Hippolyte (Désiré-Hippolyte) SAUGRAIN – 1822-1902

Nîmes, 1849. « Après avoir délibéré longuement avec M. l’abbé Henri et le
Frère Cardenne, il a été arrêté que je partirai ce matin à 9 heures pour
les montagnes du P. Brun
[Langogne] puisque c’est l’avis du docteur, et cela sans attendre votre
réponse, non pas pour escamoter une permission, mais ces bons habitants de
l’Assomption ont hâte de me faire filer un meilleur coton. Dieu le
veuille, moi je ne puis m’opposer à leur volonté. Ils sont à votre défaut
vos successeurs et par conséquent ils ont l’autorité supérieure et
je dois obéir. Je profite d’une légère insomnie pour vous faire part de
tout ceci et le
soumettre à votre approbation. J’espère que vous voudrez
bien malgré ce voyage me faire revenir pour les courses au Vigan. Ceci est
un désir et un religieux ne devrait, je crois, n’en point avoir. Hélas, que
je suis loin d’être un bon religieux. Du reste je suis disposé à faire tout
ce que vous voudrez et je désirerais bien que vous ne me
donnassiez point l’embarras de faire telle ou telle chose, mais que vous
prissiez un peu le ton du supérieur et alors vous pourrez juger un peu
mieux de mon obéissance. Je renouvelle la résolution dans laquelle je suis
de me mettre sous votre obéissance entière ».

Notices Biographiques A.A

Religieux français. Un des premiers disciples du P. d’Alzon. Désiré-Hippolyte Saugrain est né le 16 février 1822 (1) à Ecquetot (Eure), au foyer de Hyacinthe et de Joséphine, née Paturel. On sait seulement que, dans sa jeunesse, il travaille à Paris dans une entreprise de commerce. En 1846, il assiste à un sermon du jeune abbé d’Alzon dans le sanctuaire de Notre- Dame des Victoires qui décide de sa vie. Il gagne alors le collège de Nîmes (Gard) dès le mois d’août 1846, se mettant sous la direction spirituelle du Fondateur qui depuis Noël 1845 regroupe de jeunes membres pour un premier noviciat que l’évêque de Nîmes, Mgr Cart, autorise à partir de 1849. Hippolyte est l’un des cinq premiers religieux à former la Congrégation naissante, prononçant ses premiers vœux le 25 décembre 1850 et ses vœux perpétuels l’année suivante, à la même date. Collaborateur du Fondateur dès la première heure, le Frère Hippolyte se dévoue sans compter aux multiples tâches du collège de Nîmes oÙ le Père d’Alzon se l’adjoint comme sous-directeur, notamment aux années difficiles 1855-1857. En 1858, le Frère Hippolyte est appelé à servir à Paris au bureau de I’Oeuvre de Saint-François de Sales dont la direction est assumée par Mgr de Ségur. De 1855 à sa mort, il est économe général de la Congrégation, s’attachant à établir des comptes distincts pour toutes les oeuvres de la Congrégation et à démêler la situation personnelle et familiale du Fondateur. Il se trouve en poste au collège de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) quand il peut recevoir le sacerdoce avec le P. Etienne Pernet des mains de Mgr Nanquette, au Mans, le 3 avril 1858. Une cascade de responsabilités. Elu assistant général à partir de 1862, il assume cette charge également jusqu’à sa mort, A.A selon les coutumes qui prévalent alors dans la Congrégation de l’Assomption. En 1864, le P. d’Alzon le charge d’organiser le noviciat distinct du Vigan (Gard), dans sa demeure familiale de La Condamine reçue en héritage à partir de 1860. De 1864 à 1874, le P. Hippolyte y forme les générations de novices qui viennent frapper à la porte de l’Assomption, tout en s’adonnant à de nombreuses courses apostoliques à travers le massif des Cévennes et dans tous les villages dispersés environnant l’Aigoual. C’est dans ces circonstances qu’à partir de l’automne 1864, il recrute pour la fondation naissante des Oblates, commencée à NÎmes sans succès par le P. d’Alzon quelques mois plus tôt, des jeunes filles des Cévennes qui viennent se former à Rochebelle, faubourg du Vigan, avec l’aide de deux Religieuses de l’Assomption. D’un tempérament apostolique porté à la mission, il aime évangéliser les villages de ces montagnes laissés souvent sans pasteur. C’est lui encore qui assure la fondation de Notre-Dame de Bonheur à l’Espérou en 1866. A son départ du Vigan en 1874, il gagne la communauté parisienne de la rue François ler qu’il ne va plus guère quitter. Il assure une aide importante au P. Picard lorsque celui-ci, chargé de la succession du P. d’Alzon en novembre 1880, doit faire face aux premières mesures d’expulsion et organiser des solutions de repli pour les religieux. Il participe en particulier à l’organisation des premiers grands pèlerinages à Lourdes et à Jérusalem. En 1900, bien que partiellement paralysé, il est porté dans sa voiture roulante au ‘Procès des Douze’, cité à comparaître comme membre d’une Congrégation non autorisée par le gouvernement. On sait l’histoire montée en épingle de rouleaux de pièces trouvées dans son tiroir, transformés en une somme fabuleuse par M. Bulot. Le Père Hippolyte subit sans broncher les mesures de perquisition et d’expulsion qui frappent la Congrégation, vivant retiré dans un appartement à Paris, où il meurt le 24 juin 1905, à 83 ans, doyen de profession et d’âge. Ses obsèques sont célébrées le 26 juin en l’église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou et ses restes sont inhumés au cimetière du Père Lachaise, avant d’être transférés par la suite dans le caveau de l’Assomption à Montparnasse (tombe Bailly). (1) On trouve aussi la date de 1821 comme année de naissance pour le P. Saugrain. Le P. Siméon Vailhé, à la suite du P. d’Alzon, lui donne 24 ans en 1846 (cf Lettres du P. d’Alzon, tome 111, p. CLX); le P. Touveneraud le fait naître en 1821, (Lettres d’Alzon, t. 11, p. 606, mais nous ignorons d’après quels documents). Nous maintenons le témoignage le plus ancien, faute d’une pièce d’état civil.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: L’Assomption, 1905, no 103, p. 115; no 104, p. 132-136. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Polyeucte Guissard, Portraits Assomptionistes, p. 3-13. Lettres du P. d’Alzon, t. XIII (1996), p. 463-464. Souvenirs, 1905, no 38 p. 213-215. Circulaires du P. Emmanuel Bailly, 1905, no 22 et 23. La Croix, 26 juin 1905. Lettre du Frère Hippolyte Saugrain au P. d’Alzon, Nîmes, 22 août 1849. Du P. Hippolyte Saugrain, dans les ACR, correspondances (1846-1904), cahiers de notes personnelles (1853-1868), cahier sur le collège de Nîmes (1859-1863), cahier de notes aux nov ices (1863-1870), cahier des Constitutions, du Directoire et des cérémonies de vêture (s.d.), discours de distribution des prix à Nîmes (1860), notes sur les séances du Bureau de Saint-François de Sales (1857-1858), Ephémérides sur l’Espérou (1868-1869), cahiers de comptes (1856, 1881-1883), rapports financiers aux chapitres généraux (1868, 1873, 1876). Notices Biographiques