Religieux de la Province de Lyon. Une quête torturante de l’Absolu. Joseph Vachier est né le 19 mai 1901 à Buissard, petit village du Champsaur (Hautes-Alpes). Après le temps de l’école primaire à Saint-Julien, Joseph entre à l’alumnat de Vinovo en Italie (1914-1919) où il est gravement malade de la fièvre typhoïde en 1915. Le 24 septembre 1919, il est reçu par le P. Léonide Guyo au noviciat de Notre-Dame de Lumières (Vaucluse) où il prend l’habit sous le nom de Frère janvier. Le temps de noviciat se poursuit à l’abbaye de Saint-Gérard en Belgique: c’est là que le Frère janvier prononce ses premiers voeux, le 24 septembre 1920. De Saint-Gérard, il passe à Taintegnies pour les études de philosophie (1921- 1923), accomplit ses obligations militaires (novembre 1923 novembre 1924) et entreprend ses études de théologie au scolasticat de Louvain (1923- 1928). Il est reçu à la profession perpétuelle le 8 décembre 1925 et il est ordonné prêtre le 29 juillet 1928. Bien qu’ayant de longtemps marqué ses préférences pour une vie de type monastique, le P. janvier est employé comme enseignant dans différents alumnats de grammaire, Saint-Sigismond en Savoie, Scy-Chazelles (Moselle) à partir de 1929, Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) en 1934, Chanac (Lozère) en 1935, Montéchor (Pas-de- Calais) en 1937. Ayant donné prise à quelques sanctions pour des attouchements à l’égard de mineurs, il est à sa demande ‘protégé du monde’ et obtient l’autorisation de faire un essai de vie chez les moines Camaldules à Camaldoli (Italie), sur les traces du fondateur de l’Ordre, saint Romuald. Mais la guerre éclate en 1939 et l’armée le rappelle en France. L’impossibilité de retourner à Camaldoli après la Libération ramène le jeune moine à sa vie d’épreuve, d’insatisfaction et de désirs refoulés mais impérieux. Page :137/137 A l’Assomption, lui est alors confié un ministère de type paroissial et caritatif à Miribel-les- Echelles (Isère) d’abord, puis, après une nouvelle plainte à cause de son comportement, à Lorgues (Var), au service des malades et des religieux ages. Une tentative de retour chez les Camaldules qui essaient vainement de ranimer une communauté à Roquebrune-sur-Argens (Var), se solde par un échec. Les supérieurs du P. janvier qui se montrent soucieux de lui éviter tout contact avec la jeunesse et qui comprennent l’impatience de l’intéressé lui-même à se protéger à l’ombre d’un cloître, lui accordent la possibilité de réaliser son rêve de vie monastique à l’abbaye trappiste de Notre-Dame d’Aiguebelle (Drôme). Sous le nom d’Augustin, admis comme oblat, le P. janvier peut y étancher sa soif de contemplation et y construire une nouvelle étape de vie plus apaisée. C’est là qu’au fil de 22 ans (1953-1975), il s’adonne à tous les services qui lui sont demandés (cordonnerie, jardinage), n’étant pas épargné lui-même par les épreuves et handicaps physiques de la vie: prostate, décollement de rétine. Il y exerce les travaux les plus humbles, aimant contempler Dieu dans ses oeuvres de la création, les fleurs, les oiseaux et les plantes qui se plaisent sous le soleil de cette région qui s’apparente déjà à la Provence. Sa situation canonique est réglée au moyen d’indults régulièrement renouvelés, grâce à l’obligeance paternelle du P. Abbé, le P. Jean de la Croix. Le P. janvier ou Augustin garde avec l’Assomption des liens d’amitié et de prière, notamment avec les PP. Théophane et Auguste Disdier, originaires comme lui du Champsaur. Son âme libérée et apaisée parcourt à pas de géant, selon le témoignage des moines, toutes les étapes d’une vie purifiée. Devenu progressivement aveugle (1973), il vit dans ses derniers jours une situation de totale dépendance entre les mains de ses bons samaritains. Il meurt le jeudi 20 mai 1976, à l’âge de 75 ans accomplis. Le P. janvier est inhumé le 22 mai, parmi les Trappistes entrés dans leur éternité, dans le cimetière de l’abbaye d’Aiguebelle qui manifeste ainsi sa totale hospitalité à l’égard d’un religieux de l’Assomption qui avait fini par devenir un humble moine bernardin, mais toujours augustinien par son nom, ses origines et ses attaches. Page :138/138
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 28. Lyon-Assomption, mai 1976, n° 50, p. 11-13. Lettre du P. Janvier Vachier à un Père de la Curie, Aiguebelle, 20 décembre 1953. Du P. Janvier Vachier, dans les ACR, correspondances (1923-1964).