Honoré (Emile Honoré) NICOLAS – 1919-1939

Mobilisation, septembre 1939.
« Vous aurez eu certainement tous les détails concernant le départ des
Pères et des Frères de Scy-Chazelles, départ un peu bousculé par l’arrivée
en nombre des services de la gare qui se sont installés chez nous. J’espère
que malgré la lenteur des trains et la chaleur, tous sont bien arrivés à
Lormoy. Le P. Ayrald et les autres Pères sont au courant de tout ce qui est
nécessaire pour la bonne marche de la communauté
prise en subsistance par celle de Lormoy et j’espère qu’il n’y aura pas
d’ennuis. Le P. Athanase Sage s’occupera certainement des mobilisables de
Scy. Je ne puis évidemment plus voir ce qu’ils deviennent. lis sont du
reste en relation avec leurs Provinciaux et c’est à ceux-ci de les suivre
ou de les faire suivre. Nous sommes entre les mains de Dieu. Beaucoup de
religieux doivent être partis. Je suis ici, à Saint- Mihiel, jusqu’à jeudi,
le temps de nous mettre sur pied de guerre, puis nous partons vers une
destination inconnue qui serait dans les environs de Briey. Si j’y reste,
je tâcherai de rester en contact avec le P. André [Pruvost] demeuré à Scy.
Je dis la messe à l’église paroissiale. Je rencontre des réfugiés de Metz.
On entend le canon, est-ce la D.C.A.? ».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Lyon. Un bref parcours de vie. Emile Honoré Nicolas est né le 3 mars 1919 à Briançon (Hautes-Alpes), au diocèse de Gap. Il fait ses études secondaires à l’alumnat de Saint- Sigismond en Savoie, de 1929 à 1933, puis se rend à Miribel-les-Echelles (Isère) pour les humanités, de 1933 à 1935. Le 19 septembre 1935, il prend 1(habit au noviciat de Nozeroy (Jura), sous le nom de Frère Honoré. Le P. Gausbert Broha est son maître des novices: « Novice indolent, mais docile, généralement régulier qui est encore au début de sa formation et qu’il importe de perfectionner ». Après sa première profession religieuse, le 30 septembre 1935 à Nozeroy, le Frère Honoré se rend à Layrac (Lot-et-Garonne) pour une année d’études complémentaires. Il est dirigé ensuite sur le scolasticat de Scy-Chazelles (Moselle) pour les études de philosophie (1937-1939). Jeune religieux pieux, attaché à l’observation des règles liturgiques, il s’acquitte avec soin de sa charge de cérémoniaire. Son bon caractère, sa serviabilité, son entrain joyeux le font estimer comme un bon compagnon de vie commune. Une méningite d’origine tuberculeuse emporte ce jeune Frère après une quinzaine de jours de maladie déclarée. Il se rend parfaitement compte de la gravité de la situation. Il reçoit les derniers sacrements avec calme et sérénité. Il meurt à la clinique de Metz où il a été transporté, le 13 juillet 1939, à l’âge de 20 ans. Le corps du frère Honoré repose au cimetière de son pays natal, à Briançon. D’une correspondance du P. Saint-Martin. « Le P. Marie-André [Pruvost] venu à l’alumnat à l’occasion de la vente de charité, nous a dit que nous aurions la joie de votre visite puisque vous serez présent à la distribution des prix au collège de Briey. Page : 45/45 Le P. Hyacinthe [Roy] est passé me dire que vous logeriez chez nous où l’on viendra vous prendre comme on a dû vous le dire. J’aurais attendu jusqu’à votre arrivée pour vous communiquer les résultats promis de la radioscopie générale que j’ai fait faire et dont je ne vous ai dit qu’un mot dans ma dernière lettre si la croix qui a pesé sur notre maison, du fait de cette question des santés, n’était en train de s’alourdir encore. Alors en effet que cette inspection radioscopique nous avait en somme tranquillisés, tout en signalant les sujets à soigner et à surveiller, voilà que l’un de ceux-ci, le Frère Honoré Nicolas, de la Province de Lyon, nous fait soudainement de la méningite, probablement tuberculeuse, avec diagnostic tout à fait alarmant du docteur. J’ai fait hospitaliser immédiatement le malade. Ce matin le P. Vianney [Duc] est allé à Metz pensant avoir le résultat de la ponction classique. Mais cette dernière n’est pas encore faite. Le Père est revenu très pessimiste, du reste le mal est terrible et sans recours. C’est donc à nouveau l’épreuve en perspective et à bref délai. Dieu est le maître et nous nous soumettons,, mais vous comprenez toute notre peine. Je me sens bien accablé aussi, car avec le chagrin de perdre un bon petit frère il était rédacteur en chef du Trait d’Union je suis bien préoccupé par le moral de tous, Frères et Pères. Malgré toutes les angoisses de cette année avec les menaces d’évacuation à la maladie persistante, j’étais parvenu, Dieu aidant, à le maintenir. Mais il va y avoir une autre secousse bien forte! Les Pères qui m’entourent sont de petite santé et très impressionnables. Pouvez-vous faire en sorte de demander que l’on dépiste lors de l’admission au noviciat les toutes premières atteintes! A Genzano, la Mère supérieure ayant ainsi fait radioscopier les novices a eu de pénibles surprises. Je suis résolu à faire après les vacances une désinfection générale. J’observe que ce ne sont pas les tempéraments les plus faibles qui se trouvent atteints. Votre venue sera pour nous un grand réconfort. Les résultats au baccalauréat ne sont pas brillants: 6 admissibles sur 18! En philosophie, presque tous ont une bonne ou très bonne note, mais en physique et sciences naturelles, c’est pitoyable. Il n’y a pas de repêchage. Les jésuites à Saint-Clément ne sont pas plus favorisés, c’est notre maigre consolation ». Page : 46/46

Bibliographies

Bibliographie et documentation : Lettre à la Dispérsion 1939, n° 798, p. 433; n° 802, p. 465-466. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du P. Saint-Martin au P. Gervais Quenard, Scy-Chazelles, 5 juillet 1939. Situation militaire en septembre 1939, d’après une relation du P. Saint-Martin à un responsable de la Congrégation, Saint-Mihiel, le 4 septembre 1939. Notices Biographiques