Irénée (Joseph-Justin) COLLIN –

Souvenirs du P. Merklen sur le
P. Irénée.
«Le P.Marcellin Guyot est l’un des grands originaux qu’ait possédés la
Congrégation. Il était venu du diocèse de Verdun déjà prêtre avec un
confrère, le P. Irénée Collin. Ce dernier avait un grand talent de
prédicateur et un zèle débordant. Malheureusement il perdit la tête et dut
être enfermé près de Lille où il mourut en 1911. En 1898, je revins dans le
même compartiment que lui de Lourdes. Le P. Picard lui avait
interdit de confesser à lourdes. Or, il s’était enfermé dans le
confessionnal si le mot est exact jour et nuit sans discontinuer pendant
trois jours. I1 faut dire qu’il était
très connu à travers toute la France et particulièrement apprécié. Le P.
Jean- Emmanuel Drochon, chef de train, auquel je servais de second, fut
terrifié en voyant le P. Irénée monter dans le
train dans notre compartiment. Au début du voyage, il ne tarissait pas de
paroles. I1 sortait de ses poches des boucles d’oreiilles et des bagues,
entonnait dans les gares le Magnificat. En
arrivant à Paris, il se barricada dans sa chambre sans manger, chantant et
criant que l’on était jaloux de ses succès de prédication ».

1848-1911 Religieux français. Curriculum vite. Joseph-Justin Collin est né le premier février 1848 à Goussaincourt (Meuse), au diocèse de Verdun. Il fait ses études secondaires à Senaide (Vosges) et son grand séminaire à Verdun. Il est ordonné prêtre le 22 mai 1864, à 24 ans, le jour de la fête de la Sainte Trinité. On ne sait pas quelles ont été ses différentes activités dans le diocèse de Verdun de 1864 à 1884, sinon que réellement doué pour la prédication, il est déjà fortement connu en France. C’est alors qu’il se décide pour la vie religieuse à l’Assomption, à la suite de l’abbé Marcellin Guyot. L’abbé Joseph- Justin entre au noviciat d’Osma en Espagne où il prend l’habit le 21 novembre 1884 sous le nom de Père Irénée. Il a 40 ans achevés. Il y fait sa première profession l’année suivante et est envoyé comme enseignant dans différents alumnats: Mauville (1883-1886), Arras- orphelinat (1886-1893) dans le Pas-de-Calais. Le P. Irénée prononce ses vœux perpétuels le 16 décembre 1888 à Livry. Du Pas-de-Calais, il passe à l’Yonne, à la maison de vocations tardives de Villecomtesse (1893-1894), puis au Breuil (Deux-Sèvres) de 1894 à 1896. Sans doute continue-t-il des tournées de prédication: les Souvenirs en gardent trace au cours des années de 1891 à 1894. Des signes de démence se manifestent alors et il est nécessaire de le déplacer dans une maison où il peut être soigné (Taintegnies de 1896-1897, Paris de 1897 à 1900). Il est alors placé dans un hôpital psychiatrique, près de Lille, à Lommelet (1900-1911) où il meurt le 23 décembre 1911. Derniers détails. Un frère Suzange, Directeur de l’établissement de Lommelet, écrivit au P. Emmanuel Bailly en date du 24 décembre 1911: « Il y a une quinzaine de jours, le Père Collin nous paraissant assez déprimé mentalement et surtout physiquement, notre médecin [maison de santé de Lommelet] le fit placer à l’infirmerie pour y recevoir les soins que nécessitait son état qui, au lieu de remonter, s’est de jour en jour aggravé. Ce que voyant, j’ai de suite prévenu le Père Augustin [Nègre] qui venait le voir de temps en temps et qui nous avait prié, en cas d’aggravation, de l’avertir immédiatement. Ce bon Père est venu le visiter mardi dernier. Aujourd’hui je l’ai de nouveau informé que notre malade était décédé hier soir, 23, et à 7 heures du soir. Au reçu de ma dépêche, il est venu s’entendre avec nous pour les formalités et voici ce qui a été arrêté: le Père Collin sera inhumé mardi prochain 26 [décembre] à trois heures après midi. Dans le cas où cela ne pourrait pas se faire ce jour-là, ce serait pour mercredi à la même heure; un télégramme vous sera adressé aussitôt que je serai fixé. Veuillez agréer mon R. Père, l’assurance de mes sentiments religieux ». Le Directeur fr. D. Suzange. A cette nouvelle fait écho le P. Augustin Nègre: « Depuis le mois de juillet [1911], le cher Père Irénée était tombé en pleine déliquescence. jusque-là, il avait dit son office et assisté régulièrement à la sainte messe. A cette époque, les pensées s’effondrèrent. La fin approchait rapidement. Ses pauvres idées hallucinaient, le désarroi était devenu à peu près absolu. Les Frères de Saint-Jean de Dieu me dirent que c’était la fin. Et dans mes visites que je multipliais je ne pus rien obtenir. Vers le 20 décembre, je le vis pour la dernière ‘fois, il me prit les mains, les serra fortement et cette étreinte semblait vouloir dire quelque chose. Je ne savais quoi conclure. Ses paroles étaient incohérentes. Les Frères me dirent qu’il ne reconnaissait personne en dehors de moi. Il reçut les derniers sacrements le 23 décembre et, à la surprise de ceux qui le veillaient, il s’éteignit paisiblement. Les Frères l’ensevelirent dans son costume religieux, lui passèrent au cou la croix de profession et le traitèrent comme l’un des leurs ». Le 26’décembre, les PP. Rançon, Félix Ranc et Augustin Nègre participèrent à la cérémonie d’inhumation, sur place à Lille.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1912, n° 141, p. 576. Lettre du Fr. Suzange, du 24 décembre 1911. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Carnets du P.Merklen (ACR: J 503, p.7-8).