Hugues (Antoine) ERTZSCHEID – 1910-1946

Scherwiller avant guerre.
« … Notre nouveau bâtiment se termine enfin, mais les travaux réclament
une surveillance continue. En ce moment, les menuisiers, électriciens,
plâtriers etc… y mettent la dernière main. La cuisine et les
installations sanitaires auront un cachet tout moderne: un fourneau
électrique remplacera avantageusement le four à charbon d’autrefois. Au
sous sol, notre salle de douche, avec bains de pieds, pourra contenir
facilement vingt à
vingt-cinq enfants. L’ensemble formera un beau bâtiment avec un dortoir
assez vaste pour
une trentaine de lits. On a réussi à donner à l’extérieur un cachet
original et artistique. Les fenêtres sont encadrées par de belles pierres
de taille; et la monotonie de la façade sera rompue grâce à des imitations
de colonnes tous les cinq ou six mètres. Le P. Nicolas [Rauscher] pense que
l’ensemble des travaux sera terminé pour le 14 décembre, fête de sainte
Odile. Voilà quelques petites nouvel les du Scherwiller grandissant ».
Frère Hugues, Scherwiller, 14 novembre 1933.
Lettre à la Dispersion, 31
décembre 1933, p. 422.

Hugues (Antoine) ERTZSCHEID

1910-1946

Religieux de la Province de Lyon.

D’une ramille alsacienne.

Antoine Ertzscheid [parfois orthographié par erreur: [Ertzcheid] est né le 30 janvier 1910 à Bernoisheim, près de Brumath (Bas-Rhin). Il est l’aîné d’une famille qui comptera 7 enfants. Deux de ses frères, Paul et Jean, connaîtront aussi la vie de l’alumnat, une sœur prendra le voile chez les Sœurs de Ribeauvillé. Les parents sont des exploitants agricoles assez aisés, grâce au sol fertile de la région et à la qualité d’un travail soigné. Dans ce milieu chrétien rural, germent de nombreuses vocations que vont briser les malheurs de la seconde guerre mondiale. A l’automne 1921, le jeune Antoine quitte le village natal pour l’alumnat Sainte Odile à Scherwiller, fondé l’année précédente, près de Sélestat, aux pieds des Vosges. Là, Antoine retrouve un peu du climat familial: études et travail manuel sont souvent unis à cause d’une installation encore provisoire. Son amour de la liturgie lui vaut le surnom de ‘chanoine’. En 1923, Antoine quitte l’Alsace pour les Pré-Alpes, à Miribel-les-Echelles (Isère) où il étudie les humanités de 1925 à 1927: élève appliqué, studieux, au caractère vif, il est aimé de ses professeurs qui apprécient sa grande franchise et l’allure déjà sérieuse de ses dispositions spirituelles. Le 30 octobre 1927, il entre au noviciat Saint-Jean à Scy-Chazelles (Moselle) où le reçoit le P. Savinien Dewaele. Il prend le nom de Frère Hugues. Le 1er novembre 1928, il prononce ses premiers vœux et part à Saint-Gérard (Belgique) pour les études de philosophie. Il aimera par la suite raconter ses souvenirs d’une jeunesse pleine d’entrain, fort studieuse, des inoubliables ‘grands jeudis’ ou promenades passés sur les bords de la Meuse avec ‘Miss’, l’âne légendaire de la maison. Sans avoir une mauvaise santé, le Frère Hugues est assez faible de constitution,

ce qui lui vaut un ajournement pour le service militaire et trois années de professorat à Scherwiller. Doué pour les mathématiques et les sciences exactes, il trouve dans l’alumnat de son enfance matière à se dévouer auprès des jeunes, tant à l’étude qu’aux travaux des champs. Il reste 3 ans à Scherwiller, de 1930 à 1934, l’année scolaire 1932-1933 étant passée au service militaire à Lunéville, en qualité d’infirmier. Les supérieurs l’envoient ensuite à Rome pour les études de théologie: il se montre digne de cette marque de confiance et d’estime, trouvant sur les bords du Tibre le cadre d’une vie ecclésiale riche sur tous les plans: visites des monuments religieux et antiques, participations aux grandes cérémonies dans les basiliques, guidage des pèlerins. Pendant les grandes vacances, les étudiants romains disposent d’un pied-à-terre à Castel-Gandolfo où le Frère Hugues est chargé des soucis de l’intendance et de l’économat. C’est à Rome que le Frère Hugues est admis à la profession perpétuelle, prononcée le le 21 novembre 1934, et qu’il est ordonné prêtre le 12 mars 1938.

Une vie apostolique trop courte.

Le Père Hugues est affecté à la formation intellectuelle des jeunes religieux assomptionnistes au scolasticat de Scy-Chazelles: il y enseigne les sciences physiques et les mathématiques (1938-1939). En septembre 1939, la déclaration de guerre le mobilise: il laisse ses élèves et revêt l’uniforme. Son frère Jean, grand séminariste à Strasbourg, tombe mortellement blessé lors des premières attaques en 1939. Lui-même est retenu quelque temps prisonnier sur le front. A peine libéré, il songe à retourner à son poste, mais il est expulsé de Scy-Chazelles en octobre 1940, après avoir réussi sous la direction du P. Nicolas Rauscher, à sauver le plus de matériel de possible dans la maison réquisitionnée par l’occupant. Il est alors affecté à la communauté de Miribel pour l’enseignement des mathématiques. Pédagogue, animateur des fêtes récréatives, machiniste au théâtre, cinéaste, il prête volontiers son concours aux paroisses environnantes et au Père Econome de la maison, préoccupé du ravitaillement. Il se fait une joie de participer comme délégué au chapitre provincial de Lyon qui doit se tenir à la fin du mois d’avril 1946: mais cette grande rencontre avec sa famille de l’Assomption pour laquelle il se montre très attaché, va se tenir sans lui. Une crise de rhumatismes articulaires l’emporte en quelques jours. Il meurt au soir du 5 avril 1946, dans sa 37ème année. Les obsèques sont célébrées à la chapelle de l’alumnat le 8 avril. Le corps du P. Hugues repose au caveau des Religieux de l’Assomption, dans le cimetière de la commune de Miribel.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille 1946, n° 16, p. 71 (lettre du P. Marie-Germain Filliol, à l’occasion du décès du P. Hugues Ertzscheid). Le Petit Alumniste, 1946 n° 657 et 658. Dans les ACR, deux correspondances du Père Hugues Ertzscheid. Dossier personnel. Notices Biographiques