Religieux français. Dans la catastrophe de Zongouldak. Humbert Terraz est né le 8 août 1872 à Notre-Dame du Pré en Savoie, au diocèse de Moûtiers. Bien que nous ne possédions que fort peu de renseignements sur lui (1), il y a tout lieu de penser qu’il est d’une famille alliée à celle Pères Marc et Symphorien Terraz. On sait seulement qu’il prend l’habit religieux comme Frère coadjuteur, sans doute à Phanaraki, le 26 juillet 1891. Il prononce ses premiers vœux triennaux le 24 septembre 1894 et ses vœux perpétuels, le 10 septembre 1901. Deux récits concernant sa mort accidentelle, dans la catastrophe naturelle de Zongouldak (Turquie), le 19 juin 1906 (2), sont parvenus jusqu’à nous, l’un, non signé, inséré dans la revue de L’Assomption, l’autre, publié dans le bulletin des Missions des Augustins de l’Assomption, signé P.S. qui pourrait être le P. Sophrone Rabois-Bousquet de Constantinople ou le P. Simplicien Moreel, alors supérieur de Zongouldak. « Ce soir nous voyons arriver à Kadi-Keuï le Frère Gildas, de l’Instruction Chrétienne, auxiliaire à notre mission de Zongouldak. Il nous apportait la nouvelle d’une effroyable catastrophe. Hier, vers une heure de l’après-midi, après deux jours de pluie diluvienne, le torrent qui traverse le village de Zongouldak a débordé subitement, les eaux s’étant élevées à 4 mètres de hauteur et s’étendant sur une largeur de 60 mètres. La maison des missionnaires est bâtie à 10 mètres du ruisseau. L’eau a envahi le rez-de-chaussée avec violence, emportant fenêtres, portes, meubles et provisions, les religieux ont pu se réfugier au premier étage. La chapelle est complètement dévastée. L’école, séparée de la maison d’habitation, a été rasée jusqu’au soi. Heureusement, on avait renvoyé les enfants dans leurs familles quelque temps auparavant. Page : 37/37 Le Frère Humbert Terraz, convers, au moment où l’eau pénétrait dans l’habitation a voulu sauver, comme il l’avait fait il y a trois ans dans une circonstance analogue, le cheval qui sert aux missionnaires pour se rendre dans les divers villages de leur circonscription. Ayant de l’eau jusqu’à la poitrine, le Frère, accompagné du cuisinier, est allé couper la corde qui tenait l’animal attaché, et celui-ci s’est enfui à la nage. Mais, juste à cet instant, le torrent se changeait en trombe furieuse. Le cuisinier et le Frère Humbert ont été entraînés. Le premier a pu s’accrocher aux débris d’une cabane renversée par les eaux, mais le pauvre Frère n’a pas eu la même chance. Il a lutté énergiquement, essayant de nager. M. le Consul de France, accouru sur les lieux en apprenant le danger que couraient les Pères, lui a tendu sa canne pour appui: le Frère n’était alors qu’à 2 mètres du bord. Mais il n’a pu saisir la canne et a disparu, étourdi sans doute par quelque poutre qui l’aura frappé au passage. Son corps, couvert de meurtrissures, a été trouvé quelques heures plus tard, à 500 mètres de là. On signale d’autres victimes, entre autres une famille grecque, noyée tout entière. La plupart des maisons placées sur le bord du torrent, ainsi que l’église orthodoxe, ont été détruites. La Compagnie des Mines d’Héraclée estime ses pertes à un demi-million. La maison, école et hôpital, des Sœurs de Saint-Joseph, placée sur une hauteur, n’a pas souffert. Nous recommandons vivement aux prières de nos lecteurs l’âme du jeune religieux victime de son dévouement et ses Frères affligés; nous sollicitons tout particulièrement leur charité, sûrs queue voudra rapidement venir au secours des pauvres sinistrés ». P. S., dans Missions des Augustins de l’Assomption. (1) D’après le Registre du Personnel, tome 1, Convers n° 33. (2) C’est la date retenue le Nécrologe pour le décès du Frère Humbert, elle ne concorde pas avec celle de la lettre rapportant la catastrophe, publiée dans les Missions, datée du 6 juin 1906. D’après la déposition du Frère Gildas, l’inondation meurtrière, survenue hier, se serait donc produite le 5 juin, date qui serait ainsi le jour réel du décès du Frère Humbert. Une correspondance du P. Simplicien Moreel adressée de Zongouldak, le 28 juin 1906, au P. Emmanuel Bailly revient sur les événements, mais ne donne pas d’autres précisions chronologiques. Le P. Simplicien signale au passage que le registre des Ephémérides de la communauté a été emporté. Page : 38/38
Bibliographies
Bibliographie et documentation: L’Assomption, Echos du noviciat exilé, 1906, n° 115, p. 112 (annonce du décès du Frère Humbert Terraz) et n° 116, P. 123 (correspondance anonyme, Constantinople, juin 1906). Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Missions des Augustins de l’Assomption, juillet 1906, n° 123, p. 97.