Religieux grec de la Province de France. Dans le maelstrôm oriental. Joseph Antoine Nicolas Prelorenzo (1) est un levantin dont les parents, originaires de l’île de Tinos (Cyclades), sont venus habiter le quartier de Péra à Constantinople. Il est né le 25 janvier 1890 à Constantinople, ville de son baptême également en mars. Il commence ses études primaires à l’école Saint-Pierre de Galata, tenue par les Frères des Ecoles Chrétiennes. A 12 ans, il entre au petit séminaire de Koum-Kapou, tenu par les Assomptionnistes dans le quartier turc de la capitale, sur la rive européenne (1900-1906). De là il passe à Kadi-Keuï (1907) et Phanaraki (1908) pour ses humanités, deux résidences assomptionnistes de la rive asiatique. Le 28 août 1908, à Louvain en Belgique, il prend l’habit religieux sous le nom de Frère Ignatios. Profès annuel le 29 août 1909 à Gempe, il prononce ses vœux perpétuels le 28 août 1910 également à Gempe, entre les mains du P. Antoine de Padoue Vidal. Il se rend à nouveau à Louvain pour les études de philosophie (1910-1913). Faute de professeurs, on convoque le Frère Ignatios pour qu’il enseigne le français à Ismidt de Nicomédie (1913). L’année suivante, en septembre 1914, il va à Brousse (Turquie d’Asie). Au mois d’octobre, il est expulsé par les Turcs. C’est alors qu’il rentre en Grèce, à Athènes, d’ôm; grâce à Mgr Louis Petit, archevêque, il réussit à partir pour Rome en vue d’y faire ses études de théologie à l’Angelicum tenu par les Dominicains. Il y termine ses études en 1918. Il est ordonné prêtre le 10 août 1917. Après son ordination, il continue à enseigner le grec et le latin, cette fois à Vinovo dans le Piémont (Italie). De 1920 à 1928, il offre ses services comme économe à Koum-Kapou. L’enseignement occupe ses 20 années suivantes. Il est envoyé en Bulgarie au collège de Philippopoli-Plovdiv. A.A Là aussi, il enseigne le grec et le latin jusqu’en 1948. Il semble que ces années en Bulgarie marquent profondément sa vie religieuse et sa vie d’enseignant. Il aime souvent parler de ce grand collège de l’Assomption en Bulgarie où la communauté et le travail sont florissants jusqu’à l’arrivée des communistes au pouvoir. Le P. Ignatios a l’habitude de décrire le paysage et la propriété où se retire la communauté pendant le temps des vacances, dans la chaîne du Rhodope qui sépare la Bulgarie de la Grèce, au Sud-Ouest. C’est une belle localité, le ‘Boykovo’, avec ses étendues forestières, ses rivières et un climat très sain mais froid. Quand plus tard à Athènes, on le trouve un peu pensif, il suffit que l’on prononce le nom de Boykovo pour que sa figure s’illumine d’un coup. Il lève la tête et on peut voir un grand sourire transformer son visage. C’est ce sourire plein de bonté et de paix qui l’accompagne jusqu’à la fin de sa longue vie. Cette expression est si caractéristique que certains laïcs qui peuvent ne pas connaître son nom, le décrivent ainsi: « Le vieux Père qui sourit toujours ». Il est donc certain que son cœur est resté, si l’on peut dire, à Boykovo, mais les Bulgares ne l’ont pas assez compris. En 1948, ils l’expulsent à leur tour. Sans perdre courage, le Père Ignatios revient à Kadi-Keuï où il s’occupe de la paroisse jusqu’en 1951. À cette date il rentre définitivement en Grèce, dans la communauté d’Athènes. Deux ans plus tard, il devient aumônier des Sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition au Pirée où elles dirigent alors un collège de filles. En même temps il aide comme vicaire à la paroisse Saint-Paul du Pirée, alors tenue par l’Assomption. Il devient lui-même curé en 1955 et collabore avec les PP. Macaire Voutsinos (2), Basile Roussos, Théoctiste Sommaripa et Nicéphore Dounavis. En 1962, il revient dans la communauté d’Athènes où il demeure jusqu’à sa mort. Après une maladie et un court séjour de trois semaines à l’hôpital, il décède le 21 juillet 1983, âgé de 93 ans et 5 mois. il reste dans la mémoire de ses confrères un religieux de bonté et de paix, simple et disponbile (3). (1) Le nom d’origine italienne, Prelorenzo, a été parfois grécisé en Prelorenzos. (2) On trouvera la biographie de ce religieux à Vuccino (1883-1953). (3) D’après le témoignage fraternel du P. Jean Gad.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (II) 1981-1983, p. 92-93. Assomption-France, Nécrologie année 1983 no 1, p. 14-15. Lettre du F. Ignatios Prelorenzo au P. Merklen, Ismidt, 2 septembre 1913. Dans les ACR, du P. Ignàtios Prelorenzo, rapports sur Le Pirée (1955-1962), correspondances (1913-1953). Notices Biographiques