Isaie (Georges-Augustin) FAVIER – 1887-1945

A Nîmes, 1940-1941.
Le 16 mai 1940 sont célébrées les noces d’argent sacerdotales de trois
professeurs de Nîmes: le P. Isaïe Favier qui
représente le royaume de l’enseignement, le P. Gilbert Delesalle qui
incarne la discipline et le P. Delmas qui régente la vie matérielle de la
maison. La mobilisation de
1939 a perturbé la vie scolaire: l’internat a été supprimé en raison de la
réquisition des dortoirs comme hôpital complémentaire pour l’armée. La fin
des classes pour l’externat est arrêtée au 14 juin
1940. Les internes peuvent reprendre leur place au collège le 14octobre
1940. De violentes tempêtes de neige perturbent la vie des Nîmois
en janvier 1941. Le 13 février
1941, le Maréchal Pétain, en déplacement pour Montpellier, fait un arrêt en
gare de Nîmes où il est vivement acclamé. Le
3 mars, est inaugurée au collège la cérémonie du ‘salut au drapeau’ par le
P. Jude Verstaen. Le 8 mai, on fête avec éclat dans la cour, en présence du
maire de Nîmes, M. Velay, la Sainte Jeanne d’Arc. L’Assomption se réjouit
de la promotion de l’amiral Paul Auphan, ancien élève,
nommé chef d’Etat-major de la Marine, sous les ordres de Darlan. Le 25
avril 1941
meurt une ancienne figure, le chanoine Triaire-Brun.

Isaie (Georges-Augustin) FAVIER

1887-1945

Religieux de la Province de Paris.

Premiers pas.

Georges Favier est né le 20 juin 1887 à Paris, dans le 3ème arrondissement (Seine). Il perd sa mère très tôt, en 1893. Après l’école communale il est envoyé à l’alumnat d’Arras (Pas-de-Calais) de 1900 à 1901, puis à Bure en Belgique, de 1901 à 1903, enfin à Taintegnies, de 1903 à 1905. Il entre au noviciat à Louvain, le 16 septembre 1905, sous le nom de Frère Isaïe, et il est admis à la première profession, le 13 septembre 1906, malgré les réserves de son maître des novices, le P. Benjamin Laurès, qui le trouve « mélancolique et nonchalant, trop susceptible et porté à la critique, mais très dévoué pour les travaux manuels qu’il préfère au reste ». Une période de coupure, à Zepperen comme professeur de 1907 à 1909, aide ce jeune religieux à surmonter ses ennuis de famille: quand il est accepté aux vœux perpétuels le 21 septembre 1908, il est en plus orphelin de père. Ses études de philosophie et de théologie se font à Louvain (1909-1912) puis à Jérusalem (1912-1914). Il est ordonné prêtre le 1er mai 1915 à San Remo. Réformé sur le plan militaire, il passe toute la période de la grande guerre à San Remo en Italie, de 1916 à 1920. Après quelques années de ministère paroissial à Bordeaux (Gironde), de 1920 à 1923, le P. Isaïe trouve sa voie et sa place dans l’enseignement.

Enseignant et directeur au collège de Nîmes.

C’est en octobre 1923 que le P. Isaïe arrive à Nîmes, une ville qu’il ne quitte plus jusqu’à sa mort le 16 juillet 1945, un quart de siècle entièrement consacré au collège de l’Assomption. Sa passion est la philosophie où il n’est pas toujours facile à suivre, dispensant à des scolaires un enseignement estimé à un niveau de licence, très fouillé aussi bien sur le plan de l’analyse que sur celui de la synthèse.

Il rédige lui-même les parties du cours sur la logique et la psychologie retravaillant sans cesse ses notes alimentées par de fortes lectures. Ses élèves au baccalauréat peuvent parfois tenir tête aux examinateurs, exemple celui interrogé sur Spinoza qui se voit répondre: « je ne partage pas vos convictions, Monsieur mais vous les défendez fort bien ». Le Supérieur du collège, le P. Arthur Deprez, absorbé par les questions de construction du nouveau collège, route d’Arles, et par l’instruction du procès diocésain du P. d’Alzon, laisse bien volontiers la direction de l’ensemble au P. Isaïe, supérieur de la communauté de 1927 à 1932. Le P. Isaïe est heureux de donner du lustre à l’institution scolaire de l’Assomption à Nîmes, renouvelée à partir de 1930, qui étouffait dans les locaux resserrés du Boulevard de la République (1919-1929). Sévère, il est craint des jeunes et de leurs parents, intraitable sur la question de la sanction par le bulletin, aimant à dire qu’il devait être plus chef que père. Cependant il porte une attention toute médicale à la santé des élèves et développe une véritable pédagogie par le sport. Dans la dernière partie de sa vie, il peut accorder plus de temps aux questions religieuses. Mgr Girbeau, évêque de Nîmes, lui confie un cours de sociologie très étudié, au texte dense et profond. S’appuyant sur l’enseignement social de l’Église et sur les encycliques pontificales, le P. Isaïe peine pour la rédaction de ses notes, toujours en proie à des scrupules d’orthodoxie. Mgr Girbeau lui confie également l’édition d’un ‘petit catéchisme social’, en complément du catéchisme diocésain. Le P. Favier en laisse la rédaction à une autre main, mais en détermine lui-même le plan des chapitres et l’énoncé des questions. Malade à partir de 1940, il n’enseigne plus au collège mais réserve ses dernières énergies aux étudiants anglais réfugiés à Nîmes de 1940 à 1942. Il rêve encore d’écrire un ouvrage de théologie spirituelle sur la charité, mais son tourment vis-à-vis de l’écriture l’en dissuade. Peu communicatif en communauté, jugé parfois hautain ou songeur, le P. Isaïe ne manque ni de fantaisie ni de délicatesse ni de cordialité dans ses relations extérieures. il meurt à 58 ans, le 16 juillet 1945, soigné de façon admirable depuis 1943 par les Petites Sœurs des Pauvres. Les obsèques ont lieu dans leur chapelle, suivies de l’inhumation au cimetière Saint-Baudite, dans la tombe de l’Assomption.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille, 1945, n’, 8 p. 36, et n° 9, p. 43. Maison de l’Assomption, Nîmes, n° 1 1948 p. 11-12 et n° 2, 1948, p.12-14. Maison de l’Assomption 1941, n° 1 p. 16-17 (un triple jubilé sacerdotal: PP. Delesalle, Favier et Delmas), numéro d’où sont extraites les éphémérides du Collège 1940-1941. Dans les ACR, 7 correspondances du P. Isaïe Favier. Notices Biographiques