Ismaël (Paul) THOMARAT – 1865-1901

Paris, rue François Ier, 1900.
« Depuis votre départ, la maison est bien triste et bien vide et notre
solitude forcée nous fait
espérer un jour où tous seront de retour. Votre présence nous manque et
notre communauté sans vous est comme des
enfants privés de leur père. Monsieur Jules [Chicard] est à Niort. On
raconte sur son compte bon nombre de bonnes et belles histoires. Vous en
connaissez certainement déjà. En tout cas il a le talent pour égayer ses
compagnons et rompre avec la mélancolie qui sans lui aurait de quoi faire.
M. François [Picard] est en route pour la Belgique. M. [Maximin] Vion
conduit admirablement sa barque et, quoique peu nombreux, aucun service ne
souffre pour le moment, pas même les messes du quart (?) tant le dimanche
que la semaine. Chacun a pris un jour de garde. Tout va aussi bien que
possible, malgré les circonstances douloureuses que nous traversons. M.
Lamouceux vient de me remettre la lettre ci-jointe et me demande de vous la
recommander. Vous lui feriez grand plaisir en lui obtenant la faveur qu’il
sollicite de votre bonté. Il mérite bien que les Pères s’intéressent à lui,
car il nous est très dévoué et très attaché ». P. Ismaël.

Religieux français. Parcours reconstitué. Paul Thomarat est né le 11 mars 1865 à Menat, près de Saint-Eloy, dans le Puy-de-Dôme. Il a fait ses études secondaires dans un petit séminaire du diocèse de Moulins (Allier) et ses études ecclésiastiques au grand séminaire de Meaux (Seine-et-Marne) où il est ordonné prêtre, le 29 juin 1891. Prêtre séculier desservant dans le diocèse de Meaux, il fait la connaissance du noviciat de Livry (Seine-Saint-Denis), alors dans le diocèse de Versailles. Il y prend l’habit religieux, le 19 novembre 1896, sous le nom de Père Ismaël. Chantre, organiste, sacristain, il y devient pour ainsi dire l’âme de la chapelle. Profès annuel en 1897, il prononce ses vœux perpétuels le 13 novembre 1898 à la chapelle de la rue François ler. Il fait partie de la communauté parisienne et dessert la chapelle Notre-Dame de Salut. Il est gardien des lieux après la dispersion de la communauté, suite aux poursuites judiciaires engagées contre la Congrégation. Désigné en mars 1901 pour prêcher une retraite aux alumnistes de Taintegnies en Belgique, il doit s’aliter à l’hôpital en arrivant à Lille. Il meurt, à Taintegnies où il a été transféré, d’une pneumonie peu de jours après, le 18 mars 1901, à l’âge de 36 ans. Il est inhumé au cimetière de Taintegnies (1). Lettre de Marie de Rinder. « Ce matin, une lettre du Père François-Xavier Legrand des Augustins de l’Assomption à Louvain vient de nous apprendre la bien triste nouvelle de la mort du bon Père Ismaël. Comment vous dire combien ce pénible message nous afflige et nous a douloureusement étonnés. Il y a quelque temps, j’avais écrit au nom de toute la famille au Père Ismaël pour lui demander des nouvelles de sa santé. Page : 57/57 J’étais surprise de son long retard à me répondre quand je me suis dit que peut-être le Carême ne lui permettait pas de vaquer à la correspondance. Aujourd’hui je dois me demander si cette lettre lui est jamais parvenue. Car la missive du Père François-Xavier ne nous dit rien de l’époque à laquelle le Père Ismaël est venu en Belgique et c’est là qu’il a contracté le mal qui l’a emporté. Si j’osais, mon Père, je vous prierais de nous donner quelques détails sur la maladie et la mort du cher Père que nous aimions tant. Cette perte a dû vous être bien sensible. Je n’en doute pas, aussi vous voudrez bien me permettre de vous dire toute la part que nous prenons au coup qui vous frappe. Je sais pour l’avoir vu à l’œuvre le grand dévouement du Père aux pèlerins de Jérusalem et quel vide il laissera au prochain pèlerinage. Le Père Ismaël avait demandé à mon père l’autorisation de suivre le pèlerinage d’avril. Madame Terjerigen (?) m’aurait chaperonnée, disait-il. jusqu’ici aucune décision n’était encore prise, mais qui eût pu se douter que le Père Ismaël lui-même n’en ferait plus partie. Je vais écrire à Robert pour lui annoncer l’affreuse nouvelle. Qu’il sera affligé, ce cher novice, qui, je le suppose, n’en saura pas plus que moi. Je ne le savais pas hier ce qui est arrivé à son cher ami. Croyez bien que dans nos prières le bon Père Ismaël ne sera pas oublié ». Nous possédons aussi sur le Père Ismaël ces quelques notes du P. Merklen, écrites durant les années de la seconde guerre mondiale. « 18 mars 1901, P. Ismaël Thomarat, né en 1865. Père novice, vivant, entreprenant. Je le connus très bien à Livry. J’étais sacristain. De bonne famille, il avait encore sa mère. Il était très ardent. L’année suivante, à la chapelle de la rue François Ier à Paris, il fit merveille, recevant à la fois les 17eurs des bienfaiteurs et les compliments des fidèles. C’était aussi un grand farceur. Un jour, au noviciat de Livry, il s’habilla en Oblate, Ma trouver le vieux concierge Claudet et lui demanda de voir le supérieur. Le P. Ernest Baudouy descendit au parloir. Comme la nuit approchait, il ne reconnut pas le Père Ismaël, du moins au début. En tout cas il fit semblant de ne pas le reconnaître, même quand il l’eut reconnu… Le Père Ismaël devait mourir entre les bras du P. Eustache Pruvost qui venait d’être nommé supérieur de l’alumnat de Taintegnies ». (1) Récit dans Ephémérides de l’alumnat de Taintegnies, 18 mars (décès) 20 mars- (inhumation). Page : 58/58

Bibliographies

Bibliographie et documentation-. Lettre à la Dispersion, 1910, n° 69, p. 275. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre de Marie de Rinder au P. Vincent de Paul Bailly sur la mort du Père Ismaël Thomarat, Anvers, 26 mars 1901. Notes du P. Merklen sur le Père Thomarat (ACR). Du P. Ismaël Thomarat, dans les ACR, lettre au P. Vincent de Paul Bailly, Paris, 7 juillet 1900.