Humbert GIRARD-REYDET
1876-1961
Religieux de la Province de Lyon.
Une parenté silencieuse.
Humbert Girard-Reydet, fils de Laurent et de Denise née Quenard, a vu le jour le 5 juin 1876, à Chignin en Savoie, au diocèse de Chambéry. Sa double parenté familiale, au P. Gervais Quenard, Supérieur général de l’Assomption de 1923 à 1952, et au P. Victorien (Joseph) Girard-Reydet, journaliste à la Bayard- Presse, n’ont valu au P. Humbert, en tout cas, ni privilège de carrière ni faveur de plume, puisque le bulletin de la Province de Lyon, Rhin-Guinée, ne lui consacre même pas une ligne au moment de son décès en juillet 1961, à Lorgues (Var), et, chose encore plus étonnante, La Lettre à la Famille qui fourmille de notices biographiques souvent bavardes, ne lui fait que l’aumône d’une simple mention dans la rubrique ‘Oremus pro defunctis’, n° 319 (1er octobre 1961) p. 134: « A Lorgues, le 15 juillet, le P. Humbert Girard- Reydet, 86 ans (province de Lyon) ». Seul recours textuel, le Bulletin Officiel de l’Assomption d’octobre 1962 dont on connaît, à la façon des pierres tombales, le genre lapidaire: on peut vérifier sur pièces, si on l’ignore, la sécheresse biographique du genre qui se réduit trop souvent à une simple énumération de dates et de lieux:
R.P. Humbert Girard-Reydet, de la Province de Lyon, décédé à Lorgues, le 15 juillet 1961. Né à Chignin (Savoie), le 5 juin 1876. Etudes secondaires aux Châteaux (1889-1892) et à Brian (1892-1894). Vêture à Livry, le 9 août 1894. Profession perpétuée à Phanaraki, le 15 août 1896. Années d’œuvres à Ismidt (1896-1900). Philosophie à Jérusalem (1900-1902). Théologie à Jérusalem (1902-1905). Prêtrise à Kadi- Keuï, le 23 septembre 1905.
Résidences: Karagatch (1905-1908); Varna (1908- 1910); Karagatch (1910-1913); Phanaraki (1913- 1914); années de guerre (1914-1919);
Brousse (5 mois) et Konia supérieur (1919-1930); Karagatch (1930-1932); Varna (1932-1933); Koum-Kapou (1933-1937); Kadi-Keuï (1937-1956); Lorgues (1956-1961). Le bilan de sa vie religieuse et sacerdotale se compte comme 50 années de dévouement sans réserve à la Mission d’Orient. A quoi tient ce relatif silence sur ce religieux? On peut chercher à le comprendre, sans l’excuser: le P. Humbert a vécu de longues années, sans doute en ‘isolé’ en Orient, comme le laissent entendre les remarques de sa lettre citée de Konia et il est décédé au coeur de l’été, moment qui n’est guère favorable aux évocations ou rassemblements familiaux …
Un peu de chair humaine, sur un cadre sans portrait.
Nous relevons dans les différents rapports établis sur le Frère Humbert quelques touches vivantes d’une personnalité en formation. Le P. Ernest Baudouy, son maître des novices à Phanaraki, écrit en 1895. « Le Frère Humbert a une âme sensible et délicate. Il se montre confiant et docile, il est très désireux de se sanctifier et travaille sérieusement, malgré quelques défauts de caractère, à devenir un bon religieux ». Cette évocation tranche avec les lignes plutôt réservées du P. Félicien Vandenkoornhuyse: « Le Frère Humbert n’est encore sorti tout à l’ait de l’enfance. Il en a encore quelques défauts. D’une volonté faible et inconstante, il a des périodes de ferveur et des moments de défaillance. Il a besoin d’être soutenu par son Supérieur. Il a une intelligence ordinaire et n’a pas davantage de goûts prononcée ni de vives ardeurs pour l’étude. Entêté parfois dans son sentiment, il a eu des difficultés avec ses frères ». Le P. Louis Petit a un été un moment le Supérieur du Frère Humbert à Kadi-Keui en 1895, détail qui a échappé à l’auteur de la notice biographique dans le B.O.A., car le Frère Humbert a en fait terminé ses études de théologie sur les bords du Bosphore (et non à Jérusalem comme la notice le laisse croire). Le P. Petit témoigne: « C’est un bon petit religieux que le Frère Humbert, un peu léger et par suite inconstant et censeur, gourrnand à l’occasion. Il est par contre d’une docilité absolue et d’un grand dévouement. Des légèretés lui rendent l’étude continue assez pénible, il préférerait être appliqué aux oeuvres extérieures où il rendra, je crois, de grands services par sa gentillesse et une certaine habileté dans les doigts. Sa piété est très tendre et sa régularité suffisante bien qu’exposée à s’oublier, le cas échéant, en bavardages intempestifs. Sa sensualité ne descendra jamais au-dessous d’une gourmandise délicate. De relations faciles avec tout le monde, il est aimé et se fera aimer. Comme études, il ne sera jamais transcendant, mais il pourra atteindre un bon niveau ». Nous en resterons pour notre part sur cette appréciation, somme toute positive et assez pertinente, surtout de la part d’un religieux qui n’était pas porté, si l’on en croit l’opinion commune, à l’éloge ou au compliment gratuits.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. octobre 1962, p. 170-171. Lettre du P. Humbert Girard-Reydet, Konia, 28 octobre 1930. Dans les ACR, du P. Humbert Girard-Reydet, de nombreuses correspondances dont une bonne partie éditée dans La Lettre à la Dispersion (1906-1935), rapports sur Karagatch (1930- 1932) Notices Biographiques