de 79 ans, le Père Hervé s’en est allé vers son rendez-vous personnel et secret avec le Seigneur qui nous a créés pour ces noces éternelles. Le temps des froids et des pluies a cessé pour lui,

Reste que tous nous sommes bouleversés par ton départ brutal; et je te dis franchement, mon cher Hervé, je n’ai pas apprécié ta façon de partir sans dire au revoir; ce n’est pas ton genre, Mais je sais que tu n’y es pour rien,

Le Seigneur nous l’a dit:" Tenez-vous prêts, car c’est à l’heure que vous ne pensez pas que le Fils de l’Homme viendra,"

J’ai l’intime conviction que tu étais prêt, Tu étais un frère prévoyant, II y a longtemps que tu avais préparé et habillé ton cœur, II y a longtemps que tu avais fait ton nid dans le creux de la main de Dieu. Tu me l’as dit bien souvent quand tu souffrais, Et quand je t’ai demandé ce que cela te faisait d’aller à Layrac, tu m’as répondu:" Tu sais, Marcel, ne t’inquiète pas, c’est mon dernier voyage sur terre",

Frères et Sœurs, notre foi, nous la portons dans des vases d’argile, très fragiles, selon Saint-Paul, qui faisait l’expérience quotidienne de ses limites. Nous allons continuer à prier pour HERVÉ. II a été uni au Christ sur la croix par sa dernière nuit sur terre; qu’il soit uni au Christ dans la Lumière ! Et que notre prière soit aussi une action de grâce joyeuse pour toutes les merveilles que le Seigneur accomplit à travers la faiblesse de ses serviteurs !


Partout, Hervé a donné à manger à ceux qui avaient faim,

Partout, Hervé a donné à boire à ceux qui avaient soif,

Partout, Hervé a accueilli les étrangers,

Partout, Hervé a habillé ceux qui étaient nus,

Partout, Hervé a visité ceux qui étaient malades ou en prison…

Qu’il repose en paix!

Layrac, le 24.12.2007

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Bibliographies