Jean-Augustin (Auguste) GABEL – 1910-1997

La mort d’un frère.
« Mieux en forme, je puis enfin répondre à votre lettre si fraternelle.
Vous voudrez bien excuser mon retard. Je vous remercie de tout cœur pour
vos bonnes paroles, ainsi que des textes des différents télégrammes. J’ai
aussi reçu
1’Osservatore Romano que vous avez eu la bonté de m’envoyer. Pour ma part
je n’arrive pas encore bien à réaliser que ce départ est définitif. Il faut
que je m’accroche à la foi pour comprendre et accepter que cette épreuve
est un bien. Si tous les témoignages ont été un réconfort, il n’en reste
pas moins un manque. Si j’en tire un bien pour ma vie sacerdotale et
religieuse, l’épreuve n’aura pas été inutile. Ma santé se remet lentement.
Pour l’instant, je passe trois semaines de repos au Mont Saint-Odile dans
les Vosges.
Je profite de ce mot pour vous offrir tous les vœux filiaux de sainte et
joyeuse fête de Pâques de toute la communauté de Strasbourg. Tous vous
remercient pour la lettre reçue ces jours-ci. Veuillez agréer avec ma
profonde reconnaissance l’expression de mon filial respect ».
M. Gabel, Strasbourg, 11 avril
1968 au P. Dufault.

Jean-Augustin (Auguste) GABEL

1910-1997

Religieux de la Province de France.

Jeunesse et formation: 1910-1940.

Auguste Gabel naît le 31 octobre 1910 à Drusenheim, dans le Bas-Rhin. Le 4 février 1920, il est réintégré de plein droit dans la qualité de Français, en exécution du paragraphe 1 de l’annexe V du Traité de Paris du 28 juin 1919 (1). L’école primaire se fait à Jœuf (Meurthe-et-Moselle) de 1914 à 1919 et à Maizières- lès-Metz (Moselle) de 1919 à 1920. Auguste commence ses études secondaires à l’alumnat de Scy- Chazelles (Moselle) où Emile, son aîné, l’a précédé (2). Il y reste de 1922 à 1924. Après quelques années d’interruption (1924-1928), Auguste reprend des études à la maison des vocations tardives de Saint- Denis, au nord de Paris (1928-1931). Il prend l’habit à Scy-Chazelles (Moselle) le 4 octobre, sous le nom de Frère Jean-Augustin, mais le noviciat se déroule à Nozeroy (Jura), à partir du 15 octobre sous la conduite du P. Gausbert Broha. Il y fait profession le 5 octobre 1932. Il accomplit deux années de philosophie à Scy-Chazelles (1932-1934) un an de service militaire à Reims (1934-1935) et quatre années de théologie à Lormoy, dans l’Essonne (1935- 1939). Il est ordonné prêtre par Mgr Neveu le 26 février 1939. Il a été reçu aux vœux perpétuels le 21 novembre 1935. Mobilisé le 26 août 1939, prisonnier au moment de la débâcle en mai 1940, il est libéré, presque aussitôt expulsé de Scy par l’occupant le 13 septembre. Il s’embarque pour Tunis où il arrive le 1er octobre 1940.

Animateur infatigable en. Tunisie: 1940-1964.

Pendant 2 ans, le P. Jean-Augustin est vicaire à Mégrine-Lescure dans la banlieue de Tunis. En 1942, le voici aumônier d’Action catholique, résidant à Tunis-Bellevue, puis à Tunis-Belvédère de 1951 à 1958. Il est supérieur du groupe de 1948 à 1953. Selon La Lettre à la Famille (3), « il préside non seulement aux exercices de la communauté, mais encore à de multiples récollections ou journées d’études en ville.

C’est là qu’il est aumônier général de l’Action catholique pour la jeunesse et il couve d’un soin particulier le mouvement jociste pour lequel il sillonne en tous sens le royaume du Bey. Il se déplace jusqu’à Alger, parfois même jusqu’en France. Son activité est très appréciée à l’archevêché, particulièrement de Mgr Perrin auxiliaire, auquel il a succédé comme aumônier général. Il anime des groupes de J.A.C, de J.E.C, de J.I.C et de J.O.C Aujourd’hui les ‘anciens’ du Père se sont répandus à travers la France et l’Italie ». De 1958 à 1964, le P. Jean-Augustin est curé de Mégrine-Côteaux. Ce sont des années de plus en plus difficiles, en raison de l’évolution politique du pays et de l’émigration des chrétiens. L’évacuation de Bizerte (4) en 1963 et la nationalisation des terres appartenant aux étrangers en mai 1964 provoquent un exode massif (5), celui des ‘expatriés’, qui vient grossir le flot des français d’Algérie, dits ‘pieds- noirs’. Le Père Jean-Augustin quitte la Tunisie avec regret le 25 août 1964.

Infirme, non vaincu, le P. Gabel en France (1964-1997).

Après un an à Valpré (1964-1965) où il se repose tout en rendant service, le P. Jean-Augustin qui reprend son prénom de baptême, Auguste, est nommé supérieur de la communauté de Strasbourg (1965-1968). Il doit la quitter, en raison d’une surdité précoce. Il revient à Valpré (Rhône), conseiller spirituel pour les étudiants. Plus tard économe de la communauté, fraternel, délicat, attentif à la qualité de l’accueil, il accompagne la transformation de Valpré en Centre d’Accueil. Il est soucieux d’aider ceux qui comme lui souffrent de ne pas entendre. Pendant 20 ans il exerce un fructueux ministère au Foyer Clairefontaine (Lyon-Vaise). Très regretté et un peu regrettant, il quitte Valpré en 1991 pour Lorgues où, pendant 6 ans, il témoigne d’un esprit fraternel et porte avec une foi de granit les infirmités qui l’isolent du monde. Il meurt le 12 décembre 1997. (1) Sous le n° 653 au registre de la mairie de Maizières-lès-Metz (Moselle) où sa famille est venue s’établir. (2) Sous le nom religieux de P. Gunfrid, Emile Gabel, né en 1908, rédacteur en chef de La Croix de 1949 à 1957, mort dans un accident d’avion, le 6 mars 1968: le Boeing 707 s’écrase au flanc de la Soufrière (Guadeloupe). (3) Lettre à la Famille, 1949, p. 73 et 1964, p. 574. (4) Bizerte est un port de guerre aménagé par la France en 1881, occupé par les Allemands en 1942, conquis par les Américains en 1943. La France consent à son évacuation en octobre 1963 après de violentes échauffourées en 1961. (5) La France reconnaît l’indépendance de la Tunisie le 20 mars 1956, mais la guerre d’Algérie provoque des tensions entre l’ancienne colonie et la métropole. Les terres sont nationalisées le 11 mai 1964. Le régime de Bourguiba, d’orientation socialiste (Néo-Destour) conduit une politique économique modérée, sur la base de la coexistence de trois secteurs, privé, étatisé et coopératif.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (VII) 1996-1997 p. 111-113. Assomption France, Nécrologie 1997, p. 413-415. Dans les ACR, correspondances du P. J.-A. Gabel (1934-1992) et rapports sur Tunis-Belvédère (1951-1952). Notices Biographiques